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Déjà en août 2023, il y eut cette prémonition, comme une sonnette d’alarme, exprimée par le diplomate tunisien Elyes Kasri, ancien ambassadeur de la Tunisie en Inde, au Japon et en Allemagne.

Dans un message posté sur les réseaux sociaux, ce diplomate de carrière tunisien avait vivement critiqué les manœuvres d’intrusion d’Alger dans les choix diplomatiques souverains de son pays, tout en appelant à un « ajustement » des relations et à l’observation d’un respect mutuel entre les pays voisins.

« Il devient de moins en moins supportable de voir des responsables politiques étrangers parler au nom de la Tunisie et s’immiscer dans ses affaires intérieures quel qu’en soit le motif », avait déploré Elyes Kasri, en réaction à des déclarations du ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, lors d’une conférence de presse tenue auparavant (…).

Kais Saïed, président de la Tunisie, confronté à des difficultés économiques insurmontables et à un marasme social grandissant, s’aligne aveuglément et inconditionnellement sur les thèses du voisin “protecteur” en contrepartie d’un renflouement de caisses sombrant dans une situation des plus abyssales

Il avait développé, à ce sujet, que « la dernière sortie du ministre algérien des Affaires étrangères au sujet des assurances qui auraient été données par son homologue tunisien lors de sa récente visite à Alger au sujet d’une hypothétique normalisation avec Israël et la  prétendue prochaine adoption en Tunisie d’une loi interdisant cette normalisation, accentue le malaise au sujet des discours chatouilleux sur la souveraineté nationale mais qui donnent lieu à des manifestations et impressions divergentes », avant d’ajouter : « Comme la Tunisie s’interdit de prendre position sur les choix intérieurs et diplomatiques des pays tiers, la défense de la dignité et de la souveraineté nationales nécessitent d’exiger la réciprocité de la part de ces pays frères ou amis, toutes catégories confondues, car il faut garder à l’esprit que les relations internationales sont fondées sur le respect mutuel, la non ingérence et la réciprocité ».

Le diplomate tunisien Elyes Kasri, ancien ambassadeur de la Tunisie en Inde, au Japon et en Allemagne avait vivement critiqué les manœuvres d’intrusion d’Alger dans les choix diplomatiques souverains de son pays

Beaucoup d’eau a coulé, depuis lors, sous les ponts et plusieurs facteurs, paradoxalement à la fois objectifs et subjectifs, ont accéléré le processus de métamorphose de la donne maghrébine.

Un projet ourdi, comme à l’accoutumée, par le voisin de l’Est, par ailleurs foncièrement en contradiction avec les règles diplomatiques usuelles et ne tenant nullement compte des données et constantes de l’histoire et de la géographie, celui prétendant à un Maghreb sans le Maroc. Ridicule car grossièrement incohérent !

Ce « projet » semble être mis sur les rails et c’est la Tunisie, pays du jasmin, précurseur historique du printemps arabe qui accueille, ce lundi 22 avril 2024, une réunion au sommet regroupant les présidents tunisien et algérien de même que le président du Conseil présidentiel libyen, selon un communiqué de la présidence tunisienne qui n’a toutefois pas annoncé la participation du chef de l’Etat de Mauritanie, Mohamed Cheikh Ould El Ghazouani.
A cet égard, pour justifier l’injustifiable, le président algérien, Abdelmajid Tebboune avait indiqué dans un entretien accordé à la presse locale de son pays que « nos voisins occidentaux (le Maroc) souhaitent rejoindre l’organisation ouest-africaine de développement (CEDEAO) et ils sont libres de le faire ».

Pour rappel, cette réunion a été annoncée lors de la dernière semaine du mois de mars par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, à l’occasion d’une conférence de presse consacrée à l’adoption par le Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations unies d’une résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza.

Interrogé sur le ballet des rencontres tenues entre les quatre pays maghrébins, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie, Attaf a rappelé que le président Tebboune « a proposé une nouvelle formule devant le blocage de l’UMA ».

Le conseil présidentiel libyen oppose un refus catégorique à toute initiative pouvant
déboucher sur la marginalisation de l’un ou l’autre des acteurs régionaux

« L’idée de l’Algérie est de combler ce vide », mais a-t-il tergiversé, emmêlé dans ses contradictions : «Combler le vide ne signifie pas créer une alternative à ce qui existe »… « L’UMA existe mais elle est dans le coma, toutes ses institutions ne sont plus en vigueur vu les circonstances mais elles sont là ».

Cet évènement, qui est en fait un non évènement, se prévalant « d’une importance certaine », se révèle dans les milieux des observateurs et autres spécialistes de la région de l’Afrique du Nord, manifestement plein de zones d’ombre, d’incertitudes et de controverses quant à l’aboutissement et à l’avenir de ce fameux projet, complètement en marge des règles géostratégiques, des normes diplomatiques et de la conception des relations internationales. D’ailleurs, les divergences de visions, dès la veille de la rencontre programmée, dénotent d’un certain nombre de non-dits laissant présager un échec fort probable de la démarche algérienne.

En effet, alors que Kais Saïed, président de la Tunisie, confronté à des difficultés économiques insurmontables et à un marasme social grandissant, s’aligne, en contrepartie de renflouement de caisses sombrant dans une situation des plus abyssales, aveuglément et inconditionnellement sur les thèses du voisin « protecteur », renonçant, en tout état de cause, à tout semblant d’autonomie et de souveraineté, les dirigeants libyens, eux, assurent que le sommet en perspective s’articulerait exclusivement autour de la question migratoire et des menaces sécuritaires ayant trait au contrôle des frontières. De ce fait, il s’agit, pour eux, d’une diplomatie purement équilibriste de circonstance dictée par les contraintes de la conjoncture, notamment la posture des différends opposant les protagonistes en course pour  l’accession à la direction du pays.

Dans ce contexte particulier et très sensible, le Conseil présidentiel libyen oppose un refus catégorique à toute initiative pouvant déboucher sur la marginalisation de l’un ou l’autre des acteurs régionaux de ce Maghreb tout aussi bien convoité que controversé.

Somme toute, n’en déplaise aux caporaux algérois et leurs pantins, le Maroc continue, assidument déterminé, sur la voie qu’il s’est prodigieusement tracée et est devenu, d’ores et déjà, en toute évidence, un acteur géostratégique affirmé et confirmé et un partenaire économique convoité sur tous les plans régional, continental et international…

Rachid Meftah

Source of original article: Libération (www.libe.ma).
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