Selon le dernier Rapport mondial sur les crises alimentaires, plus d’une personne sur cinq dans 59 pays sera confrontée à une insécurité alimentaire aiguë en 2023, contre environ une personne sur dix dans 48 pays en 2016.

Le nombre de personnes confrontées à ces conditions a augmenté de 24 millions depuis 2022. Cette cinquième année consécutive d’augmentation du nombre de personnes confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë confirme l’énormité du défi à relever pour atteindre l’objectif de mettre un terme à la faim d’ici 2030.

Un bilan des échecs humains

Réagissant à la publication du rapport, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a estimé qu’il dressait « un bilan des échecs humains ». « Dans un monde d’abondance, les enfants meurent de faim », a-t-il déploré dans un message vidéo.

« La crise alimentaire mondiale nécessite une réponse mondiale urgente », a-t-il déclaré.

Selon le Secrétaire général, les gouvernements doivent augmenter le financement pour éradiquer la faim, en mettant en oeuvre les propositions de relance des Objectifs de développement durable pour soutenir les pays en développement et en finançant entièrement les opérations humanitaires.

« Et ils doivent donner suite à l’appel à l’action sur la transformation des systèmes alimentaires », a-t-il ajouté, affirmant qu’avec un engagement et une action concertée, « nous pouvons créer un monde où la faim n’a plus de place ».

Tendance aggravée depuis la crise de Covid-19

Selon l’ONU, les crises alimentaires se sont aggravées de manière alarmante dans les zones de conflit en 2023 – notamment en Palestine (bande de Gaza) et au Soudan.

« Lorsque nous parlons d’insécurité alimentaire aiguë, nous parlons d’une faim si grave qu’elle constitue une menace immédiate pour les moyens de subsistance et la vie des gens. Il s’agit d’une faim qui menace de se transformer en famine et de provoquer des décès à grande échelle », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Dominique Burgeon, Directeur du bureau de liaison de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à Genève.

Le rapport – une initiative conjointe impliquant la FAO, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) – a révélé que, bien que le pourcentage global de personnes définies comme étant en situation d’insécurité alimentaire dangereuse l’année dernière ait été inférieur de 1,2 % à celui de 2022, le problème s’est considérablement aggravé depuis la crise de Covid-19.

Lorsque le coronavirus a frappé à la fin de 2019, environ une personne sur six dans 55 pays était confrontée à des niveaux inquiétants d’insécurité alimentaire, contre une sur cinq un an plus tard, indique le Rapport mondial sur les crises alimentaires.

Les gens meurent clairement de faim à Gaza

Dans les conflits majeurs, notamment dans l’est de la République démocratique du Congo, en Palestine (bande de Gaza) et au Soudan, la situation nutritionnelle des enfants, des femmes enceintes et des mères allaitantes est très préoccupante.

Les crises alimentaires se sont ainsi aggravées de « manière alarmante » en 2023, notent les auteurs du rapport, citant des préoccupations particulières concernant le Soudan et Gaza « où les gens meurent clairement de faim », a déclaré Gian Carlo Cirri, Directeur du bureau du PAM à Genève.

Après près de sept mois de bombardements israéliens, « les gens ne peuvent même pas satisfaire leurs besoins alimentaires les plus élémentaires, ils ont épuisé toutes les stratégies de survie, comme manger du fourrage, mendier, vendre leurs biens pour acheter de la nourriture ». Les populations palestiniennes sont la plupart du temps « démunies et il est clair que certaines d’entre elles meurent de faim », a dit M. Cirri.

Pour ce haut responsable onusien, le seul moyen d’enrayer la famine est d’assurer des livraisons quotidiennes de denrées alimentaires « dans un délai très court ».

Le nord de Gaza est en ruines après des mois de bombardements.

