La région concentre désormais une attaque terroriste sur cinq dans le monde et plus de la moitié des victimes liées au terrorisme – un basculement spectaculaire du centre de gravité mondial de la violence extrémiste.
Les données compilées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) donnent la mesure de cette évolution : 450 attaques terroristes recensées entre janvier et novembre 2025, « causant plus de 1 900 morts », a souligné mardi le chef de son instance exécutive, Omar Alieu Touray, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. Le Sahel central concentre l’essentiel des violences, mais le phénomène a désormais gagné l’ensemble de la région. « Aucune zone de l’Afrique de l’Ouest n’est à l’abri », insiste-t-il.
De fait, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) continuent d’étendre leur influence au-delà du Niger, du Mali et du Burkina Faso. « Plusieurs pays côtiers sont désormais menacés », a noté le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, qui participait aussi à la réunion du Conseil.
Parallèlement, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), Boko Haram et Lakurawa restent actifs dans le bassin du lac Tchad, notamment au Niger et au Nigéria. « Nous faisons face au risque d’un effet domino dévastateur dans toute la région », a mis en garde M. Guterres.
Un soldat nigérien garde un emplacement stratégique à Ouallam, au Niger.
Un paysage humain et économique bouleversé
L’extension des attaques se traduit par des déplacements massifs – près de quatre millions de personnes ont fui leur foyer au Burkina Faso, au Mali, au Niger et dans les pays voisins. À cette hémorragie humaine s’ajoute une crise éducative et sanitaire d’ampleur : 14 800 écoles fermées, plus de 900 centres de santé hors d’usage. Derrière ces chiffres, des communautés entières s’effondrent, privées de services essentiels.
Ce recul n’est pas uniquement militaire. Selon la CEDEAO, les groupes armés ont ouvert un nouveau front en s’attaquant à la chaîne d’approvisionnement régionale. « En limitant l’approvisionnement et la distribution de produits essentiels comme le carburant », ils mènent, dit Omar Alieu Touray, « une véritable guerre économique ». Là où le carburant manque, les marchés ralentissent, les transports s’arrêtent, les hôpitaux rationnent leurs activités et les opérations humanitaires peinent à atteindre les zones isolées.
C’est notamment le cas au Mali, où une pénurie aiguë de carburant provoquée par un blocus djihadiste du GSIM, affilié à Al-Qaïda, nourrit la crise humanitaire. António Guterres avait averti que si cette situation perdurait dans le pays, « les conséquences pourraient être mortelles pour les personnes qui dépendent de ces programmes vitaux ».
Des groupes armés plus mobiles, mieux équipés
Pour de nombreux dirigeants ouest-africains, l’un des changements les plus préoccupants réside dans l’évolution tactique et matérielle des groupes extrémistes. Au Conseil, le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, a résumé la situation sans détour : appuyés par « des réseaux criminels et un armement sophistiqué », ces groupes « sont souvent mieux armés que les forces nationales et exploitent la porosité des frontières ».
Cette supériorité relative, combinée à une géographie qui offre des refuges naturels, permet aux groupes armés d’ouvrir des fronts multiples, de perturber les routes commerciales et de tester les défenses des pays côtiers.
Des millions de personnes sont toujours déplacées au Nigéria en raison des conflits, des effets du changement climatique et des catastrophes naturelles. Sur cette photo d’archive, une fille transporte de l’eau jusqu’à son abri dans un camp de personnes déplacées dans le nord-est du pays.
Le spectre d’un sanctuaire extrémiste au Sahel
La perspective d’un ancrage durable inquiète au plus haut point les capitales de la région. « Si nous n’agissons pas avec détermination, le Sahel pourrait devenir un sanctuaire permanent pour les enclaves extrémistes, à quelques heures seulement des grandes métropoles mondiales », prévient Julius Maada Bio. Le message résonne au-delà du continent : une instabilité durable dans le Sahel aurait des répercussions sécuritaires bien au-delà de l’Afrique de l’Ouest.
Le chef d’État estime que les réponses militaires, bien que nécessaires, restent insuffisantes. Il plaide pour un renforcement du partage de renseignements, des capacités de surveillance et de la mobilité aérienne – des lacunes récurrentes qui handicapent les armées nationales.
Tentatives de recomposition régionale
Pour enrayer la spirale, la CEDEAO veut accélérer le déploiement de sa Force en attente. Son activation a été approuvée en août 2025, mais la mise en œuvre demeure largement entravée par un manque de financement. Le mécanisme imaginé – ressources propres régionales, appui de partenaires et financement onusien – est jugé pertinent mais souffre de lenteurs administratives et budgétaires.
Julius Maada Bio propose, lui, de bâtir un pacte CEDEAO–ONU–Union africaine, présenté comme « un mécanisme de coordination visant à harmoniser sécurité, gouvernance et action humanitaire ». La Confédération des États du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger), aujourd’hui en rupture avec la CEDEAO, pourrait, selon lui, compléter plutôt que concurrencer les cadres existants.
« Les transitions politiques ne doivent jamais entraver la coopération en matière de sécurité partagée », insiste-t-il, rappelant que la CEDEAO maintiendra « ses portes ouvertes » à ces trois pays.
Un défi qui dépasse la seule sécurité
Au-delà des opérations militaires, les responsables de la région appellent à une réponse plus large. António Guterres insiste sur la nécessité de restaurer les fondations sociales et économiques : « Les terroristes prospèrent là où le contrat social est rompu ». Là où l’État disparaît, où les services publics se délitent, où les jeunes n’entrevoient plus de perspective, l’extrémisme trouve un terrain fertile.
La reconstruction d’institutions fiables, le renforcement de l’éducation, des infrastructures, de la santé, l’adaptation climatique et la création d’opportunités économiques apparaissent désormais comme des composantes essentielles d’une stratégie de sortie de crise.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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