C’est un fléau ancien que la science sait prévenir, diagnostiquer et soigner – mais que la pauvreté, l’indifférence et désormais la pénurie de financements laissent prospérer. La première cause de décès au monde due à un agent infectieux unique a emporté 1,23 million de vies en 2024, selon le nouveau rapport annuel de l’OMS sur la maladie publié mercredi.

« Nous sommes entrés dans une période de pénurie », avertit le directeur général de l’agence, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en ouverture du rapport. « L’OMS s’engage à collaborer avec les donateurs, les partenaires et les pays touchés afin d’atténuer l’impact des réductions de financement, de trouver des solutions novatrices et de mobiliser les engagements politiques et financiers nécessaires pour mettre fin à la tuberculose ».

Une épidémie qui recule trop lentement

Après les ravages causés par les interruptions de soins durant la pandémie, les courbes repartent dans la bonne direction : 10,7 millions de personnes ont contracté la maladie en 2024, un recul de 1 % par rapport à 2023. Selon le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, il s’agit de la première baisse de la maladie depuis 2020.

L’incidence mondiale reste à 131 cas pour 100 000 habitants, soit douze points de moins qu’en 2015, mais très loin de l’objectif de -50 % fixé pour 2025.

Les progrès sont d’autant plus fragiles qu’ils se concentrent dans quelques régions : l’Afrique a réduit de 28 % son taux d’incidence et de 46 % le nombre de décès, tandis que l’Europe affiche des baisses respectives de 39 % et 49 %. Ailleurs, les chiffres stagnent. Huit pays – Inde, Indonésie, Philippines, Chine, Pakistan, Nigeria, République démocratique du Congo et Bangladesh – concentrent à eux seuls deux tiers des cas mondiaux.

Les outils existent, pas les moyens

Les innovations sont là : dépistages rapides, traitements plus courts, intelligence artificielle pour le suivi des patients, et 18 vaccins en cours d’essais cliniques, dont six en phase III. Mais la réalité, elle, reste implacable. En 2024, 5,9 milliards de dollars seulement ont été consacrés à la prévention et au traitement, soit à peine un quart du financement requis pour espérer atteindre les objectifs fixés par l’ONU.

« Des progrès sont possibles, même face aux défis persistants », souligne Tereza Kasaeva, directrice du département de la tuberculose à l’OMS.

Ces défis sont avant tout financiers : la baisse attendue des financements internationaux à partir de 2025, notamment ceux du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et de l’USAID, l’agence américaine de coopération internationale, menace directement les programmes nationaux dans les pays les plus touchés. L’organisation insiste sur la nécessité de mobiliser des ressources domestiques pour compenser le retrait des grands donateurs.

La pauvreté, matrice de la maladie

La tuberculose prospère là où les filets sociaux s’effilochent. Selon l’OMS, la moitié des familles touchées doivent assumer des dépenses jugées « catastrophiques », dépassant 20 % de leurs revenus annuels. Dans la plupart des pays à forte incidence, moins de 50 % de la population bénéficie d’une protection sociale minimale.

Le rapport établit un lien direct entre la propagation du bacille et les inégalités structurelles : malnutrition, promiscuité, tabagisme, diabète, précarité énergétique. Autant de déterminants que ni les médicaments ni les campagnes de dépistage ne suffisent à corriger.

Un combat à poursuivre

Malgré tout, les traitements sauvent encore : 83 millions de vies ont été préservées depuis 2000. En 2024, 8,3 millions de personnes ont été diagnostiquées, dont plus de la moitié grâce à des tests rapides, et 88 % des patients atteints d’une forme sensible ont été guéris. Mais la résistance aux antibiotiques – plus de 390 000 cas de tuberculose résistante à la rifampicine recensés en 2024 – rappelle combien la bataille reste fragile.

Derrière les chiffres, l’OMS appelle à une mobilisation politique d’ampleur : intégrer la lutte antituberculeuse dans la couverture santé universelle, renforcer les systèmes sociaux et investir dans la recherche vaccinale.

« Atteindre l’objectif de mettre fin à l’épidémie mondiale de tuberculose […] exige une intensification des efforts. Après les coupes dans les financements internationaux de 2025, l’engagement politique et les ressources nationales dans les pays à forte charge de morbidité sont plus essentiels que jamais », conclut le rapport.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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