Au lieu d’avoir des semences qui germent régulièrement, les agriculteurs se retrouvent avec des lots qui ne poussent que 40 à 50 % du temps. Cela diminue non seulement les rendements et leurs profits, mais aussi leur capacité à subvenir à leurs besoins.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) travaille avec le ministère de l’Agriculture d’Haïti pour changer cette situation en développant l’économie semencière au niveau local et en formant les membres des Groupements de production artisanale de semences (GPAS).

UN Haiti/Daniel Dickinson

Un agriculteur du sud-ouest d’Haïti montre sa récolte de haricots noirs.

« Nous avons constaté que la plupart des semences étaient de qualité douteuse, c’est-à-dire qu’elles n’étaient pas adaptées à certaines conditions climatiques… et tant qu’elles ne seront pas bien adaptées et de mauvaise qualité, notre production sera faible », a déclaré à ONU Info PierreFrantz Jacques, ancien agriculteur et responsable de projet de banque de semences de la FAO.

Il existe aujourd’hui plus de 200 GPAS répartis en Haïti, qui cultivent des semences de haute qualité pour les distribuer à d’autres agriculteurs afin d’augmenter leurs rendements et de réduire leur dépendance aux importations de semences et de produits alimentaires étrangers.

Ces groupes jouent un rôle important, surtout aujourd’hui, alors que plus de la moitié du pays est confrontée à une insécurité alimentaire et que la production agricole est menacée par la violence armée en raison de l’intensification des activités des gangs.

« En fournissant des semences de qualité, les GPAS contribuent à l’amélioration de la productivité agricole et de la sécurité alimentaire des communautés », a déclaré M. Jacques.

Revitalisation après le séisme de 2010

Environ les deux tiers de la population haïtienne dépendent de l’agriculture pour leur subsistance, la plupart étant des petits agriculteurs. Cependant, en raison des effets de la mondialisation, ces agriculteurs ne produisent que 40 % de la nourriture haïtienne, créant une situation alimentaire intenable.

Au cours des dernières décennies, divers programmes de la FAO en Haïti ont œuvré pour soutenir la production de semences afin de réduire le déficit commercial. Le programme GPAS, en particulier, a été revitalisé en 2010 à la suite du tremblement de terre catastrophique de magnitude 7,0 qui a dévasté Haïti et son secteur agricole.

La FAO s’efforce de distribuer des semences de haute qualité en Haïti pour stabiliser la production agricole.

Durant cette crise humanitaire, et tout en contribuant à l’aide d’urgence, la FAO a dépassé l’immédiateté de la crise et a commencé à réfléchir aux implications de la reconstruction du secteur agricole.

« Nous avons besoin, dès maintenant, de ressources issues de l’aide humanitaire dédiées aux activités de résilience. Il faut anticiper l’avenir dès le début », a souligné Pierre Vauthier, Représentant de la FAO en Haïti.

En 2010, cela impliquait de reconnaître l’insuffisance des systèmes semenciers en Haïti, de nombreux agriculteurs dépendant de sources externes et de variétés de mauvaise qualité infiltrant le marché formel et informel.

De l’urgence à la résilience

C’est là que les GPAS sont intervenus, en leur fournissant des semences de première génération de haute qualité pour relancer leurs entreprises. Les groupes ont également été formés aux meilleures pratiques de culture, de récolte et de gestion financière.

Si cette formation s’appuie sur la recherche scientifique et les avancées technologiques, elle vise également à exploiter les connaissances locales sur les écosystèmes.

La déforestation a conduit à l’érosion des terres agricoles dans le nord d’Haïti.

Dans cette optique, ce sont les agriculteurs des GPAS qui choisissent les variétés de semences qu’ils souhaitent cultiver, nombre d’entre eux optant pour des espèces locales déjà bien adaptées à l’environnement et ancrées dans les traditions agricoles locales.

« Les agriculteurs et les populations locales connaissent leur environnement, toutes ses particularités. Ils connaissent le type de sol, le type de climat. Et ce savoir se transmet de génération en génération », a déclaré M. Jacques.

De plus, la FAO s’efforce de fournir aux banques de semences des silos et d’autres outils pour un stockage adéquat. Ceci est particulièrement important lors des chocs climatiques, permettant aux agriculteurs de mieux protéger leurs stocks malgré les phénomènes météorologiques extrêmes.

« Nous pouvons considérer les semences comme un outil d’adaptation qui permet aux agriculteurs de poursuivre leurs cultures même dans des conditions extrêmes », a dit M. Jacques.

En fin de compte, un programme comme les GPAS est au cœur de l’action de la FAO, a déclaré M. Vauthier. Certes, la FAO facilite l’aide humanitaire, mais sa véritable expertise réside dans l’après-crise, dans la création de communautés autonomes.

« La résilience peut redonner de la dignité aux communautés. Elle peut transformer radicalement les mentalités, non pas en tant qu’aide, mais comme une personne prenant le contrôle de sa propre vie », a-t-il ajouté.

Les semences comptent

Haïti est confrontée à une crise prolongée : 1,3 million de personnes sont déplacées, près de six millions sont confrontées à une insécurité alimentaire d’urgence, le pays est mal préparé à des chocs climatiques imminents et la violence armée brutalise les communautés.

Dans ce contexte, il est peut-être difficile de croire que les semences comptent. Mais pour la FAO, le changement doit parfois être modeste, durable localement, avant d’être étendu à l’ensemble du pays. Ces changements ne sont peut-être pas révolutionnaires, a déclaré M. Vauthier, mais ils fonctionnent et durent.

Les banques de semences sont très similaires, selon M. Jacques.

« Ce qui se passe, c’est que les agriculteurs sont moins dépendants des autres êtres humains. Ils sont capables de produire leurs propres semences… elles contribueront à renforcer leur autonomie et leur sécurité alimentaire », a-t-il souligné.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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