Mais l’espoir d’un renouveau politique se heurte déjà aux réalités du terrain. Depuis Damas, Najat Rochdi, l’une des principales responsables de l’ONU sur le dossier syrien, a décrit mercredi un pays « épuisé », où les institutions peinent à se remettre en marche et où la reconstruction reste fragile. « La Syrie demeure au bord de l’asphyxie », a-t-elle résumé par visioconférence devant le Conseil de sécurité, en appelant ses membres à ne pas relâcher leur soutien à la transition.
Au cœur de ce processus, elle a rappelé la place centrale des femmes, qui ont maintenu la société debout au prix de sacrifices immenses. « Les femmes syriennes ont le droit de participer pleinement et significativement à la détermination de l’avenir du pays », a-t-elle martelé.
Pourtant, leur influence politique demeure très en deçà de leur rôle dans la survie collective, et leur présence dans les institutions reste marginale – un déséquilibre qui, selon elle, freine la reconstruction politique.
Les promesses du renouveau s’effritent
Najat Rochdi (à l’écran), Envoyée spéciale adjointe du Secrétaire général pour la Syrie, informe le Conseil de sécurité sur la situation en Syrie.
Après l’espoir suscité par la formation officielle du gouvernement transitoire en mars, les promesses d’ouverture se sont en effet émoussées.
Les élections législatives du 5 octobre n’ont permis l’élection que de six femmes sur 119 sièges pourvus jusqu’ici, un chiffre que Mme Rochdi juge « incohérent » au regard du rôle qu’elles ont joué pendant la guerre. La diplomate a appelé à « un effort collectif renouvelé » pour leur garantir une participation réelle à la vie publique.
Les minorités restent elles aussi sous-représentées : un chrétien, trois ismaéliens, trois alaouites, quatre Kurdes, et aucun Druze. Sur un total de 210 sièges, 18 demeurent vacants dans les circonscriptions du nord-est et du sud, à Soueïda, où les tensions intercommunautaires persistent.
Lever les sanctions
En dehors du terrain institutionnel, Mme Rochdi a dénoncé la paralysie économique du pays. « Les sanctions doivent être levées, à une échelle plus large et plus rapide, pour donner à cette transition une chance de réussir », a-t-elle plaidé, saluant l’appel de Washington à abroger le Caesar Act – une loi américaine de 2019 qui punit toute relation commerciale avec la Syrie et dissuade les investissements étrangers.
Selon elle, seule une levée progressive de ces restrictions permettrait de relancer l’économie, de rétablir les circuits financiers et de restaurer la confiance des bailleurs, indispensable à la reconstruction du pays.
Entre trêves fragiles et tensions persistantes
Mme Rochdi a reconnu la fragilité du climat sécuritaire : des heurts ont brièvement éclaté ce mois-ci à Alep, dans le nord-ouest, entre les forces de l’autorité intérimaire et des combattants affiliés aux Forces démocratiques syriennes, une coalition kurde qui contrôle encore une partie du nord-est du pays.
Dans le sud, la trêve de Souweïda entre les Druzes, les tribus bédouines et le gouvernement tient encore, avec le soutien de la Jordanie et des États-Unis.
Mais la diplomate a dénoncé « les incursions israéliennes dans le sud de la Syrie », qu’elle a jugées « inacceptables », appelant au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays.
Une bombe à fragmentation encastrée dans le sol à Daret Azza, dans le gouvernorat d’Alep, dans le nord-ouest de la Syrie (photo d’archive).
Une aide humanitaire à bout de souffle
Son collègue Ramesh Rajasingham, du bureau onusien des affaires humanitaires, a dressé un tableau tout aussi sombre. « La Syrie continue d’abriter l’une des plus grandes crises humanitaires du monde, touchant plus de 70 % de la population », a-t-il rappelé.
Au total, sept millions de Syriens restent déplacés à l’intérieur du pays, dont plus d’un million vivent encore dans des camps, et un tiers des écoles sont inutilisables. Plus de 550 personnes ont été tuées par des restes explosifs depuis décembre, dont un tiers étaient des enfants. Malgré la baisse des financements, les agences de l’ONU affirment venir en aide à 3,4 millions de personnes par mois, soit une hausse de 25 % par rapport à l’an dernier.
Mais le plan humanitaire pour la Syrie n’est financé qu’à 19 %, a averti M. Rajasingham. Faute de moyens, des centaines de centres de santé ont fermé, les livraisons d’eau sont suspendues dans plusieurs régions et les programmes d’aide aux femmes victimes de violences s’interrompent les uns après les autres.
Un pays suspendu entre guerre et reconstruction
Pour M. Rajasingham, trois leviers sont essentiels : désamorcer les foyers de violence, financer l’aide vitale et investir dans la reconstruction. Plus d’un million de réfugiés sont rentrés depuis la chute du régime al-Assad, en décembre dernier, et près de deux millions de déplacés internes ont également regagné leur foyer. Ces retours resteront précaires sans investissement durable. « La Syrie a une voie viable vers un relèvement conduit par les Syriens eux-mêmes », a-t-il estimé. « Mais y parvenir exigera une action décisive et soutenue de la communauté internationale ».
Najat Rochdi a conclu sur une note d’espoir mesurée : l’ONU, a-t-elle assuré, « est prête à accompagner les autorités et le peuple syriens dans l’écriture des prochains chapitres d’une Syrie sûre, inclusive et prospère pour tous ». Un horizon encore lointain, dans un pays où les promesses de paix se heurtent, chaque jour, au poids du réel.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
To submit your press release: (https://www.globaldiasporanews.com/pr).
To advertise on Global Diaspora News: (www.globaldiasporanews.com/ads).
Sign up to Global Diaspora News newsletter (https://www.globaldiasporanews.com/newsletter/) to start receiving updates and opportunities directly in your email inbox for free.