Sous-estimées, les tempêtes de sable et de poussière font pourtant des ravages, en ignorant les frontières

C’est là la quantité de sable et de poussière qui pénètre l’atmosphère chaque année, selon le rapport annuel de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) sur les tempêtes qui dispersent ces particules sans tenir compte des frontières à travers le monde entier.

Bien que la quantité de poussière ait légèrement diminué en 2024, l’impact sur les êtres humains et les économies lui s’accroît, avertit le rapport de l’agence météorologique des Nations Unies.

Ces tempêtes obscurcissent la lumière du soleil, modifiant ainsi les écosystèmes terrestres et océaniques, et ont des conséquences profondes sur les populations et leurs économies

Plus de 330 millions de personnes dans 150 pays sont touchées par les tempêtes de sable et de poussière, ce qui entraîne des décès prématurés et d’autres conséquences sur la santé, en plus des coûts économiques élevés.

Plus qu’un simple ciel sombre et menaçant

« Les tempêtes de sable et de poussière ne se traduisent pas seulement par des vitres sales et un ciel brumeux. Elles nuisent à la santé et à la qualité de vie de millions de personnes et coûtent plusieurs millions de dollars », affirme la cheffe de l’OMM, Céleste Saulo.

Si le mouvement du sable et de la poussière est un processus météorologique naturel, la dégradation accrue des sols et la mauvaise gestion de l’eau ont, au cours des dernières décennies, exacerbé leur prévalence et leur propagation géographique.

Les particules de poussière et de sable, dont 80 % proviennent d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, peuvent être transportées sur des milliers de kilomètres traversant frontières et océans.

« Ce qui commence par une tempête au Sahara peut assombrir le ciel en Europe. Ce qui est soulevé en Asie centrale peut altérer la qualité de l’air en Chine. L’atmosphère ne connaît pas de frontières », explique Sara Basart, responsable scientifique de l’OMM, lors d’une conférence de presse sur la question à Genève.

C’est précisément ce qui s’est produit en 2024, lorsque la poussière et le sable du Sahara occidental ont voyagé jusqu’aux îles Canaries, en Espagne, et que les vents violents et la sécheresse en Mongolie ont déferlé de la poussière à Pékin et dans le nord de la Chine.

Un danger mondial de plus en plus intense 

Ces phénomènes météorologiques extrêmes ne sont pas des anomalies locales. C’est pourquoi, à l’occasion de la Journée internationale de la lutte contre les tempêtes de sable et de poussière, le Président de l’Assemblée générale, Philémon Yang, a convoqué jeudi une réunion pour attirer l’attention sur les défis auxquels sont confrontés les pays touchés et encourager des actions concrètes et coordonnées aux niveaux régional et mondial.

« Les tempêtes de sable et de poussière sont en train de devenir l’un des défis mondiaux les plus négligés mais les plus importants de notre époque », a dit, en son nom, un haut fonctionnaire, de la tribune de l’Assemblee générale.

Ces tempêtes peuvent non seulement obscurcir la lumière du soleil, modifiant ainsi les écosystèmes terrestres et océaniques, mais elles ont également des conséquences profondes sur les populations et leurs économies.

« Autrefois considérées comme saisonnières ou localisées, les tempêtes de sable et de poussière sont devenues un danger mondial persistant et de plus en plus intense », a fait valoir lors de la réunion la coprésidente de la Coalition des Nations Unies pour la lutte contre les tempêtes de sable et de poussière, Rola Dashti.

Entre 2018 et 2022, plus de 3,8 milliards de personnes ont été exposées à des particules de poussière, les régions les plus touchées ayant été exposées à la poussière 87 % du temps pendant cette même période.

Ces particules aggravent les maladies cardiovasculaires et ont d’autres effets néfastes sur la santé, entraînant 7 millions de décès prématurés chaque année, en particulier parmi les populations déjà vulnérables.

Autre « bilan humain stupéfiant » souligné par M. Yang : les tempêtes peuvent faire chuter de 20 % la production agricole dans les zones rurales, plongeant des communautés entières dans la faim et la pauvreté.

Rien qu’au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les pertes économiques liées aux tempêtes de sable et de poussière ont représenté 2,5 % du PIB régional en 2024.

Impossible d’agir seul

L’OMM appelle la communauté internationale à investir davantage dans les systèmes d’alerte précoce et le suivi des données.

« Aucun pays, aussi bien préparé soit-il, ne peut relever seul ce défi. Les tempêtes de sable et de poussière constituent une menace transfrontalière qui exige une action coordonnée, multisectorielle et multilatérale », signale Mme Dashti.

La décennie 2025-2034 a été déclarée « Décennie de lutte contre les tempêtes de sable et de poussière », ce qui pour M. Yang devrait marquer un tournant. Le Président de l’Assemblée générale exhorte les États membres à passer de la sensibilisation à l’action, et de la fragmentation à la coordination.