« Le processus de paix a retrouvé un élan et a connu des progrès significatifs depuis l’accord de cessez-le-feu du 19 avril », a signalé mardi Mme Rugwabiza lors d’une réunion du Conseil de sécurité. Conclu à N’Djamena, au Tchad, entre le gouvernement centrafricain et les deux groupes armés les plus actifs au sein de la RCA – l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) et le groupe Retour, réclamation et réhabilitation (3R) –, cet accord a marqué une reprise du dialogue après des années de violences.

La RCA avait sombré dans le chaos en mars 2013, lorsque la Séléka, une coalition à majorité musulmane, s’était emparée du pouvoir à Bangui. Les exactions commises par cette alliance, officiellement dissoute la même année, avaient conduit à la formation des milices anti-Balaka, majoritairement chrétiennes, qui ont ensuite pris pour cible des civils musulmans accusés de collusion.

Malgré le déploiement des Casques bleus de la MINUSCA en 2014, l’entame d’un processus de paix et les élections de 2016 qui ont porté Faustin-Archange Touadéra à la présidence, l’instabilité demeure. Une grande partie du territoire est toujours sous le contrôle des groupes armés. En 2019, 14 d’entre eux ont signé un accord de paix avec le gouvernement, violé à de nombreuses reprises, notamment par l’UPC et le 3R. Dans ce contexte, la démobilisation des deux formations après l’accord signé en avril a marqué un tournant. « Avec ces dissolutions, 11 des 14 groupes armés signataires de l’accord politique de 2019 ont désormais officiellement déposé les armes », s’est félicitée Mme Rugwabiza.

Depuis juillet, plus de 700 combattants UPC, 3R et anti-Balaka ont été désarmés et démobilisés, grâce à l’appui logistique et technique de la MINUSCA. Ce progrès, limité mais tangible, redonne un souffle au processus de paix à l’approche du scrutin de décembre.

Des élections à haut risque

Les élections présidentielle, législatives, régionales et municipales prévues le 28 décembre constituent un test décisif pour la stabilité du pays. Le recensement électoral est désormais achevé : 2,3 millions d’électeurs, dont près de la moitié de femmes, sont inscrits sur les listes. Mais le budget du scrutin accuse encore un déficit d’environ 12 millions de dollars.

Mme Rugwabiza a exhorté les bailleurs de fonds à agir sans délai : « Je lance un appel aux partenaires pour mobiliser des ressources urgentes afin que les élections puissent se tenir dans les délais, de manière crédible et sûre ». 

Outre le manque de moyens, les difficultés logistiques et l’insécurité persistante dans plusieurs préfectures font planer le doute sur la tenue du vote.

Un soldat de la paix de la MINUSCA interagit avec la population locale à Bokolobo, en République centrafricaine (RCA).

La contagion du conflit soudanais

Le nord-est de la RCA, à la frontière du Soudan, est désormais exposé au débordement de la guerre civile soudanaise, qui dure depuis avril 2023. « Les incursions et attaques de villages ont provoqué des déplacements massifs de civils autour de la base temporaire de la MINUSCA à Am Dafok », a rapporté Mme Rugwabiza, qui s’est rendue sur place début octobre. Les interventions conjointes de la mission et des communautés locales ont permis le retour volontaire d’une partie des déplacés, mais la situation demeure volatile.

Plus au sud-est, dans le Haut-Mbomou, le groupe armé Azande Ani Kpi Gbe (AAKG) poursuit ses attaques contre les forces nationales, la MINUSCA et les civils. Les travailleurs humanitaires signalent des conditions d’accès extrêmement précaires, aggravées par les tensions intercommunautaires et l’absence d’infrastructures.

Des moyens en recul

Sur le plan financier, la MINUSCA fait face à des coupes budgétaires sévères, qui compliquent sa réponse à la persistance des attaques de groupes armés. « Nous avons été instruits de réduire les dépenses de 15 % pour l’exercice 2025-2026, notamment par la diminution immédiate du personnel et la limitation de certaines activités », a indiqué Mme Rugwabiza.

Ces restrictions fragilisent une mission déjà étirée au maximum. Pour sa cheffe, la MINUSCA reste pourtant « centrale dans la consolidation de la sécurité et de la paix en République centrafricaine », mais aussi un « rempart contre l’instabilité régionale ». 

Dans ce contexte, la mission concentre désormais ses efforts sur trois priorités : la protection des civils, le soutien au processus électoral et l’appui au désarmement et à la réintégration des ex-combattants.

Un équilibre toujours précaire

La MINUSCA continue également de soutenir le redéploiement progressif des autorités civiles et des forces de sécurité dans les zones reculées, un processus lent et coûteux. Mme Rugwabiza a appelé la communauté internationale à maintenir le niveau actuel du mandat de la mission pour une année supplémentaire, rappelant que « le contexte sécuritaire et politique actuel doit éclairer les décisions sur le renouvellement du mandat ».

Son message est clair : le pays a fait des pas réels vers la paix, mais la route reste longue, et le terrain, instable. Sans soutien financier ni stratégie régionale pour contenir la guerre au Soudan, la relance du processus centrafricain risque de se briser sur la même ligne fragile qui, depuis dix ans, sépare la paix du retour à la violence.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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