Cette mise en garde de Volker Türk intervient alors que le Conseil a validé l’envoi d’une Force de répression des gangs (FRG) de 5.500 soldats et policiers dans le pays. Conçue par les États-Unis et le Panama à la demande du gouvernement haïtien, cette force non onusienne vise à combler les lacunes de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya et minée par le manque chronique de financements et de personnel, dont le mandat expirait jeudi.

Créée pour une durée initiale d’un an, la FRG dispose d’un mandat élargi : mener des opérations ciblées contre les gangs, sécuriser les infrastructures vitales, épauler la police et l’armée haïtienne et préparer la tenue d’élections libres. Elle sera épaulée par un nouveau bureau de l’ONU dans le pays, le BANUH, chargé d’assurer le soutien logistique et opérationnel.

Si Volker Türk a salué la décision du Conseil, il a mis en garde contre une réponse strictement sécuritaire. « Les efforts pour rétablir la sécurité doivent être ancrés dans le respect des droits de l’homme et aller de pair avec la reconstruction de l’État de droit », a-t-il prévenu devant le Conseil des droits de l’homme réuni à Genève.

Omniprésence des gangs

Depuis janvier 2022, plus de 16.000 Haïtiens ont été tués et environ 7.000 blessés dans les violences liées aux gangs. L’ONU estime jusqu’à un demi-million le nombre d’armes circulent illégalement dans le pays, majoritairement entre les mains de ces groupes.

« Les gangs tuent et enlèvent, rançonnent à des barrages illégaux, détournent les camions de vivres, incendient et détruisent maisons, hôpitaux, écoles et bâtiments publics », a dénoncé M. Türk. De plus en plus d’enfants sont victimes de la traite et du recrutement forcé par les gangs : utilisés comme coursiers, guetteurs ou porteurs d’armes, certains sont même envoyés au combat contre des gangs rivaux, la police haïtienne ou des groupes dits d’autodéfense.

Au total, la moitié de la population haïtienne – soit six millions de personnes, dont une majorité d’enfants – dépend désormais de l’aide humanitaire.

Dérives des forces de sécurité

La crise actuelle trouve ses racines dans l’assassinat du dernier président élu, Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, qui a précipité ce pays des Caraïbes dans le chaos : vacance du pouvoir, luttes de clans et effondrement des institutions ont ouvert la voie à l’expansion des gangs, d’abord à Port-au-Prince, puis le long des grands axes routiers. Depuis 2024, Haïti est dirigé par un Conseil présidentiel de transition, avec à sa tête Laurent Saint-Cyr, chargé d’organiser des élections générales.

Mais l’État est lui-même mis en cause. « Les opérations de maintien de l’ordre représentent plus de la moitié des homicides recensés cette année », a relevé M. Türk. Le recours croissant des autorités à des drones explosifs contre les gangs a tué au moins 559 personnes, dont 11 enfants, depuis mars. « L’usage de la force par la police et les forces de sécurité doit respecter les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité », a-t-il insisté.

Appel à la communauté internationale

Au-delà de la FRG, le Haut-Commissaire a exhorté les États à appliquer pleinement l’embargo sur les armes dont fait l’objet Haïti et à soutenir les programmes de lutte contre l’impunité et la corruption. Il a insisté sur la nécessité d’accompagner toute réponse sécuritaire d’une reconstruction durable de l’État de droit.

Et de conclure : « Nous pouvons – et nous devons – inverser le cours des choses pour le peuple haïtien ».

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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