Près de 30 enfants tués au quotidien. C’est le chiffre glaçant avancé mercredi par Catherine Russell, la directrice exécutive de l’Unicef. « Imaginez cela : une classe d’enfants décimée, jour après jour, depuis près de deux ans ».
Son intervention, prononcée devant le Conseil de sécurité de l’ONU, aux côtés de Tom Fletcher, le chef de l’humanitaire de l’organisation, a posé des mots clairs sur une tragédie que beaucoup peinent encore à nommer, celle d’un million d’enfants palestiniens qui survivent sans eau potable, sans soins, sans abris – et souvent sans famille.
« Les enfants ne sont pas des acteurs politiques. Ils ne déclenchent pas les guerres, et ne peuvent les arrêter. Mais ils en subissent cruellement les conséquences, et se demandent pourquoi le monde les a abandonnés. Et il faut le dire clairement : nous les avons abandonnés », a martelé Mme Russell.
Des gens meurent en tentant de nourrir leur famille
« La nourriture vient à manquer. Ceux qui la cherchent risquent d’être abattus. Des gens meurent en tentant de nourrir leur famille », a quant à lui rapporté M. Fletcher.
Ces dernières semaines, des frappes israéliennes ont visé des files d’attente. Des points de distribution ont été le théâtre de bousculades mortelles. Une dizaine de personnes, dont sept enfants, ont été tuées alors qu’elles allaient chercher de l’eau. À Deir al-Balah, une frappe a tué quinze Palestiniens, dont neuf enfants, qui attendaient des compléments nutritionnels.
Sur son lit d’hôpital, Donia, grièvement blessée, serrait contre elle la chaussure de son fils Mohammed, un an, tué dans ce dernier incident quelques heures après avoir prononcé ses premiers mots. Ce récit, relayé par l’Unicef, incarne l’indicible. « La vérité est simple : nous sommes en train de trahir les enfants de Gaza. Et à travers leurs yeux, notre inaction est une trahison de leur droit d’être enfants… L’Histoire nous jugera sévèrement. Et les enfants aussi », a averti la cheffe de l’agence.
Un système de santé à l’agonie
Les infrastructures de santé sont au bord de l’effondrement. « Cinq nouveau-nés partagent une même couveuse. 70 % des médicaments essentiels sont en rupture de stock », a détaillé Tom Fletcher. Plus de 12.000 patients – dont des enfants – ont besoin d’être évacués. Mais trop peu de pays acceptent de les accueillir.
L’accès aux soins néonatals a chuté de 70 %. Les hôpitaux, débordés, sont confrontés à des pénuries de carburant et de médicaments. Certaines salles d’opération sont plongées dans le noir.
Les maladies prolifèrent. En juin, près de 6.000 enfants ont été diagnostiqués comme souffrant de malnutrition aiguë – soit une hausse de 180 % par rapport à février. Les maladies hydriques représentent désormais presque la moitié des consultations. Le personnel de l’Unicef intervient face à une épidémie de méningite qui touche des nourrissons.
Une aide entravée
Entre le 19 mai et le 14 juillet, seuls 1.633 camions ont été autorisés par Israël à franchir les points de passage vers Gaza – bien en-deçà des besoins pour deux millions de personnes. « Ce que nous parvenons à faire aujourd’hui n’est qu’une goutte d’eau dans un océan de besoins », a déploré M. Fletcher.
Les travailleurs humanitaires affrontent des restrictions croissantes. « Les civils sont exposés à la mort, aux blessures, aux déplacements forcés, à l’humiliation », a dénoncé le responsable. Visas refusés, carburant bloqué, autorisations suspendues : l’aide n’arrive qu’au compte-gouttes.
Et pourtant, les agences onusiennes ont montré que cela était possible. Lors de la trêve rompue au mois de mars, plus de 400 points de distribution avaient été ouverts. « Nous avons prouvé que des produits essentiels – médicaments, vaccins, eau, nourriture – peuvent parvenir à ceux qui en ont besoin, où qu’ils soient, lorsque nous avons un accès adéquat », a-t-elle souligné.
Un cri contre l’impunité
Tom Fletcher a cité des propos de responsables israéliens ayant qualifié l’aide humanitaire de « décision catastrophique », voire suggéré que la famine était « justifiée et morale » tant que les otages du pays ne seraient pas libérés. « Intentionnellement utiliser la famine comme méthode de guerre constituerait bien sûr un crime de guerre », a-t-il affirmé.
Les deux responsables ont appelé Israël à réviser sa façon de faire la guerre, tout en exhortant le Hamas à libérer tous les otages sans condition. « Toutes les parties au conflit doivent convenir d’un cessez-le-feu sans délai », a lancé Catherine Russell, appelant aussi les États membres à « exercer toute leur influence pour désamorcer le conflit ».
« Nous devons faire mieux », a conclu la directrice de l’Unicef. À ce stade, faire mieux, c’est tout simplement agir.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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