« Nous clôturons cette semaine historique non seulement avec de l’espoir, mais avec des engagements concrets, une direction claire et une dynamique incontestable », a déclaré Li Junhua, secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales et secrétaire général de la conférence.

Co-organisé par la France et le Costa Rica, ce sommet de cinq jours a rassemblé 15.000 participants – dont plus de 60 chefs d’État et de gouvernement – autour de plus de 450 événements parallèles, sur les rives françaises de la Méditerranée. 

La conférence s’est conclue sur un appel commun à renforcer la protection des océans, à lutter contre la pollution, à encadrer l’exploitation des hautes mers et à mobiliser des financements en faveur des pays côtiers et insulaires.

Li Junhua, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales de l’ONU et Secrétaire général de l’UNOC3, lors de la conférence de presse de clôture, à Nice.

Des engagements ambitieux

Le Plan d’action de Nice pour l’océan comprends deux axes : une déclaration politique adoptée par les États membres et plus de 800 engagements volontaires pris depuis la précédente conférence sur l’océan par des États, des scientifiques, des agences onusiennes et des acteurs de la société civile.

Les engagements dévoilés cette semaine reflètent l’ampleur de la crise océanique. La Commission européenne a annoncé un investissement d’un milliard d’euros pour soutenir la conservation des océans, la science et la pêche durable, tandis que la Polynésie française s’est engagée à créer la plus grande aire marine protégée du monde, englobant l’intégralité de sa zone économique exclusive, soit environ cinq millions de kilomètres carrés.

L’Allemagne a lancé un programme de 100 millions d’euros pour retirer les munitions sous-marines des mers Baltique et du Nord. Par ailleurs, la Nouvelle-Zélande a engagé 52 millions de dollars pour renforcer la gouvernance des océans dans le Pacifique, et l’Espagne a annoncé la création de cinq nouvelles aires marines protégées.

Une coalition de 37 pays, menée par le Panama et le Canada, a lancé la High Ambition Coalition for a Quiet Ocean afin de lutter contre la pollution sonore sous-marine. Parallèlement, l’Indonésie et la Banque mondiale ont lancé une « obligation corail » pour contribuer au financement de la conservation des récifs coralliens dans le pays.

« Les vagues du changement déferlent », a souligné M. Li. « Il est désormais de notre responsabilité collective de les endosser – pour les peuples, pour la planète, pour les générations futures ».

Olivier Poivre d’Arvor (à droite), envoyé spécial de la France pour la conférence, lors de la conférence de presse de clôture de l’ONUC3, à Nice.

Une tribune diplomatique

La conférence s’est ouverte lundi sur une mise en garde. « Nous ne traitons pas l’océan à la hauteur de ce qu’il est – le bien commun mondial par excellence », a alerté le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Les présidents des deux pays hôtes, Emmanuel Macron et Rodrigo Chaves Robles, ont quant à eux plaidé pour un multilatéralisme renouvelé, fondé sur la science.

Vendredi, Olivier Poivre d’Arvor, envoyé spécial du président français pour la conférence, a rappelé les enjeux : « À Nice, nous avons voulu tenter un pari : celui d’un changement transformateur. Je pense que nous avons avancé, mais nous ne pouvons plus reculer ».

L’un des objectifs majeurs du sommet était d’accélérer l’entrée en vigueur du Traité sur la haute mer, dit BBNJ, adopté en 2023 pour préserver la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales. Soixante ratifications sont nécessaires à son entrée en vigueur. Cette semaine, 19 pays l’ont ratifié, portant le nombre total à 50.

« C’est une victoire considérable », a estimé M. Poivre d’Arvor. « Il est très difficile d’agir pour l’océan aujourd’hui, alors que les États-Unis sont aussi peu impliqués ». Le diplomate faisait allusion à l’absence d’une délégation américaine de haut niveau, mais aussi à l’ordonnance signée récemment par le président Donald Trump pour lancer une mission de prospection minière dans les grands fonds marins. « Les abysses ne sont pas à vendre », a-t-il martelé, reprenant une formule d’Emmanuel Macron.

Il a toutefois salué l’ampleur du consensus : « Un pays est peut-être absent, mais 92 % des copropriétaires étaient présents aujourd’hui à Nice ».

Son homologue, Arnoldo André-Tinoco, ministre des affaires étrangères du Costa Rica, a exhorté les autres pays à accélérer le financement de la protection des océans. « Chaque engagement doit être scrupuleusement suivi », a-t-il déclaré, lors de la réunion de clôture de la conférence.

Peter Thomson, l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’océan, en entretien avec ONU Info.

Un élan à confirmer

Pour Peter Thomson, l’envoyé spécial de l’ONU pour l’océan, Nice marque un tournant. « Ce n’est pas tant ce qui se passe lors de la conférence qui compte, mais ce qui en découle », a-t-il déclaré dans un entretien avec ONU Info, évoquant les débuts de l’objectif de développement durable 14, dédié à la vie marine. « En 2015, nous étions dans un désert… Regardez où nous en sommes aujourd’hui ! ».

Tous les regards se tournent désormais vers la quatrième Conférence sur l’océan, qui devrait être co-organisée par le Chili et la Corée du Sud en 2028. « Nous allons assister à une nouvelle poussée », a prédit M. Thomson. Il espère que d’ici là, les principaux accords multilatéraux – le BBNJ, l’accord de l’OMC sur les subventions à la pêche et le futur traité sur les plastiques – auront été ratifiés et mis en œuvre.

L’échéance de 2028 coïncidera avec l’approche de 2030, date butoir de l’ODD 14. « Que ferons-nous quand cet objectif arrivera à maturité ? », a-t-il lancé. « Il faudra aller plus loin, faire preuve de plus d’ambition ».

M. Thomson a salué les engagements pris par les petits États insulaires. « Si de petits pays peuvent faire de grandes choses, pourquoi les grands ne suivraient-ils pas ? », a-t-il interrogé. Arborant un collier offert par les îles Marshall, il a rappelé : « Les premiers bénéficiaires des aires marines protégées, ce sont les communautés de pêche ».

Une fragile unité

Malgré ce ton volontariste, certaines tensions ont persisté. Les petits États insulaires en développement (PEID) ont réclamé une formulation plus ferme sur les pertes et dommages – des préjudices causés par le changement climatique qui dépassent les capacités d’adaptation des populations. « On ne peut pas avoir de déclaration sur les océans sans les PEID », a notamment averti un délégué en début de semaine.

D’autres, dont le président du Costa Rica, ont appelé à un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes dans les eaux internationales jusqu’à ce que la science puisse évaluer les risques – une mesure qui ne figure pas dans la déclaration finale.

Celle-ci réaffirme néanmoins l’objectif de protéger 30 % des terres et des mers d’ici à 2030, et soutient les cadres internationaux, tels que l’accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité et la stratégie climatique de l’Organisation maritime internationale (OMI).

« La véritable épreuve », a conclu M. Li, « ce n’est pas ce que nous avons dit ici à Nice, mais ce que nous ferons ensuite ».

Alors que le soleil déclinait sur la Promenade des Anglais et que la séance plénière touchait à sa fin, la mer – ancienne, vitale, menacée – demeurait le témoin silencieux d’une promesse fragile mais partagée.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

To submit your press release: (https://www.globaldiasporanews.com/pr).

To advertise on Global Diaspora News: (www.globaldiasporanews.com/ads).

Sign up to Global Diaspora News newsletter (https://www.globaldiasporanews.com/newsletter/) to start receiving updates and opportunities directly in your email inbox for free.