L’agence onusienne soutient notamment le fonctionnement des administrations ukrainiennes à travers le pays. Elle a par exemple contribué au déblaiement en toute sécurité de 800 000 tonnes de débris et de gravats, et mobilisé des investissements privés dans le secteur de l’énergie durable, créant ainsi 4 562 emplois verts en 2024.
Le PNUD joue aussi un rôle crucial dans la reconstruction du réseau de production et de transport d’énergie, qui a été gravement endommagé, ainsi que dans le déminage, comme l’explique Auke Lootsma, chef du PNUD en Ukraine, dans un entretien exclusif accordé au Centre régional d’information des Nations Unies pour l’Europe occidentale à Bruxelles.
Un homme inspecte une fenêtre brisée dans une explosion à proximité de sa maison à Kherson, dans le sud de l’Ukraine.
Quelles sont les principales priorités du PNUD en Ukraine ?
Nous sommes désormais dans la quatrième année de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, qui a démarré le 24 février 2022. Avec la récente escalade des attaques, les besoins de la population continuent d’augmenter.
Le secteur le plus critique est celui de l’énergie. L’an dernier, avant le début de l’hiver, une grave crise a éclaté, avec des coupures d’électricité qui ont touché tous les secteurs. Il est prioritaire de remettre en état le secteur énergétique afin de le rendre moins vulnérable aux attaques. L’objectif est de rendre le secteur plus écologique, dans la perspective de l’adhésion à l’Union européenne.
Le PNUD a passé un contrat pour la fourniture d’équipements de production d’électricité d’une puissance de 475 MW. Cela permettra d’assurer le service à plus de 10 millions de personnes.
Une autre priorité porte sur la lutte contre les mines et munitions non explosées. L’Ukraine est jonchée de mines, une menace majeure pour la sécurité humaine et un facteur limitant la production agricole, notamment celle du blé et de l’huile de tournesol, un secteur clé pour l’économie.
Le PNUD est un chef de file dans le domaine de l’action humanitaire contre les mines en Ukraine. Nous avons équipé 202 équipes de déminage au sein du Service national des urgences, et formé plus de 2 000 membres du personnel des organisations locales chargées de la lutte contre les mines.
À ce jour, plus de 35 000 kilomètres carrés de terres, y compris des zones agricoles, ont été rendus à un usage productif, dont près de 24 km carrés avec le soutien du PNUD. L’expérience montre qu’il faut des décennies à un pays présentant un tel niveau de contamination pour se remettre.
Le PNUD juge prioritaire de remettre en état le secteur énergétique en Ukraine afin de le rendre moins vulnérable aux attaques.
Quelles sont les autres activités principales du PNUD en Ukraine, et disposez-vous de tous les moyens nécessaires pour les mettre en œuvre dans le contexte actuel de restrictions budgétaires ?
L’une de nos principales priorités est de prendre en charge et de soutenir les anciens combattants qui sortent du conflit. Plus de 1 million d’Ukrainiens sont actuellement dans l’armée. L’Ukraine comptait 1,6 million d’anciens combattants en janvier 2025, un chiffre qui devrait passer à 5 ou 6 millions après la guerre. L’une de nos études révèle des défis importants : 71 % des anciens combattants souffrent de blessures physiques, un tiers présentent des symptômes de stress post-traumatique et 41 % des moins de 60 ans ont des difficultés à retrouver un emploi.
Dans une situation d’après-guerre, le soutien à la réintégration des anciens combattants sera une priorité essentielle pour le gouvernement. En 2024, le PNUD a donné la priorité aux approches communautaires de réintégration des anciens combattants, en développant des programmes dans six communautés et deux oblasts.
Les personnes déplacées à l’intérieur du pays constituent un autre axe prioritaire. Perdre son foyer et s’installer dans un endroit où l’on ne connaît personne est une expérience très traumatisante, qui nécessite un soutien social. Rappelons que quelque 6 millions d’Ukrainiens se trouvent à l’étranger. En 2024, on comptait 4,6 millions de personnes déplacées, pour un pays de 41 millions d’habitants avant la guerre. Le PNUD aide le gouvernement à fournir des soins médicaux, des services sociaux et une scolarisation aux enfants.
Enfin, l’économie. Nous devons veiller à ce que le pays continue de fonctionner. La transition vers une économie moderne et compétitive est toujours en cours.
En ce qui concerne les financements, l’Ukraine est un énorme bénéficiaire de l’aide humanitaire et de l’aide à la reconstruction, qui se chiffre non pas en millions, mais en milliards de dollars. Certains bureaux des agences des Nations unies en Ukraine sont aujourd’hui les plus grands au monde. Le PNUD compte 500 employés et canalise quelque 200 millions de dollars par an. Pouvons-nous faire plus ? Bien sûr que oui. L’Ukraine est un pays immense qui a d’énormes besoins. Mais si l’on compare avec les coupes budgétaires ailleurs dans le monde, nous sommes moins touchés.
Quelle est votre évaluation générale des dommages causés au pays par le conflit, et sont-ils un obstacle à la reconstruction ?
Des destructions à grande échelle ont eu lieu dans tout le pays, avec de nombreux dégâts causés aux biens civils dans les régions situées sur la ligne de front et dans les zones frontalières qui ont été occupées. Si vous possédiez une maison, vous avez pratiquement tout perdu, car il s’agit de votre principal actif économique. Les gens sont confrontés à la faillite, en plus du traumatisme causé par la perte. Le gouvernement tente d’offrir une compensation, mais le processus est complexe. Beaucoup de gens continuent d’éprouver des difficultés à subvenir à leurs besoins fondamentaux. Le taux de pauvreté est passé de 20,6 % en 2021 à 35,5 % en 2023.
La guerre a également donné lieu à des attaques très ciblées contre des infrastructures telles que des centrales électriques, des hôpitaux, des écoles, des immeubles, des gares ferroviaires, etc., ce qui a un impact considérable sur les civils. Selon les derniers chiffres dont nous disposons, 524 milliards de dollars seront nécessaires pour la reconstruction de l’Ukraine au cours de la prochaine décennie. Mais ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, car de nombreux autres coûts seront engagés.
Même si les attaques se poursuivent, nous pouvons déjà mettre en œuvre certaines stratégies intelligentes pour reconstruire. Au lieu de reconstruire une grande centrale électrique, vous pouvez en édifier plusieurs petites, de sorte que si l’une d’entre elles est détruite, cela n’entraîne pas l’effondrement de l’ensemble du réseau. Lorsque la guerre sera terminée, l’effort de reconstruction sera colossal. Le Président Zelensky a évoqué un « plan Marshall ». C’est le genre de mesure dont l’Ukraine aura besoin pour se remettre sur les rails.
Quels sont les principaux défis pour le travail du PNUD sur le terrain ?
Tout le monde voit les informations concernant les attaques, qui constituent bien sûr un obstacle à notre travail sur le terrain. Nous devons également veiller à la sécurité de notre personnel. Nous n’avons pas d’exemples concrets de membres de notre personnel ayant été spécifiquement pris pour cible. Mais plus on se rapproche de la ligne de front, plus on risque de se retrouver « au mauvais endroit au mauvais moment ». Dans ces zones, nous passons par exemple de véhicules normaux à des véhicules blindés.
Nous nous soucions de la santé mentale de notre personnel. Presque tout le monde en Ukraine a un parent dans l’armée. Nos collègues ont toujours à l’esprit que c’est peut-être la dernière fois qu’ils voient leurs proches. Le niveau d’anxiété et de stress est différent pour nos collègues ukrainiens.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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