En deux semaines, près de 90 000 résidents ont fui les bombardements et les combats, sur des routes où la faim, la soif et l’absence de soins tuent presque autant que les armes. Dans la ville prise à l’armée nationale par les Forces de soutien rapide (FSR), après plus de 500 jours de siège, des dizaines de milliers de civils restent piégés. « Ils survivent dans des conditions proches de la famine », prévient Amy Pope, la directrice générale de l’OIM, alors que les hôpitaux, les marchés et les réseaux d’eau ont été détruits.

Des régions entières en feu

« La crise à El Fasher est le résultat direct de près de 18 mois de siège qui ont privé les familles de nourriture, d’eau et de soins médicaux », a déclaré Mme Pope, en visite au Soudan pour une durée de cinq jours.

Son agence rapporte des exactions alarmantes : détentions arbitraires, pillages, agressions physiques et violences sexistes. À Tawila, une ville à environ 50 kilomètre d’El Fasher qui accueillait déjà 650 000 déplacés avant l’escalade des derniers jours, les blessés ne cessent d’affluer.

La violence s’étend à d’autres régions du Soudan, en proie depuis avril 2023 à une guerre civile dévastatrice qui oppose l’armée aux paramilitaires des FSR. Entre le 26 octobre et le 9 novembre, environ 39 000 personnes ont fui les combats au Kordofan du Nord, dans le centre du pays. Nombre d’entre elles parcourent des dizaines de kilomètres à pied ou à dos d’âne, dorment à la belle étoile et passent des jours sans manger.

L’aide humanitaire au bord de la rupture

Malgré des besoins immenses, les opérations humanitaires s’effondrent. Les entrepôts sont presque vides, les convois d’aide bloqués par l’insécurité et les restrictions d’accès.

« Nos équipes interviennent, mais l’épuisement des stocks fait que nous ne pouvons venir en aide qu’à une fraction des personnes dans le besoin », a averti Mme Pope. « Sans accès sûr et sans financement urgent, les opérations humanitaires risquent de s’arrêter au moment même où les communautés ont le plus besoin d’aide ».

Un convoi de l’OIM parti le 20 octobre de Port-Soudan, où les forces gouvernementales ont établi leur camp, délaissant la capitale Khartoum, doit encore rejoindre Tawila, avec des abris et des articles essentiels pour 7 500 personnes déplacées.

Le corps des femmes devient « une scène de crime »

Alors que la faim et les combats ravagent le Darfour, les femmes et les filles font face à une double menace. L’ONU Femmes dénonce l’usage systématique du viol comme arme de guerre : « Le corps des femmes est devenu une scène de crime. Il n’existe plus aucun lieu sûr, aucun endroit où elles peuvent se rassembler ou accéder aux soins psychosociaux les plus élémentaires », a deploré depuis Nairobi Anna Mutavati, directrice régionale de l’agence onusienne pour l’Afrique orientale et australe.

Le simple fait d’être une femme est devenu, selon elle, « un facteur prédictif fort » de la faim, de la violence et de la mort. 

« Les femmes et les filles du Soudan ne sont pas des statistiques. Elles sont la mesure de notre humanité commune », a ajouté Mme Mutavati. « Chaque jour où le monde tarde à agir, une autre femme accouche sous les bombes, enterre son enfant victime de la faim ou disparaît sans que justice soit faite ».

Fouiller les poubelles pour survivre

Dans les zones assiégées, les femmes fouillent les poubelles pour nourrir leurs enfants, au péril d’enlèvements et de violences. Les agents de santé constatent une hausse aiguë de la malnutrition infantile, souvent liée à la faim des mères. « Les femmes sautent souvent des repas pour que leurs enfants puissent manger, et les adolescentes reçoivent la plus petite part », souligne Mme Mutavati.

Dans cette économie effondrée, la dignité a un prix exorbitant : « Aujourd’hui, dans le nord du Darfour, un seul paquet de serviettes hygiéniques coûte environ 27 dollars. Les familles qui reçoivent une aide en espèces obtiennent un peu moins de 150 dollars pour six personnes. Imaginez : un produit de première nécessité représente désormais un quart de l’aide accordée à toute une famille », conclut-elle.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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