La plupart sont morts « en raison du manque de soins médicaux, de cellules insalubres, d’une nourriture insuffisante et d’un accès limité à l’eau potable », selon le dernier rapport de l’ONU sur la situation dans ce pays des Caraïbes.

Haïti est confronté à une grave crise humanitaire, politique et sécuritaire, en grande partie due à la violence des gangs, aggravée par une pauvreté profondément enracinée et une série de catastrophes naturelles dévastatrices, dont la plus récente est l’ouragan Melissa.

William O’Neill (au centre, à l’arrière-plan) visite un centre de détention en Haïti.

Le système judiciaire du pays a du mal à fonctionner efficacement au milieu de ces crises. Les affaires n’étant pas jugées assez rapidement, 82 % des prisonniers sont détenus en attente de leur procès.

Voici ce qu’il faut savoir sur les prisons en Haïti et sur la manière dont l’ONU contribue à améliorer la situation des détenus.

Des prisons sous pression

À la fin du mois de septembre 2025, plus de 7 200 hommes, femmes, garçons et filles étaient détenus dans les prisons haïtiennes. Les criminels condamnés sont souvent incarcérés aux côtés de détenus en attente de procès, et les enfants sont fréquemment détenus avec des adultes, en violation des normes internationales, notamment les Règles Nelson Mandela, la référence mondiale en matière de gestion pénitentiaire au XXIe siècle, nommée en l’honneur de l’ancien président sud-africain, lui-même prisonnier politique pendant 27 ans.

L’occupation par les gangs de zones urbaines abritant plusieurs prisons, ainsi que les évasions spectaculaires parfois orchestrées par ces mêmes gangs, entravent davantage le fonctionnement du système carcéral et aggravent la surpopulation.

Certaines prisons accueillent au moins trois fois plus de personnes que leur capacité d’origine.

Des conditions inhumaines

Les conditions dans les prisons haïtiennes ont été qualifiées par l’ONU d’inhumaines et dégradantes, mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

William O’Neill, Expert désigné des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti, a visité de nombreux sites carcéraux : « Les conditions sont carrément subhumaines. Inimaginablement surpeuplées et étouffantes. Il n’y a pas assez de nourriture. L’accès aux soins médicaux est très limité. Les prisonniers sont gardés dans des cellules pendant de nombreuses heures par jour, avec très peu de temps à l’air libre, très peu d’air, de lumière, ou d’accès à l’eau, aux toilettes et aux douches ».

Un Haïtien qui avait passé trois ans en détention provisoire a été libéré grâce au soutien de l’ONU.

« Cinquante-deux personnes sont mortes en détention au cours des trois derniers mois dans les prisons haïtiennes… beaucoup de maladies qui ne devraient pas les tuer », a déclaré M. O’Neill, précisant qu’elles étaient « tellement affaiblies par les conditions et le manque d’une nutrition adéquate et d’un accès à suffisamment d’eau, une combinaison mortelle ».

Il existe un budget alloué dans le système pénal pour fournir de la nourriture aux prisonniers, mais souvent cet argent est détourné de manière corrompue ailleurs.

Détenu pour le vol de deux paires de chaussures

Les conditions mortelles sont en grande partie dues au fait d’héberger trop de détenus dans un espace insuffisant.

Cette surpopulation chronique est le résultat direct de la pratique de détention préventive, consistant à incarcérer les personnes avant leur procès. En effet, 82 % de la population carcérale en Haïti est en attente de procès, malgré leur innocence présumée aux yeux de la loi jusqu’à preuve du contraire lors du procès.

Un détenu a raconté à William O’Neill qu’il attendait une date de procès depuis deux ans ; son crime présumé ? Le vol de deux paires de chaussures.

« Il y a un arriéré parce que le système judiciaire ne fonctionne pas », a déclaré M. O’Neill. « Il n’y a pas assez de procès et on continue d’arrêter des gens. La police arrête souvent des personnes en masse. Littéralement, ils se rendent sur les lieux d’un crime présumé et arrêtent tous ceux qu’ils trouvent. Les gens se retrouvent pris dans ce genre de filet et passent beaucoup de temps en prison alors qu’ils n’ont rien à voir avec le crime ».

Les gangs de Port-au-Prince

Facteur aggravant, la violence dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, où les gangs contrôleraient 90 % du territoire, a entraîné la fermeture de nombreux tribunaux, ralentissant encore plus le système judiciaire.

Un membre d’un gang pose dans le quartier Delmas 3 de Port-au-Prince.

Dans le même temps, en mars 2024, les deux principales prisons de la capitale, le Pénitencier national de Port-au-Prince et la prison de Croix-des-Bouquets, ont été attaquées par des gangs, déclenchant l’évasion de 4 600 détenus, dont plusieurs chefs de gangs notoires.

Des sources locales ont indiqué que de nombreux évadés ont rejoint et renforcé les rangs de plusieurs gangs.

Reconstruire la justice

Le soutien à la réforme pénitentiaire et à l’amélioration des conditions de détention en Haïti est désormais une priorité pour la mission politique de l’ONU dans le pays (BINUH), le Bureau des droits de l’homme et l’Expert désigné. Il constitue un pilier central du mandat plus large de l’ONU visant à renforcer l’état de droit et les droits humains. L’objectif est de mettre en œuvre une réforme structurelle à long terme afin de remédier aux insuffisances systémiques du secteur judiciaire.

Parmi les initiatives mise en œuvre :  le soutien aux procureurs et juges pour la tenue d’audiences en prison, qui a permis de libérer certains jeunes et de réduire la détention préventive ; la formation de la police et des agents pénitentiaires ; ainsi que l’appui de l’ONU à la réhabilitation des centres de détention, avec l’installation de latrines, de points d’eau et de systèmes de ventilation.

En fin de compte, c’est le ministère haïtien de la Justice qui est responsable de la réforme des prisons et de la police. Et selon l’Expert désigné, William O’Neill, l’ONU peut soutenir les autorités « en fournissant une expertise et des ressources, mais aussi en exigeant des résultats ».

« Nous n’allons pas simplement continuer à fournir des formations et de l’équipement. Il faut des résultats, et des résultats durables », conclu l’expert.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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