Quatre ans après la prise de Kaboul par les Talibans le 15 août 2021, l’agence pour l’égalité des sexes, ONU Femmes, alerte sur la situation des femmes et des filles en Afghanistan, qui est de plus en plus intenable.

Sans action urgente, cette réalité intenable se normalisera et les femmes et les filles seront totalement exclues.

« Les Talibans sont plus proches que jamais de concrétiser leur vision d’une société qui exclut complètement les femmes de la vie publique », a déclaré ONU Femmes dans un communiqué de presse publié lundi.

Cet avertissement intervient alors que la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) publie son dernier rapport sur la situation des droits humains entre mai et juin, détaillant le durcissement des réglementations à l’encontre des femmes et les menaces de mort proférées contre les travailleuses humanitaires.

Une société qui leur est hostile

Les décrets adoptés par les Talibans, qui restreignent les droits des femmes et des filles, s’entremêlent pour créer un cycle inexorable qui relègue les femmes dans l’espace privé et accroît leur vulnérabilité.

Dans la plupart des cas, y compris pour les travailleuses humanitaires, les femmes ne sont pas autorisées à se déplacer librement dans l’espace public sans être accompagnées d’un mahram, ou tuteur masculin.

Dans son rapport, la MANUA a constaté un changement dans l’application des exigences relatives au mahram : les autorités talibanes de facto ont donné pour instruction aux entreprises privées et aux cliniques de refuser les services à toutes les femmes non accompagnées d’un mahram.

Dans certaines régions, les autorités ont également commencé à appliquer strictement la réglementation relative au hijab, notamment en exigeant des femmes qu’elles portent un tchador, un voile intégral. À Hérat, si elles ne le font pas, les femmes sont interdites d’accès aux espaces publics.

Sans opportunités

Outre les entraves à la circulation des femmes dans l’espace public, les Talibans ont également interdit aux femmes et aux filles l’accès à l’enseignement secondaire et supérieur.

Ces deux décrets combinés ont de profondes répercussions à tous les niveaux de la société. Désormais, non seulement il est pratiquement impossible pour les femmes d’obtenir un diplôme, mais il leur est également extrêmement difficile d’obtenir un emploi et de suivre des formations.

En conséquence, plus de 78 % des femmes afghanes ne sont ni scolarisées, ni employées, ni en formation.

Cela signifie que près de la moitié de la population active ne contribue pas significativement à l’économie, un problème majeur pour un pays dont l’économie a été dévastée par les sanctions et les chocs climatiques.

Le rapport de la MANUA souligne que les autorités de facto continuent d’affirmer que l’islam autorise les femmes à travailler, même si d’autres décrets semblent les décourager.

Un cercle vicieux

Mais l’économie n’est pas la seule à souffrir. Dans certains cas, ces décrets peuvent être une question de vie ou de mort.

« Les conséquences sont dévastatrices. Les femmes vivent moins longtemps et en moins bonne santé », a déclaré l’agence onusienne.

Prenons l’exemple des soins de santé. Si les femmes ne sont pas autorisées à accéder à l’enseignement supérieur, elles ne peuvent pas devenir médecins. Et si elles n’ont pas le droit de se faire soigner par des médecins hommes – ce qui est le cas dans certaines régions –, elles ne peuvent pas espérer vivre en bonne santé.

ONU Femmes estime que les obstacles à l’accès aux soins de santé pour les femmes en Afghanistan augmenteront la mortalité maternelle de 50 % d’ici 2026.

Le mariage d’enfants est également de plus en plus fréquent et les femmes sont de plus en plus victimes de violences, à l’intérieur comme à l’extérieur de leur foyer. Dans certains cas, ce sont les autorités de facto qui ont participé aux mariages forcés ou les ont imposés.

Solidarité en Afghanistan

La voix des femmes n’est pas seulement exclue en public : 62 % d’entre elles estiment ne pas pouvoir influencer les décisions à la maison. Cette situation s’inscrit dans un contexte de restriction générale du droit d’expression, avec la fermeture de nombreux médias privés et la surveillance des comptes sur les réseaux sociaux, selon le rapport de la MANUA.

ONU Femmes souligne que, malgré le peu d’espoir qu’elles ont, les Afghanes restent résilientes. Elles continuent de rechercher des moments de solidarité et d’espoir pour un avenir différent.

En mai, certaines femmes travaillant pour l’ONU ont reçu des menaces de mort explicites en raison de leur travail, mais elles continuent de fournir des services vitaux.

Une femme, dont l’organisation de leadership local a perdu tout son financement en 2022, continue d’œuvrer pour soutenir les femmes à petite échelle.

« Je continuerai à être forte en tant que femme et à soutenir d’autres femmes afghanes. Je me rends dans les régions reculées pour recueillir leurs témoignages, écouter leurs problèmes et cela leur donne de l’espoir. Je fais de mon mieux et cela me donne aussi de l’espoir », a-t-elle déclaré.

Un précédent dangereux

Au total, depuis 2021, près de 100 décrets limitant la mobilité des femmes et des filles dans la société ont été promulgués et appliqués. En quatre ans, aucun n’a été annulé.

Susan Ferguson, Représentante d’ONU Femmes en Afghanistan, a déclaré que cette absence de progrès doit être comprise au-delà du contexte afghan.

« Il ne s’agit pas seulement des droits – et de l’avenir – des femmes et des filles afghanes. Il s’agit de ce que nous défendons en tant que communauté mondiale », a dit Mme Ferguson.

« Si nous laissons les femmes et les filles afghanes être réduites au silence, nous enverrons le message que les droits des femmes et des filles du monde entier sont jetables. Et c’est un précédent extrêmement dangereux ».

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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