Réuni en session spéciale à Genève, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a entendu un nouveau cri d’alarme de M. Türk, qui dénonce la montée des violences dans la région du Kordofan, au centre du Soudan. « Tous les signes sont là : bombardements, blocus, personnes chassées de leurs foyers, mépris flagrant pour la vie des civils », a-t-il déclaré, rappelant que « le droit international ne doit pas être bafoué sous nos yeux ».
Entre le Darfour, à l’ouest, et Khartoum, à l’est, l’État pétrolifère du Kordofan du Nord s’impose désormais comme l’un des épicentres du conflit qui oppose depuis avril 2023 la milice paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR) à l’armée soudanaise. Fin octobre, les FSR ont pris le contrôle la ville de Bara, à environ 30 kilomètre d’El Obeïd, la capitale du Kordofan du Nord , désormais encerclée par les rebelles.
Un schéma prévisible
En lançant cette nouvelle alerte, M. Türk dit espère que la communauté internationale agira pour empêcher que « le scénario prévisible » d’El Fasher, la capitale du Darfour du Nord conquise fin octobre par les FSR après plus de 500 jours de siège, ne se reproduise. Malgré une vingtaine de mises en garde et la confirmation de la famine au sein la ville, le « bain de sang » qui a accompagné sa prise de contrôle par les paramilitaires n’a pas pu être évité.
Depuis, les informations qui circulent sur El Fasher ont de quoi glacer le sang : massacres de civils, exécutions à caractère ethnique, violences sexuelles – y compris des viols collectifs –, enlèvements contre rançon, détentions arbitraires et autres atrocités. « C’est un schéma que nous avons documenté à maintes reprises dans ce conflit », insiste le Haut-Commissaire aux droits de l’homme.
Des personnes ayant fui le conflit à El Fasher, au Darfour, sont installées dans des abris dans la ville avoisinante de Tawila.
Des taches de sang photographiées depuis l’espace
Les avertissements n’ont guère été suivis d’effet. « Les taches de sang sur le sol à El Fasher ont été photographiées depuis l’espace. La tache sur le bilan de la communauté internationale est moins visible, mais tout aussi accablante », a dénoncé Volker Türk. Le risque d’une répétition de cette séquence au Kordofan est désormais bien réel, prévient-il, soulignant que « la communauté internationale a clairement le devoir d’agir ». Trop de « faux-semblants et de gesticulations », dit-il, pour trop peu de mesures concrètes.
Pour le Haut-Commissaire, il est urgent d’assurer la protection des civils, de garantir un passage sûr à ceux qui fuient et de placer la reddition de comptes au cœur de toute solution politique. « Troisièmement, la communauté internationale doit prendre des mesures contre les individus et les entreprises qui alimentent cette guerre et en tirent profit. Le Soudan est pris dans une guerre par procuration pour ses ressources naturelles et ses matières premières. De nombreux pays de la région et au-delà sont impliqués », a-t-il mis en garde. Il appelle également à un renvoi du dossier soudanais devant la Cour pénale internationale et au « respect de l’embargo sur les armes ».
Des images de la guerre au Soudan (photo d’archive).
Violences sexuelles systématiques
Surya Deva, un expert indépendant du Conseil des droits de l’homme, a insisté sur l’ampleur des violences sexuelles à El Fasher. Lorsque les FSR ont pénétré dans des abris pour personnes déplacées près de l’université, elles « auraient sélectionné des femmes et des filles sous la menace d’une arme », en « auraient violées au moins 25 » et auraient forcé « plus de 100 familles » à fuir sous les tirs. « Nous sommes horrifiés par l’ampleur et la brutalité des violences sexuelles utilisées comme stratégie délibérée de domination et d’humiliation visant à détruire des communautés », a-t-elle dénoncé.
La mission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies sur le Soudan confirme : des centaines de femmes et de filles ont été violées, souvent collectivement, y compris en public, « sans crainte de représailles ou de poursuites ».
Le spectre d’un « autre El Fasher »
« Les schémas ethniques, politiques et sexistes sont flagrants : les hommes appartenant à certains groupes ethniques sont exécutés ; les femmes et les enfants sont majoritairement victimes de viols, d’enlèvements et de déplacements », a résumé Mona Rishmawi, membre de la mission d’enquête. Une « grande partie d’El Fasher est désormais une scène de crime », dit-elle, rappelant que « ces crimes ne sont pas cachés ; ils sont filmés, diffusés et même glorifiés ».
Sa mission enquête désormais sur des tactiques similaires au Kordofan, où les civils sont encerclés, l’aide humanitaire est bloquée et la famine s’installe – un enchaînement qui pourrait selon elle aboutir à « un autre El Fasher ».
Soutenue par 23 États et plus de 30 observateurs, la session spéciale du Conseil des droits de l’homme doit examiner un projet de résolution prévoyant une « condamnation ferme » des violences perpétrées par les FSR et demandant une enquête urgente sur les violations commises à El Fasher et dans la région par toutes les parties.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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