La demande de réunion adressée par l’Ukraine au Conseil de sécurité, le 17 juin, faisait suite à une vague de frappes russes massives sur sa capitale et plusieurs grandes villes. Selon Miroslav Jenča, Secrétaire général adjoint des Nations Unies, « des drones et missiles russes ont frappé sept districts de Kiev, tuant au moins 28 civils et en blessant plus de 130. Il s’agit de l’une des attaques les plus meurtrières contre la capitale depuis près d’un an ». Plus de 428 projectiles ont visé l’ensemble du territoire cette nuit-là, atteignant aussi Odessa, Zaporijjia ou encore Mykolaïv.
« Ceci n’est que l’histoire d’un seul immeuble, dans un seul quartier, d’une seule ville », a souligné M. Jenča, évoquant le sort de dizaines de civils piégés sous les décombres d’un bâtiment d’habitation. Selon l’ONU, les cinq premiers mois de 2025 ont vu une augmentation de 47 % des victimes civiles par rapport à la même période de l’année précédente.
Edem Wosornu, du bureau des affaires humanitaires de l’ONU, a quant à elle évoqué une population « traumatisée, épuisée », des évacuations devenues « périlleuses » et « des femmes et des enfants particulièrement affectés », alors que « plus de 20 % du territoire ukrainien est contaminé par des mines ou restes explosifs de guerre ».
Des secouristes fouillent les décombres d’un bâtiment bombardé à Kiev, en Ukraine.
Kiev interpelle le Conseil
Face à ses homologues, le représentant ukrainien a pris la parole avec gravité : « Je m’adresse à ce Conseil, non seulement en tant que représentant de l’Ukraine, l’Ukraine victime de cette guerre d’annihilation de la Russie, mais aujourd’hui je suis aussi un citoyen ».
Il a livré un témoignage personnel bouleversant, racontant comment sa mère, réfugiée avec ses petites-filles dans un sous-sol, lui avait dit au téléphone : « Les murs tremblent, les fenêtres vibrent, je tiens ta photo dans mes bras, je ne sais pas si je te reverrai ».
« Cette guerre russe est menée non pas dans les tranchées, mais dans les chambres des populations, dans les cuisines, dans les espaces récréatifs, dans les hôpitaux, dans les écoles. C’est une terreur. Cette folie doit prendre fin », a-t-il lancé. Il a dénoncé les dénégations russes comme une mascarade : « Si ce n’était pas la Russie qui bombardait nos maisons, alors c’était qui ? Des extraterrestres ? Peut-être Dark Vador et son Étoile de la mort ? »
Moscou attaque l’Occident
Le représentant russe, Vassili Nebenzia, a réfuté toute responsabilité dans la mort des civils. Selon lui, les frappes visaient « exclusivement des cibles militaires ou liées au potentiel militaire de l’Ukraine », et l’immeuble touché à Kiev aurait été atteint par un missile détourné par la défense aérienne ukrainienne. Il a affirmé que des vidéos en ligne montraient clairement « des dépôts de munitions, des systèmes de défense Patriot et des points de rassemblement des forces armées » pris pour cibles.
Le diplomate a dénoncé « le silence complice » de l’Occident face aux frappes ukrainiennes sur le territoire russe, affirmant que 104 civils avaient été tués ou blessés dans la semaine du 9 au 15 juin. Il a accusé certains membres du Conseil d’avoir refusé de condamner les attentats visant des trains de passagers, et d’utiliser la lutte antiterroriste comme un instrument à géométrie variable : « Au lieu de condamner le terrorisme, ils ont tenté de faire passer l’explosion d’un train de passagers pour une “cible militaire légitime”, ce qui est non seulement inhumain, mais aussi contraire au droit international ».
La capitale de l’Ukraine, Kiev, a été fortement ciblée dans les premiers jours de la guerre. (archives)
Washington à Moscou : « Ça suffit »
La représentante des États-Unis a confirmé que l’un des morts à Kiev était un citoyen américain — le premier civil américain tué dans ce conflit — et condamné « ces attaques brutales qui ont semé la mort et la dévastation parmi les civils ». Elle a précisé que la Russie avait lancé « plus de 3.300 drones kamikazes » en juin, et s’apprêtait à en déployer près de 6.000.
« Il n’existe aucune justification aux attaques russes contre les villes ukrainiennes. […] La Russie tue des civils ukrainiens alors qu’elle devrait faire exactement le contraire : mettre fin à la guerre », a-t-elle déclaré, appelant Moscou à « négocier de bonne foi un cessez-le-feu et une paix durable ».
Washington a également appelé tous les pays, « y compris la Chine », à cesser leurs exportations de biens à double usage à destination de la Russie, et « condamné l’Iran pour sa fourniture de drones Shahed et de missiles à la Russie, ainsi que la Corée du Nord pour ses transferts d’obus, de missiles et de troupes ». « La Russie doit désormais choisir la paix. Cela suffit. Il est temps d’y mettre un terme. Maintenant », a-t-elle conclu.
Paris accuse Moscou de « semer la terreur »
Pour la France, la frappe du 17 juin « n’est pas un accident ». Jérôme Bonnafont, représentant permanent à l’ONU, a dénoncé une stratégie de terreur délibérée : « Les civils sont ciblés par la Russie de manière délibérée. […] Ils sont morts parce que la Russie choisit chaque jour de poursuivre sa stratégie visant à semer la terreur au sein de la population ».
Le diplomate français a aussi rejeté les « conditions léonines et maximalistes » posées par Moscou dans les négociations d’Istanbul, équivalentes selon lui à une « capitulation » de l’Ukraine. « Aucun désordre du monde ne nous fera oublier que la Russie, en envahissant l’Ukraine, viole la Charte des Nations Unies », a-t-il rappelé.
Des secouristes fouillent les décombres d’un immeuble bombardé à Kyïv, en Ukraine.
Pékin rejette les accusations américaines
De son côté, la Chine a adopté un ton plus conciliant, appelant à créer « des conditions propices aux efforts de paix ». Pékin a exhorté la communauté internationale à « plaider de façon plus rationnelle en faveur de la paix » et à soutenir la médiation.
Son représentant a appelé les États-Unis à « se concentrer sur les efforts diplomatiques et à cesser de proférer des accusations infondées ». Affirmant que la Chine « est du côté de la paix, du dialogue et de l’humanité », il a évoqué les efforts menés avec le Brésil et plusieurs pays du Sud global dans le cadre du « groupe des amis de la paix », en lien avec les propositions du président Xi Jinping.
L’urgence de la paix
Dans ce contexte tendu, Miroslav Jenča a salué les récentes avancées diplomatiques, notamment les échanges de prisonniers entre Kiev et Moscou, mais a mis en garde : « Un tel niveau de mort et de destruction compromet sérieusement l’espoir d’un cessez-le-feu immédiat et affaiblit les perspectives d’une paix durable ».
Rappelant que « les attaques contre des civils et les infrastructures civiles sont strictement interdites par le droit international humanitaire », il a exhorté les parties à progresser vers une désescalade fondée sur « l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, dans ses frontières internationalement reconnues ».
Edem Wosornu, de bureau humanitaire, a quant à elle rappelé les priorités : « protéger les civils, maintenir l’effort financier humanitaire, et faire en sorte que les impératifs humanitaires restent au cœur de toute discussion sur une trêve ou un accord durable ».
Alors que les regards internationaux se tournent vers d’autres foyers de crise, les responsables onusiens ont conclu sur un appel à la constance : ne pas détourner les yeux, ne pas relâcher la pression diplomatique, et ne pas oublier l’Ukraine.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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