Les chiffres sont implacables : plus de 17 millions de Yéménites souffrent de la faim, un nombre qui pourrait dépasser 18 millions d’ici l’hiver prochain. La moitié des enfants de moins de cinq ans sont atteints de malnutrition grave. Dans certaines zones, ces derniers meurent à petit feu dans des camps pour personnes déplacées. Il s’agit, selon Ramesh Rajasingham, haut responsable du bureau onusien des affaires humanitaires (OCHA), de morts « silencieuses » qui frappent les plus vulnérables. « Ils méritent mieux », a-t-il martelé mardi lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation au Yémen.

Depuis 2014, le pays est ravagé par la guerre qui oppose les rebelles houthistes, soutenus par l’Iran, au gouvernement reconnu par la communauté internationale et appuyé par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite. Les premiers ont pris la capitale, Sanaa, dès les débuts du conflit, avant d’étendre leur emprise sur le nord et l’ouest, jusqu’au port stratégique de Hodeïda, sur la mer Rouge. Le gouvernement, replié à Aden, conserve le contrôle de larges portions du sud et de l’est. Malgré des trêves ponctuelles, les combats n’ont jamais vraiment cessé, et les négociations menées sous l’égide de l’ONU piétinent, incapables de sceller un accord politique global.

Et le déclin économique du pays ne fait qu’aggraver la situation. De nombreuses familles sont contraintes de vendre leur bétail ou leurs terres pour acheter de quoi manger. Les jeunes filles, elles, sont de plus en plus exposées au mariage précoce ou à l’exploitation. « Pourtant, la famine est évitable », insiste Ramesh Rajasingham, appelant à un financement accru de l’aide alimentaire et à un soutien direct au Fonds humanitaire pour le Yémen, lequel débloquera prochainement 20 millions de dollars pour faire face à l’insécurité alimentaire dans le pays.

Le personnel de l’ONU organise les distributions d’aide alimentaire à Hajjah, au Yémen.

Sur le terrain, la violence persiste

Sur le plan politique, la situation n’est guère plus encourageante. « Les bouleversements régionaux continuent de réduire les perspectives de paix et de stabilité au Yémen », avertit Hans Grundberg, l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, qui plaide pour « des mesures proactives et pragmatiques » : désescalade militaire, ouverture de routes commerciales, stabilisation de l’économie et dialogue politique.

Si la violence est globalement stable depuis plusieurs mois, une attaque d’envergure a été menée le 25 juillet à Aleb, dans le gouvernorat de Saada, fief des houthistes à la frontière nord-ouest du pays avec l’Arabie saoudite. L’assaut a fait de nombreuses victimes et blessés dans les deux camps. Les forces rebelles continuent par ailleurs de renforcer leurs positions autour du port de Hodeïda, un carrefour stratégique des échanges commerciaux yéménites.

Pour M. Grundberg, ces développements « illustrent la nécessité d’une désescalade active et d’un dialogue sécuritaire entre les parties ». 

Gaza s’invite dans les eaux yéménites

À cette instabilité interne s’ajoutent les retombées explosives du conflit à Gaza, qui menacent de transformer la mer Rouge en théâtre régional. Les houthistes ont ainsi revendiqué des tirs de missiles contre Israël, entraînant des frappes israéliennes en représailles sur des cibles situées dans l’ouest du Yémen. Parallèlement, les attaques des rebelles contre des navires civils au large des côtes yéménites se sont multipliées, ralentissant considérablement l’activité portuaire du pays.

Les conséquences économiques sont directes : au port de Saleef, au nord de Hodeïda, le temps de déchargement a été multiplié par trois en juillet par rapport au mois précédent. Ces retards se répercutent sur l’approvisionnement alimentaire, Hodeïda et Saleef étant les deux principales portes d’entrée des denrées pour une population largement dépendante de l’importation.

Le 27 juillet, les houthistes ont annoncé vouloir élargir la liste des navires qu’ils comptent cibler, faisant craindre une nouvelle escalade. « Un retour urgent à la diplomatie est indispensable », a insisté Hans Grundberg, rappelant que la stabilité du Yémen dépend aussi de la sécurité régionale.

L’Envoyé spécial et son homologue des affaires humanitaires, Ramesh Rajasingham, convergent sur un point : sans volonté politique, la spirale actuelle mènera à davantage de pénuries, de divisions et de morts.

Lire le compte-rendu complet de la réunion du Conseil de sécurité ici

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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