Parmi ces enfants, plus de 1,3 million souffrent déjà de la forme de malnutrition la plus grave, qui engage directement le pronostic vital, indiquent de nouvelles données du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un groupe d’experts internationaux faisant autorité sur la question. La crise touche également les adultes les plus vulnérables. Environ 1,5 million de femmes enceintes ou allaitantes devraient souffrir de malnutrition et nécessiter un traitement sur la même période.

Une offensive du M23 qui bouleverse l’équilibre régional

Cette dégradation humanitaire s’inscrit dans un contexte sécuritaire en pleine recomposition dans l’est du pays. Le M23, un groupe armé se réclamant de la défense des tutsis congolais, a lancé ces derniers jours une nouvelle offensive dans la province du Sud-Kivu, s’emparant de plusieurs localités, dont Uvira, tombée le 9 décembre à l’issue de combats intenses.

Située sur les rives du lac Tanganyika, Uvira avait récemment été érigée en chef-lieu provisoire du Sud-Kivu, après la prise de Bukavu par les rebelles en février, dans le cadre d’une campagne militaire fulgurante engagée en début d’année. La stratégie d’expansion territoriale du M23 lui a permis de prendre le contrôle de nombreuses villes du Sud-Kivu, mais aussi du Nord-Kivu voisin, notamment Goma, la principale ville de la province. Une avancée méthodique qui déplace les lignes de front et fragilise davantage l’autorité de l’État congolais dans une région déjà minée par des décennies de conflit.

Des corps enterrés avec l’aide du personnel de l’OMS, en février 2023, au lendemain de la prise de Goma par le M23, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Une escalade militaire malgré les initiatives diplomatiques

Le 12 décembre, le chef du maintien de la paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, a indiqué devant le Conseil de sécurité que la prise d’Uvira s’était accompagnée « d’une escalade militaire de grande ampleur », opposant les combattants du M23 — avec le soutien présumé des forces armées rwandaises — à l’armée congolaise, appuyée par des militaires burundais et par les groupes d’autodéfense Wazalendo, alliés au gouvernement de Kinshasa.

La reprise des combats est intervenue au lendemain de la conclusion, le 4 décembre à Washington, d’un accord de paix entre le président congolais, Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais, Paul Kagame, signé sous l’égide du président américain Donald Trump. Cet accord faisait suite à plusieurs avancées diplomatiques récentes, dont un accord-cadre signé le 15 novembre à Doha entre la RDC et le M23, ainsi que la mise en place, en octobre, d’un mécanisme conjoint de surveillance du cessez-le-feu entre Kinshasa et le groupe rebelle. Ces initiatives multiples avaient nourri l’espoir d’une désescalade, rapidement démenti par les événements sur le terrain.

Des déplacements massifs et une crise immédiate

Les conséquences humanitaires de cette nouvelle phase du conflit sont immédiates. Les combats dans le Sud-Kivu ont entraîné la suspension des activités humanitaires dans les villes de Fizi et Baraka, situées à environ 80 kilomètres d’Uvira. Depuis le 8 décembre, les autorités locales estiment qu’environ 110 000 personnes ont fui vers d’autres zones de la province, tandis que des milliers d’autres ont franchi les frontières vers le Burundi, et, pour certains, poursuivi leur route vers la Tanzanie.

La plupart des familles déplacées s’abritent dans des espaces publics, sans accès régulier à l’aide humanitaire. Des pillages commis par des hommes armés ont également été signalés, alimentant un climat de panique parmi les civils.

© PAM/Arete/Fredrik Lerneryd

Un enfant souffrant de malnutrition passe un examen médical de routine à Kalemie, dans la province du Tanganyika , dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Pressions diplomatiques et incertitudes sur le terrain

Face à la reprise des violences, Washington a durci le ton. Selon la presse, lundi, l’ambassadrice des États-Unis en RDC, Lucy Tamlyn, a pointé la responsabilité du Rwanda et affirmé la volonté de son pays de faire respecter l’accord de paix de Washington. « Nous examinons tous les outils possibles diplomatiques, des sanctions, ainsi que des activités bilatérales et multilatérales afin de nous assurer que les engagements pris soient respectés », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Kinshasa.

Mardi, les rebelles ont annoncé avoir accepté une demande américaine de retrait d’Uvira. Dans un message publié sur le réseau X, Corneille Nangaa, chef de et l’Alliance Fleuve Congo (AFC), la coalition armée à laquelle est affilié le M23, a affirmé que les combattants se retireraient de la ville, « conformément à la demande de médiation des États-Unis ». Reste à savoir si cette annonce se traduira par un retrait effectif et durable sur le terrain.

Une urgence alimentaire appelée à s’aggraver

À l’échelle nationale, près de 25 millions de personnes, soit plus d’un cinquième de la population congolaise, connaissent déjà des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. Trois territoires de l’Est — Djugu et Mambasa, en Ituri, et Masisi, au Nord-Kivu — ont récemment atteint à un seuil d’« urgence ».

Les projections pour le premier semestre 2026 sont encore plus préoccupantes. « Cette situation, combinée à la réduction prévue de l’aide alimentaire humanitaire, exposera les populations vulnérables à un risque accru d’insécurité alimentaire aiguë », s’inquiètent les experts.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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