Rien qu’en 2024, l’ONU a recensé environ 4.500 cas de violences sexuelles liées aux conflits, mais le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé. Une écrasante majorité (93 %) des survivant.e.s étaient des femmes et des filles.
En vertu du droit international, les violences sexuelles liées aux conflits sont reconnues comme un crime de guerre, un crime contre l’humanité et un acte pouvant être un élément constitutif d’un génocide. Leur impact durable sape les efforts visant à instaurer une paix durable.
« Longtemps après le retrait des soldats et la signature de traités, le viol continue de porter atteinte aux corps et aux esprits, aux relations et à la réputation, aux familles et aux communautés. Certains chercheurs ont donc qualifié la violence sexuelle de tactique de guerre la plus durable », a affirmé jeudi la Représentante spéciale de l’ONU qui lutte conte cette pratique et défend ses victimes, Pramila Patten.
« Les conséquences des violences sexuelles liées aux conflits sont durables et bouleversantes. Elles se manifestent par des traumatismes physiques et psychologiques, le VIH, les infections sexuellement transmissibles, des grossesses non désirées et à risque, la pauvreté et l’exclusion socio-économique, l’ostracisme et les représailles, souvent liés aux codes sociaux de l’honneur, de la honte et de la culpabilisation des victimes », a expliqué Mme Patten lors d’un événement organisé à l’ONU pour marquer la Journée internationale pour éliminer ce fléau. « Il est crucial d’assurer des soins centrés sur les survivant.e.s, tenant compte des traumatismes vécus, pour éviter des préjudices supplémentaires ».
Tactique de guerre
Dans de nombreux conflits, la violence sexuelle « est utilisée pour terroriser, punir, mais aussi humilier les civils, en particulier les femmes et les filles », a déclaré Esméralda Alabre, coordinatrice de la réponse de l’agence des Nations Unies pour la santé reproductive et sexuelle (UNFPA) à la violence sexiste au Soudan, lors d’un entretien avec ONU Info.
Mais les dommages ne s’arrêtent pas aux survivant.e.s. La violence sexuelle en temps de conflit est souvent utilisée pour déchirer les communautés et saper la cohésion sociale. Elle fragmente les familles, répand la peur et approfondit les divisions sociales.
En Haïti, dans une brutalité cinglante, des gangs vont jusqu’à forcer des membres de familles à violer leurs propres mères, épouses ou soeurs, partage Pascale Solages, fondatrice de l’organisation féministe Neges Mawon.
« Le corps des femmes est transformé en champ de bataille. Les auteurs visent à détruire les liens communautaires, en utilisant le viol comme un outil de domination et de contrôle. Les survivantes doivent supporter le poids du traumatisme, de la stigmatisation et de l’isolement », a-t-elle déclaré à ONU Info, lors d’une interview en marge de l’évènement.
La violence sexuelle est utilisée comme arme de guerre au Soudan.
Traumatisme générationnel
Le thème de la Journée cette année est : « Briser le cycle, guérir les blessures : lutter contre les effets intergénérationnels des violences sexuelles liées aux conflits ».
« Pour briser le cycle, nous devons affronter les horreurs du passé », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, soulignant que de nombreuses survivantes sont réduites au silence par la crainte de représailles.
Le traumatisme n’est pas seulement immédiat, il crée également des blessures intergénérationnelles profondes et durables, car le cycle de la violence touche souvent plusieurs générations.
Rejetées par leurs communautés, de nombreuses survivantes sont contraintes d’élever seules les enfants nés d’un viol. « C’est presque comme si leurs cris étaient ignorés par le monde entier », a déclaré Mme Alabre.
Les survivantes de violences sexuelles liées à la guerre et leurs enfants, souvent exclus de l’éducation, de l’emploi et d’autres aspects essentiels de la vie, sont poussées dans la pauvreté, ce qui aggrave encore leur vulnérabilité.
« Pour trop de femmes et d’enfants, la guerre ne s’arrête pas lorsqu’elle prend fin », a déploré Pramila Patten.
La justice, volet incontournable
Les survivant.e.s ont non seulement droit à la sécurité et au soutien, mais aussi à la justice et à la réparation. Pourtant, « trop souvent, les auteurs de ces crimes restent en liberté, protégés par l’impunité, tandis que les survivant.e.s portent souvent le fardeau impossible de la stigmatisation et de la honte », a dénoncé M. Guterres.
La disponibilité limitée des services de soutien, en particulier à la suite des récentes réductions de l’aide, entrave le processus de guérison des survivant.e.s. Non seulement il devient plus difficile pour les survivant.e.s de demander des comptes à leurs agresseurs, mais les efforts de prévention sont également entravés par les réductions de financement dans de nombreuses capitales depuis le début de l’année.
« Ce qui m’est arrivé aurait pu être évité », ont répété à maintes reprises les survivantes à Mme Patten.
Assurer un soutien durable au relèvement des survivantes
Rien qu’en mars, le bureau de l’UNFPA au Soudan a dû fermer 40 espaces sécurisés pour les femmes et les filles, entravant ainsi les efforts visant à fournir des soins immédiats et à long terme aux survivantes, en raison des coupures de financement.
Les interventions communautaires, le soutien adapté aux enfants pour l’éducation des enfants survivants et les changements de politique législative jouent un rôle crucial dans la prévention des violences sexuelles liées aux conflits.
Il faut d’abord écouter et prendre en compte la voix des survivant·e·s, en les considérant comme actrices et acteurs des solutions durables. Ensuite, il est essentiel de leur garantir des services adaptés, financés de manière durable ; de renforcer le cadre juridique et institutionnel qui soutient les progrès réalisés ; et enfin, de s’attaquer aux causes profondes des violences sexuelles liées aux conflits, à savoir l’inégalité entre les sexes et la discrimination, selon l’appel à l’action lancé par Mme Patten ce jeudi.
« Si nous compromettons les investissements dans le rétablissement des femmes, nous compromettons les investissements dans le rétablissement après les conflits, et nous héritons tous d’un monde moins sûr », a fait valoir la Représentante spéciale.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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