Mardi 16 juillet, au troisième jour d’un forum politique de haut niveau sur le développement durable, les délégations étatiques réunies au siège des Nations Unies à New York se sont penchées sur l’un des piliers de l’Agenda 2030, ce programme adopté en 2015 par l’ensemble des pays membres, qui fixe 17 objectifs pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous d’ici à 2030 : l’objectif de développement durable numéro 8, consacré à la promotion d’une croissance économique soutenue, du plein emploi et d’un travail décent pour tous.
Un chantier d’ampleur, alors qu’à cinq ans de l’échéance, seul un tiers des cibles fixées progressent à un rythme satisfaisant ou modéré, selon un rapport annuel de l’ONU sur la réalisation de l’Agenda 2030, publié cette semaine. Un autre tiers progresse lentement, voire stagne – et le dernier tiers est en régression.
Une croissance mondiale à bout de souffle
Symptôme de ce ralentissement : le PIB mondial par habitant, après une reprise post-pandémique en 2021, ne devrait progresser que de 1,5 % en 2025, contre 2 % en moyenne ces trois dernières années. Les tensions commerciales persistantes, conjuguées à une incertitude politique généralisée, assombrissent les perspectives économiques.
Les pays les moins avancés (PMA), censés atteindre une croissance annuelle de 7 %, stagnent autour de 3 % depuis 2023. En Afrique subsaharienne, en Amérique latine et dans les Caraïbes, la croissance a même reculé depuis 2015.
La productivité en panne
La productivité du travail, moteur essentiel du développement économique, peine elle aussi à se redresser. Globalement, elle a progressé de 1,5 % en 2024 – un rythme inférieur à celui de l’avant-Covid.
Les disparités régionales demeurent marquées : l’Asie de l’Est et du Sud-Est enregistre une hausse soutenue (3,2 %), tandis que l’Afrique subsaharienne et du Nord, l’Océanie (hors Australie et Nouvelle-Zélande) et l’Asie occidentale stagnent. Ce ralentissement pèse sur les salaires réels, l’investissement et l’emploi de qualité.
Plus de 90 % des travailleurs en Afrique subsaharienne et dans les PMA exercent dans le secteur informel, une tendance qui touche particulièrement les femmes.
Un chômage en baisse, mais un travail précaire
En apparence, certains indicateurs semblent encourageants : en 2024, le taux de chômage mondial est tombé à 5 %, son niveau le plus bas depuis plus d’une décennie.
Mais derrière cette moyenne se cachent de profondes inégalités. Près de 58 % des travailleurs exercent dans le secteur informel, sans sécurité sociale ni droits du travail garantis. En Afrique subsaharienne et dans les PMA, cette proportion approche 90 %, touchant particulièrement les femmes.
Les jeunes restent eux aussi fragilisés : globalement, leur taux de chômage (12,9 %) est trois fois plus élevé que celui des adultes. Et un jeune sur cinq dans le monde – soit 259 millions de personnes âgées de 15 à 24 ans – ne suit ni études, ni formation, ni emploi. En Asie centrale et méridionale, les inégalités de genre sont très marquées : 41,9 % des jeunes femmes sont concernées, contre 11,5 % des jeunes hommes.
En 2024, 138 millions d’enfants ont été contraints de travailler, dont 54 millions dans des conditions dangereuses.
Travail des enfants : des progrès limités
Le rapport salue toutefois des avancées dans la lutte contre le travail des enfants. En 2024, 138 millions d’enfants étaient encore concernés, dont 54 millions effectuant des travaux dangereux.
Cela représente une baisse notable par rapport aux 160 millions recensés en 2020. Depuis l’an 2000, plus de 100 millions d’enfants ont été soustraits au travail, alors même que la population infantile mondiale a augmenté de 230 millions. Mais le constat reste amer : l’objectif de mettre fin au travail des enfants d’ici 2025 ne sera pas atteint. Et pour le réaliser d’ici à cinq ans, il faudrait accélérer la tendance à rythme 11 fois supérieur.
Reprise inégale du secteur touristique
Le tourisme, secteur crucial pour l’emploi et le développement durable, a fortement rebondi en 2023, atteignant 3,4 % du PIB mondial – soit plus de 90 % de son niveau pré-pandémique.
Dans les petits États insulaires en développement, il représente en moyenne 13 % du PIB et 12,9 % de l’emploi total. Mais les retombées demeurent faibles dans les PMA (2,4 % du PIB) et les pays en développement sans littoral (1,9 %), soulignant la nécessité d’investissements mieux ciblés.
L’ONU met en garde contre une dégradation globale du respect des droits fondamentaux du travail, notamment la liberté syndicale et le droit de négociation collective.
Des droits du travail en recul
Enfin, le rapport souligne une dégradation préoccupante du respect des droits fondamentaux du travail, notamment la liberté syndicale et le droit de négociation collective.
Entre 2015 et 2023, le score reflétant le respect de ces droits par les États s’est détérioré de 7 % en moyenne, avec une chute spectaculaire de 45,5 % dans les PMA. Même les économies développées ont vu leur score reculer de 16,5 %. Selon l’ONU, ces atteintes répétées aux libertés syndicales fragilisent l’espace civique et menacent les fondements mêmes de la démocratie.
Un sursaut nécessaire
Pour les Nations Unies, la réalisation de l’objectif de développement durable numéro 8 passe désormais par une action urgente : mise en place de protections sociales universelles, lutte contre le travail informel, renforcement effectif des droits des travailleurs, et investissements massifs dans les secteurs verts et numériques.
À défaut, le droit à un travail décent pour tous risque de demeurer un mirage – et l’Agenda 2030, une promesse non tenue.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
To submit your press release: (https://www.globaldiasporanews.com/pr).
To advertise on Global Diaspora News: (www.globaldiasporanews.com/ads).
Sign up to Global Diaspora News newsletter (https://www.globaldiasporanews.com/newsletter/) to start receiving updates and opportunities directly in your email inbox for free.