Depuis, le temps a passé, mais les interrogations demeurent. Les analyses scientifiques, elles, ne laissent guère de doute sur l’ampleur du désastre écologique. Selon une étude coordonnée par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), en janvier dernier, l’incident a provoqué le plus grand rejet de méthane d’origine humaine jamais enregistré. 

Aux dires de Miroslav Jenča, le Secrétaire général adjoint pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, les fuites de gaz occasionnées par les gazoducs Nord Stream 1 et 2 sont désormais estimées entre 445.000 et 485.000 tonnes. « C’est plus du double des premières évaluations », a-t-il précisé mardi, lors d’une réunion du Conseil de sécurité convoquée par la Russie pour faire le point sur la question. Le haut responsable onusien indique que ces rejets équivalent aux émissions de « 8 millions de voitures circulant pendant un an ».

Lenteur judiciaire

Sur le plan judiciaire, la lenteur domine. Quoique les fuites s’étaient produites dans les eaux internationales de la Baltique, elles étaient situées dans les zones économiques exclusives danoise et suédoise. Les deux pays, ainsi que l’Allemagne – le destinataire du gaz russe – avaient annoncé l’ouverture de trois enquêtes nationales distinctes. 

M. Jenča indique que le Danemark et la Suède ont clos leurs investigations. Le parquet fédéral de Berlin continue quant à lui de traiter l’affaire comme un cas de « sabotage anticonstitutionnel » et de « provocation intentionnelle d’explosion », deux crimes graves inscrits dans le code pénal allemand. Une arrestation a été annoncée la semaine dernière : un ressortissant ukrainien interpellé en Italie, en vertu d’un mandat d’arrêt européen.

C’est sur ce terreau d’incertitudes qu’est revenu le Secrétaire général adjoint, à l’insistance de Moscou, dont il s’agissait de la huitième demande de réunion sur le sujet. « Les Nations Unies ne disposent d’aucun élément supplémentaire et ne sont pas en mesure de vérifier ou de confirmer les affirmations ou rapports relatifs à cet événement », a-t-il confié, s’en tenant au rôle de greffier impartial d’un dossier qui échappe visiblement aux Nations Unies.

Moscou dénonce l’obstruction occidentale

La Russie, de son côté, n’a de cesse de dénoncer une obstruction occidentale. En mars 2023, elle avait tenté, sans succès, d’imposer une enquête internationale par le biais d’une résolution, puis d’une déclaration, toutes deux bloquées par les États-Unis et leurs alliés. En octobre 2024, elle avait réclamé une nouvelle fois d’être associée aux investigations nationales, là encore sans obtenir gain de cause.

Mardi, au Conseil, le représentant russe a une nouvelle fois accusé les Occidentaux de rester volontairement opaques pour « cacher la vérité », tout en moquant la thèse allemande imputant le sabotage à un petit groupe de plongeurs ukrainiens. 

« En mer Baltique, une équipe de néophytes aurait donc plongé à des dizaines de mètres de profondeur pour poser des explosifs autour de gazoducs protégés par une technologie de pointe ? », a-t-il ironisé. Et d’accuser : « Les Américains et les Allemands ont des informations précises sur les vrais auteurs et commanditaires de ce crime ».

Copenhague dénonce une perte de temps

Agacé par ce qu’il a qualifié de perte de temps, le représentant du Danemark a jugé « hypocrite » la posture de Moscou, qui réclame des réunions sur Nord Stream tout en « attaquant systématiquement et en décimant les infrastructures essentielles de l’Ukraine ». Avant de conclure : « La guerre d’agression russe est la seule urgence du Conseil, car elle constitue une réelle menace à la paix et à la sécurité internationales ».

Miroslav Jenča, lui, s’est voulu plus large : « Tout dommage intentionnel causé à des infrastructures civiles critiques est extrêmement préoccupant. De tels actes doivent être condamnés et faire l’objet d’enquêtes », a-t-il dit. Appelant à « éviter toute politisation » dans un climat de rivalités exacerbées, il a exhorté les États à privilégier « la coopération, la confiance et le dialogue ».

Mais à mesure que le temps passe, le sabotage de Nord Stream semble se transformer en énigme politique autant que judiciaire. Une affaire où l’opacité des enquêtes se mêle à l’instrumentalisation diplomatique, laissant planer le doute sur une vérité dont les seuls témoins sont pour l’heure les profondeurs de la Baltique.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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