Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024, un gouvernement intérimaire s’efforce de stabiliser le pays et de conduire une transition politique aussi délicate qu’incertaine. Ce tournant a ouvert la voie à une série de négociations internationales et ravivé les espoirs d’un règlement durable.
Vue d’ensemble de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation en Syrie, à laquelle participait Geir Pedersen (à l’écran), l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Syrie.
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies consacrée à la situation syrienne, l’envoyé spécial de l’organisation, Geir O. Pedersen, a salué une série de mesures récentes jugées « historiques » : la levée annoncée des sanctions américaines par le président Trump, suivie, dans la foulée, par celles de l’Union européenne et du Royaume-Uni. « J’ai depuis longtemps plaidé en faveur de mesures audacieuses concernant les sanctions, à l’instar de millions de Syriens à l’intérieur et à l’extérieur du pays », a déclaré le diplomate norvégien, qui s’exprimait par visioconférence depuis Damas, la capitale syrienne.
Deux nouvelles instances
Cette évolution diplomatique coïncide avec les premiers jalons d’une transition menée par les autorités intérimaires, qui viennent d’annoncer la création de deux institutions clés : une Commission nationale pour la justice transitionnelle et une Commission nationale pour les personnes disparues. « La création d’un organe dédié aux personnes disparues témoigne du caractère central de cette question dans l’expérience syrienne », a souligné M. Pedersen.
Pour les proches des dizaines de milliers de victimes de la répression d’État sous al-Assad et des violences armées qui ont suivi l’éclatement, en 2011, de la révolution syrienne, il s’agit en effet d’une priorité. Le succès de ces organes, a précisé l’émissaire international, dépendra d’une coopération étroite avec les instances des Nations Unies, la société civile syrienne et, surtout, les associations de victimes et de survivants.
Plus de la moitié des Syriens ont faim
Mais sur le terrain, la situation humanitaire demeure catastrophique. Selon Ramesh Rajasingham, du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 16,5 millions de Syriens ont aujourd’hui besoin d’assistance et plus de la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire. « Plus d’une décennie de conflit a plongé 90 % de la population dans la pauvreté », a-t-il indiqué aux membres du Conseil.
Depuis le mois de novembre, près de 700.000 personnes ont été nouvellement déplacées – dont 15.000 en une seule semaine début mai, à la suite de violents affrontements dans les banlieues druzes de Damas. « La violence a terrifié les habitants », a précisé Geir O. Pedersen. Elle a fait de nombreuses victimes parmi les civils, les factions armées locales et les forces de sécurité, et provoqué des tirs de mortier dans des zones résidentielles.
Tensions intercommunautaires
Si un calme précaire semble s’être installé, les tensions restent vives. « Je demeure préoccupé par le risque de nouvelles violences et par l’érosion de la confiance que de tels événements entraînent inévitablement », a mis en garde l’envoyé spécial.
Ramesh Rajasingham (à l’écran), du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Syrie.
Dans les régions côtières, également secouées par des violences plus tôt cette année – notamment dans les bastions de la minorité alaouite, une branche de l’islam chiite dont est issu le clan al-Assad – la polarisation confessionnelle continue d’inquiéter.
Manque de fonds
À cette instabilité persistante s’ajoute une crise des financements sans précédent. Sur les deux milliards de dollars nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires durant les six premiers mois de 2025, seuls 10 % ont été mobilisés. « Des dizaines de centres communautaires et d’hôpitaux risquent de fermer dans les prochaines semaines – certains l’ont déjà fait », a averti Ramesh Rajasingham. Dans le nord-ouest du pays, 40 centres de protection sur 83 ont cessé leurs activités, tout comme 20 espaces protégés destinés aux femmes syriennes.
« Le manque de financements ne signifie pas la disparition des besoins humanitaires », a-t-il insisté. « Bien au contraire, il les exacerbe ».
L’espoir renaît
Et pourtant, une brèche s’ouvre dans le mur de l’impasse politique. L’accord du 10 mars sur le nord-est du pays est qualifié par les Nations Unies de « moment historique », tandis que la formation attendue d’un comité chargé de désigner les membres d’une nouvelle assemblée du peuple pourrait jeter les bases d’un processus législatif refondateur.
« Les défis qui se dressent devant la Syrie sont immenses », a reconnu Geir O. Pedersen. « Mais les décisions prises la semaine dernière sur la levée des sanctions offrent aux Syriens une meilleure chance de réussir, contre toute attente ».
Reste à savoir si cette fragile conjonction d’efforts diplomatiques et de volonté politique pourra se traduire en paix durable.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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