L’objectif de développement durable (ODD) numéro 3, dédié à la santé et au bien-être, prévoit notamment d’ici 2030 de réduire la mortalité maternelle et infantile, de mettre fin aux grandes pandémies, de renforcer les systèmes de santé, d’élargir l’accès aux soins et de promouvoir la santé mentale.
Or, selon un rapport annuel de progression publié cette semaine, un tiers seulement des cibles de l’ODD 3 sont en bonne voie ou progressent modérément. Le reste évolue de manière marginale, voire stagne.
Alors que le forum politique de haut niveau sur le développement durable – une instance annuelle de suivi de l’Agenda 2030 – se réunit du 14 au 23 juillet au siège de l’ONU à New York, les représentants des États membres accusent le coup du bilan contrasté des progrès accomplis en matière de santé mondiale.
Un net coup de frein après vingt ans de progrès
Entre 2000 et 2019, les indicateurs étaient encourageants : la mortalité maternelle et infantile avait chuté, le taux d’incidence du VIH baissé, et l’espérance de vie en bonne santé s’était allongée de cinq ans. Mais la pandémie de coronavirus”>COVID-19 a inversé certaines de ces avancées, réduisant l’espérance de vie mondiale de 1,8 an, et perturbant l’ensemble des efforts engagés.
Les maladies infectieuses et non transmissibles restent les deux grandes menaces. La tuberculose est redevenue en 2023 la première cause de décès liée à un agent infectieux, devant la COVID-19, tandis que les maladies non transmissibles – cancers, diabète, maladies cardiovasculaires – continuent de tuer plus de la moitié des personnes de moins de 70 ans dans le monde.
Mortalité maternelle et infantile : le progrès patine
Le taux de mortalité maternelle mondial a reculé de 228 à 197 décès pour 100.000 naissances entre 2015 et 2023. Mais cela reste près de trois fois supérieur à la cible fixée par les Nations Unies. Pour espérer l’atteindre d’ici 2030, il faudrait une réduction annuelle de 14,8 % – un rythme très éloigné des tendances actuelles. L’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud concentrent 87 % des décès maternels, et peu de progrès y ont été enregistrés depuis 2015.
Même constat du côté de la mortalité infantile : bien que le taux des décès des moins de 5 ans ait chuté à 37 pour 1.000 naissances vivantes, le rythme des progrès ralentit fortement. L’écart entre pays riches et pauvres demeure abyssal : un enfant né en Afrique subsaharienne a dix-huit fois plus de risques de mourir avant son cinquième anniversaire qu’un enfant né en Australie ou en Nouvelle-Zélande.
Un infirmier reçoit une patiente séropositive dans un centre de santé à Namayingo, en Ouganda.
VIH, tuberculose, paludisme : des résultats fragiles
Les efforts contre le VIH/sida ont permis de diviser par deux les décès liés à la maladie depuis 2010. Mais 9,3 millions de personnes n’avaient toujours pas accès aux traitements vitaux en 2023, dont une majorité en Afrique. Et les financements chutent : la suspension de l’aide américaine en janvier 2025 menace directement l’accès aux traitements dans 55 pays, principalement africains.
La tuberculose, elle, continue de frapper : 10,8 millions de cas en 2023, majoritairement dans 30 pays à forte charge. Si les décès sont repassés sous le seuil d’avant la pandémie (1,25 million), la baisse de l’incidence reste insuffisante pour atteindre l’objectif mondial d’ici 2030.
Le paludisme gagne du terrain : 263 millions de cas estimés en 2023 contre 226 millions en 2015. En cause : des lacunes persistantes dans la prévention. Plus de 40 % des femmes enceintes et des enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne n’ont pas accès aux moustiquaires imprégnées, pourtant essentielles.
Les maladies non transmissibles en tête des décès prématurés
En 2021, 18 millions de personnes de moins de 70 ans sont mortes de maladies non transmissibles. Si le risque de décès prématuré avait diminué dans les années 2000, les progrès ont stagné depuis 2020. À ce rythme, l’objectif onusien d’une réduction d’un tiers d’ici 2030 ne sera pas atteint.
La consommation de tabac, bien que globalement en baisse (–118 millions de fumeurs depuis 2005), reste préoccupante. Environnementalement, les mégots représentent la deuxième source mondiale de pollution plastique, et la culture du tabac contribue à la déforestation et aux émissions de CO₂. Côté alcool, la consommation moyenne a diminué, mais les effets sanitaires restent considérables, notamment en Afrique et en Europe.
Santé mentale : les taux de suicide reculent, mais des régions inquiètent
Le nombre de suicides dans le monde est passé de 12,5 à 9,2 pour 100.000 habitants entre 2000 et 2021. Mais certaines régions connaissent une hausse inquiétante, notamment l’Amérique du Nord (+33 %) et l’Amérique latine (+25 %). Les personnes vivant dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires représentent 73 % des décès par suicide. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à un sursaut politique, en s’appuyant sur des campagnes de prévention ciblées.
Une infirmière s’occupe d’adolescentes enceintes dans une clinique mobile soutenue par l’UNFPA dans le village de Namalyo, en Zambie.
Contraception, natalité adolescente et vaccination : progrès inégaux
La proportion de femmes dont les besoins en contraception sont couverts par des méthodes modernes atteint désormais 77,2 % à l’échelle mondiale, avec des progrès notables en Afrique subsaharienne. La natalité chez les adolescentes a également reculé, passant de 13,9 à 12,4 millions de naissances par an entre 2015 et 2024.
Mais les programmes de vaccination infantile restent affectés par la pandémie. La couverture pour le vaccin DTC3 stagne à 84 %, en deçà des niveaux d’avant 2020. La couverture vaccinale contre le papillomavirus, pourtant cruciale pour prévenir le cancer du col de l’utérus, reste très faible. Les épidémies de rougeole, elles, se multiplient dans de nombreux pays, faute d’une couverture suffisante.
Un financement en baisse, une main-d’œuvre toujours insuffisante
L’aide publique au développement consacrée à la santé a chuté de 39 % entre 2022 et 2023, passant de 22,1 à 13,4 milliards de dollars. Les pays les moins avancés ont reçu 5,5 milliards, soit 40 % de l’enveloppe totale, en baisse de 20 %. Parallèlement, le monde compte désormais plus de 70 millions de professionnels de santé, mais la pénurie reste aiguë : 14,7 millions de postes manquent à l’appel, surtout en Afrique.
Cinq ans pour redresser la trajectoire
Ce tableau en demi-teinte met en lumière les fractures persistantes en matière de santé mondiale. Alors que l’Agenda 2030 entre dans sa dernière phase, les Nations Unies appellent à des investissements audacieux, une action fondée sur l’équité et un renforcement massif des soins primaires.
Sans accélération forte des efforts, 30 millions d’enfants pourraient mourir avant leur cinquième anniversaire d’ici 2030. Et des millions d’autres – femmes, adolescents, personnes vivant avec le VIH ou exposées aux maladies chroniques – resteront en marge des soins essentiels. Le monde a cinq ans pour inverser la tendance.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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