On ne passe pas du jour au lendemain de plusieurs décennies de dictature à la démocratie. De l’avis de Geir O. Pedersen, l’envoyé spécial de l’ONU en Syrie, les autorités intérimaires qui ont pris le pouvoir à Damas depuis la chute de la chute du régime de Bachar Al-Assad, en décembre dernier, sont confrontées à un lourd héritage. « Elles ont hérité non seulement des ruines des bâtiments détruits, mais aussi de l’effondrement du tissu social, de la déliquescence des institutions et d’une économie exsangue », a-t-il dit jeudi, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation dans le pays. 

Pour lui, la survie de la Syrie repose sur un double impératif : stabilité politique et soutien international. Ce dernier implique notamment un allègement des sanctions unilatérales contre le pays, qui est toujours considéré par Washington comme un État sponsor du terrorisme.

L’ingérence israélienne

Dans un tel contexte de fragilité interne, toute ingérence extérieure est malvenue. Le diplomate norvégien a dénoncé les frappes lancées ce mois-ci par Israël à travers le pays, ainsi que les rapports faisant état de la présence de commandos terrestres israéliens dans le sud de Damas. « Ce type d’intervention est inacceptable et doit cesser », a-t-il martelé. 

Et M. Pedersen de rappeler la nécessité du respect de la souveraineté syrienne et du recours aux instances internationales pour répondre aux préoccupations sécuritaires régulièrement invoquées par Tel Aviv pour justifier ces opérations militaires en territoire syrien.

Calme fragile à Souweïda

Mais la reconstruction interne est tout aussi cruciale. À Souweïda, une ville du sud-ouest où de violents affrontements avaient éclaté cet été entre tribus bédouines et miliciens de la minorité druze, provoquant un déploiement des forces gouvernementales dans la zone, le cessez-le-feu annoncé en juillet a bien tenu.

La médiation des États-Unis et de la Jordanie voisine a permis de tracer une feuille de route jugée « prometteuse » par l’envoyé spécial, qui a toutefois noté son rejet par l’un des leaders spirituels druzes, le cheikh Hikmet al-Hijri, au nom de « l’auto-administration ou de la sécession ». Pour apaiser les tensions, M. Pedersen a appelé à garantir le droits des Druzes et restaurer la confiance entre ces derniers et l’État syrien, souvent perçu comme une menace.

Une mère et son enfant attendent dans une clinique de malnutrition à Alep, dans le nord-ouest de la Syrie. Plus de 9 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë dans le pays.

Désastre humanitaire

Dans le même temps, le chantier humanitaire reste titanesque. Tom Fletcher, chef de l’aide d’urgence de l’ONU, a rappelé aux membres du Conseil l’ampleur du désastre. Plus de 70 % de la population a besoin d’une assistance. Plus de 9 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë. Et malgré une meilleure coopération avec les autorités, malgré des progrès dans l’acheminement de l’aide et une hausse significative des distributions, l’appel humanitaire pour cette année n’est financé qu’à hauteur de 18 %. « Nous risquons de manquer une occasion rare pour le peuple syrien », a-t-il averti.

La Syrie, épuisée, vacille entre deux horizons. D’un côté, la perspective d’une transition politique inclusive, avec la promesse d’élections, d’une assemblée législative et d’une nouvelle constitution ; de l’autre, le spectre d’un blocage qui prolongerait l’exil, la faim et la méfiance. Geir O. Pedersen l’a résumé avec gravité : « Si ce défi central est mal géré, la Syrie risque de rester paralysée, incapable de guérir ou de se reconstruire et, pire encore, de sombrer dans de nouvelles vagues de violences et d’interventions extérieures ».

Le temps presse : le retour de près de 3 millions de réfugiés et de personnes déplacées par la guerre civile depuis décembre risque de s’essouffler, faute de financements internationaux, alors que l’hiver approche. « Ce que nous devons restaurer », a conclu Tom Fletcher, « c’est l’espoir. »

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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