C’est le constat dressé, mardi, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, par l’envoyé de la communauté internationale à Sarajevo, Christian Schmidt, pour qui une « crise extraordinaire » secoue à l’heure actuelle la Bosnie-Herzégovine. Une dérive selon lui alimentée par les initiatives sécessionnistes de la Republika Srpska, l’entité politique à majorité serbe de ce pays scindé en deux depuis la signature, en 1995, des accords de Dayton.

Ces derniers ont mis fin à trois années d’un conflit interethnique dévastateur en Bosnie-Herzégovine, en instituant une structure étatique complexe destinée à refléter les trois principales communautés du pays : Bosniaques musulmans, Serbes orthodoxes et Croates catholiques.

Or, M. Schmidt, dont la fonction de haut représentant international en Bosnie-Herzégovine consiste à veiller au respect des accords, a jugé que leur mise en œuvre s’était considérablement détériorée au cours des derniers mois.

« L’ordre constitutionnel est attaqué, l’intégrité territoriale est en danger », s’est-il inquiété, en référence à une série de lois adoptées à Banja Luka – le centre administratif de facto de la Republika Srpska – de nature selon lui à remettre en cause l’autorité des institutions centrales du pays, basées à Sarajevo.

Condamnation de Milorad Dodik

À l’origine de cette détérioration soudaine : la condamnation par les tribunaux nationaux, en février, du président en exercice de la Republika Srpska, Milorad Dodik, en raison de son rejet de l’autorité de M. Schmidt. Une affaire qui, selon le garant de Dayton, a servi de prétexte à l’entité serbe pour prendre une série de mesures aux allures séparatistes : contestations de l’autorité judiciaire nationale, publication d’un projet de constitution propre et remise en cause de la légitimité des institutions communes entre la Republika Srpska et l’autre entité politique du pays, la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine, qui regroupe les communautés bosniaques et croates.

« Ces actes créent une insécurité juridique et exécutive en établissant des lois qui contredisent l’État de droit », a déploré M. Schmidt, ajoutant que la stabilité institutionnelle de la Bosnie-Herzégovine était désormais sérieusement compromise.

Le haut représentant s’est toutefois dit encouragé par le comportement de la population : « Les communautés dans le pays ne soutiennent pas l’extrémisme ou le séparatisme. Les Serbes employés dans les institutions étatiques ont ignoré les pressions pour abandonner leur poste ». Il a également salué l’attachement des Bosniaques et des Croates à l’intégration européenne et au dialogue interethnique dans le pays, dont la présidence centrale est assumée de manière tournante par un triumvirat, représentant chacune des trois communautés.

La membre serbe de la présidence tournante de la Bosnie-Herzégovine, Željka Cvijanović, à qui revient actuellement la charge de diriger le pays, au Conseil de sécurité.

Le haut représentant contesté par la partie serbe

Présente à la réunion du Conseil, Željka Cvijanović, la membre serbe de cette présidence tournante à qui revient actuellement la charge de diriger le pays, a répondu aux mises en garde de Christian Schmidt par une remise en cause de la légitimité de ce dernier. 

« Le mandat du haut représentant exige une approbation formelle du Conseil de sécurité. Cela n’a jamais été le cas pour M. Schmidt », a-t-elle affirmé. Loin de chercher à se séparer de la Bosnie-Herzégovine, Mme Cvijanović a affirmé que la Republika Srpska, dont elle a elle-même été la présidente, cherchait simplement à « restaurer la légalité et l’équilibre originels » des accords de Dayton. 

Selon elle, la crise actuelle n’est « ni le fait de la Republika Srpska, ni dans son intérêt ». Elle aurait été déclenchée par l’usage « très expansif et autoritaire du pouvoir par M. Schmidt, qui impose au pays une série de mesures illégales ». 

Reprenant cet argumentaire, le représentant de la Serbie, Radomir Ilić, a jugé que les actions judiciaires entamées par les autorités centrales contre Milorad Dodik et d’autres responsables serbes de Bosnie étaient « motivées politiquement » et contraires au principe d’impartialité de la justice. 

« Les problèmes actuels ne proviennent pas de Dayton, mais des tentatives, latentes ou manifestes, de saper les accords », a-t-il affirmé, en appelant à un respect scrupuleux des droits constitutionnels des deux entités politiques du pays. M. Ilić a également défendu la position de la Republika Srpska, qu’il estime « fondée et légitime », dans sa volonté de préserver ses compétences garanties par le texte de 1995.

Appels à la désescalade

Un discours à l’opposé de celui de l’Union européenne (EU), dont l’ambassadeur, Stavros Lambrinidis, a déploré les initiatives « contraires à la voie européenne » de la Republika Srpska. Face à l’attitude de l’entité serbe, le diplomate a appelé au respect de « la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’ordre constitutionnel, y compris les décisions de la cour constitutionnelle » de la Bosnie-Herzégovine. 

Réaffirmant son soutien au haut représentant, M. Lambrinidis a exhorté tous les acteurs politiques du pays à « renouveler leur engagement en faveur des réformes nécessaires à la poursuite de l’adhésion européenne ».

D’un ton plus mesuré, les États-Unis ont eux aussi exprimé leur vive préoccupation face à la détérioration du climat actuel. « Nous exhortons les dirigeants politiques à la désescalade et à éviter toute action susceptible d’accroître l’instabilité ou la violence », a déclaré le représentant du pays, John Kelley, en appelant à un « dialogue constructif » entre les parties.

À mesure que la Bosnie-Herzégovine s’éloigne des objectifs de convergence européenne, le spectre d’un retour aux logiques de division communautaire, sinon de partition, réapparaît. Afin d’éviter un scénario catastrophe, Christian Schmidt a plaidé pour une relance des efforts coordonnés de la communauté internationale. 

« La seule solution viable », a-t-il martelé, « est le respect des accords de Dayton et de l’ordre constitutionnel du pays ».

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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