L’explosion avait réduit sa maison en poussière, emportant avec elle les instruments fragiles de son autonomie.
Alors, ce vendredi 13 octobre, quand il a fallu partir sous une pluie de bombes, sa famille n’a eu d’autre choix que de la porter à bout de bras. En chemin, voyant ses parents gagnés par la fatigue, l’adolescente les a suppliés de l’abandonner.
« Je me suis assise au milieu de la route, en pleurs », se souvient-elle. « Je leur ai dit d’avancer sans moi ».
Sur le coup, sa mère avoue avoir hésité. Encore aujourd’hui, sa voix se brise en évoquant ce choix impossible : « Fallait-il m’arrêter en plein bombardement ou laisser Ghazal et continuer à marcher ? ».
Plus d’un an et demi plus tard, ce témoignage recueilli par le Comité des droits des personnes handicapées, avec l’appui de Human Rights Watch, illustre la détresse des plus vulnérables dans une enclave où deux millions d’habitants sont pris dans un exode sans fin. Plus de 86 % du territoire est désormais soumis à des ordres d’évacuation israéliens ou transformé en zone militarisée.
Des abris indignes et insalubres
Les travailleurs humanitaires parlent aujourd’hui de « conditions désastreuses » pour les personnes déplacées.
Selon un rapport de plusieurs agences onusiennes, dont l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’UNRWA, qui s’occupe des réfugiés palestiniens, l’espace vital moyen dans les abris de fortune et centres d’accueil n’est que de 0,5 m² par personne.
Ces sites surpeuplés s’emplissent de débris et de déchets. « Les températures élevées ont exacerbé ces conditions insalubres, entraînant une infestation généralisée de rongeurs et d’insectes », relève le document.
La nuit, l’absence d’éclairage rend les camps dangereux, en particulier pour les femmes et les enfants, qui n’osent pas sortir pour accéder aux toilettes. « Les risques d’accidents, de harcèlement et de problèmes liés à la protection sont accrus », soulignent les agences.
Des dizaines de milliers de nouveaux déplacés
Le 26 août, un nouvel ordre de déplacement a visé deux quartiers densément peuplés de la ville de Gaza, dans le nord de l’enclave, où l’armée israélienne s’apprête à lancer une offensive de grande ampleur. Depuis la mi-août, plus de 82.000 nouveaux déplacements ont été recensés, dont plus d’un tiers vers le sud.
Mais là encore, les capacités d’accueil sont saturées. Les humanitaires estiment que la ville de Khan Younis et la zone centrale de Gaza ne peuvent héberger qu’environ 160.000 personnes dans des conditions minimales. Plusieurs sites s’y trouvent déjà en zones militarisées, exposés aux risques d’inondations et à une promiscuité extrême.
« Il est difficile d’imaginer que les choses puissent encore s’aggraver dans un tel scénario. Et pourtant, nous en sommes là », a alerté mercredi Tess Ingram, porte-parole de l’UNICEF.
L’agence de l’ONU pour l’enfance met en garde contre « l’intensification inconcevable » des opérations militaires dans la ville de Gaza et « la tragédie que cela représenterait pour près d’un million de personnes qui y ont trouvé refuge ».
Une femme en fauteuil roulant est transportée à travers les décombres à Gaza.
Les personnes handicapées en première ligne
Pour les personnes vivant avec un handicap, la survie tient souvent à un fil. Le Comité des droits des personnes handicapées, basé à Genève, fait état de personnes contraintes de fuir dans des conditions aussi indignes que dangereuses, « en rampant dans le sable ou bien la boue sans aide à la mobilité ».
D’après un rapport publié mercredi par les experts du comité, 83 % d’entre elles auraient perdu, à l’instar Ghazal, leurs appareils fonctionnels – fauteuils roulants, prothèses – sans possibilité de remplacement.
Les discriminations dans l’accès à l’aide, dont les sites de distribution sont souvent éloignés, frappent particulièrement les femmes handicapées, ainsi que les personnes âgées, confrontées à des obstacles spécifiques liés à leur sécurité.
La question est d’autant plus criante que, selon l’observateur permanent de la Palestine à Genève, Ibrahim Khraishi, le taux de handicap a fortement augmenté depuis le début de la guerre, en raison de « l’usage délibéré de la force par les forces d’occupation israéliennes ».
Mais pour une Ghazal sauvée par ses parents, à la force du poignet, combien d’autres ont péri, abandonnés – enfants, malades, personnes âgées – incapables de ramper assez loin pour échapper aux bombes ?
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
To submit your press release: (https://www.globaldiasporanews.com/pr).
To advertise on Global Diaspora News: (www.globaldiasporanews.com/ads).
Sign up to Global Diaspora News newsletter (https://www.globaldiasporanews.com/newsletter/) to start receiving updates and opportunities directly in your email inbox for free.