La famine se rapproche de jour en jour

La nouvelle mise en garde concernant Gaza est conforme aux évaluations catastrophiques répétées d’experts respectés en matière d’insécurité alimentaire, qui ont lancé une alerte selon laquelle la famine est probable « à tout moment » d’ici mai 2024 dans les gouvernorats du nord de l’enclave palestinienne.

« Nous nous rapprochons de jour en jour d’une situation de famine ; la malnutrition chez les enfants s’étend – nous estimons que 30 % des enfants de moins de deux ans souffrent maintenant de malnutrition aiguë ou d’émaciation et 70% de la population du nord est confrontée à une famine catastrophique », a souligné M. Cirri, relevant qu’il y a « de bonnes raisons de penser que les trois seuils de famine – insécurité alimentaire, malnutrition, mortalité – seront dépassés au cours des six prochaines semaines ».

« Nous avons évoqué la nécessité de reconstruire les moyens de subsistance, de s’attaquer aux causes profondes, etc. Mais dans l’immédiat, dès demain, nous devons vraiment augmenter de manière significative nos approvisionnements alimentaires », a-t-il fait valoir. Cela signifie qu’il faut déployer une aide alimentaire massive et cohérente dans des conditions qui permettent au personnel et aux fournitures humanitaires de circuler librement et aux personnes touchées d’accéder à l’aide en toute sécurité.

Des niveaux d’urgence d’insécurité alimentaire aiguë au Soudan

Outre la bande de Gaza, les populations du Soudan du Sud, du Burkina Faso, de la Somalie et du Mali devraient être confrontées à une catastrophe (phase 5 de l’IPC, Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) au cours de leur période de pointe d’insécurité alimentaire aiguë en 2023. En Haïti, plus de 19.000 personnes se trouvant dans cette phase entre septembre 2022 et février 2023 n’ont plus été confrontées à ces conditions pendant le reste de l’année 2023.

Mais c’est au Soudan que l’on trouve le plus grand nombre de personnes dans le monde confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC). Selon l’ONU,  20,3 millions de personnes – soit 42% de la population – ont eu du mal à trouver de quoi se nourrir l’année dernière, après l’éclatement du conflit en avril.

« Ce qui est très préoccupant, pour nous, c’est que la majeure partie de ces personnes dépendent de l’agriculture pour leurs moyens d’existence. Et que, par exemple, si vous prenez l’Etat d’Al-Jazira, qui est un Etat critique pour la production alimentaire, c’est environ 50% de la production de blé du Soudan qui sort de cet Etat », a déclaré M. Burgeon de la FAO.

Le PAM et son partenaire World Relief fournissent des denrées alimentaires d’urgence au Darfour occidental.

Prévenir la famine pendant la période de soudure

Au Soudan, les populations des régions de Khartoum, du Grand Darfour et du Grand Kordofan risquent de connaître des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire aiguë en l’absence d’une cessation des hostilités et d’une aide humanitaire significative.

Selon l’ONU, une action immédiate est nécessaire pour prévenir la famine pendant la période de soudure de 2024.

« Il est absolument essentiel que, partout où il sera possible d’accéder aux populations, nous leur fournissions des intrants agricoles à temps pour qu’elles puissent planter leurs champs. Si ces personnes ne parviennent pas à planter leurs champs, cela signifie que nous devons nous préparer à des besoins massifs d’assistance alimentaire jusqu’à la prochaine récolte de l’année prochaine », a-t-il insisté.

Niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë au Sahel

Les conflits et l’insécurité – en particulier en Palestine (bande de Gaza) et au Soudan, ainsi qu’en Haïti – resteront le principal facteur d’insécurité alimentaire aiguë tout au long de l’année 2024.

Alors qu’El Niño a atteint son apogée au début de l’année 2024, son impact sur les crises alimentaires – y compris les inondations et la sécheresse dans certaines parties de l’Afrique de l’est, et la sécheresse en Afrique australe – se manifestera probablement tout au long de l’année.

Certains de ses effets pourraient être positifs, notamment de meilleures récoltes dans certaines parties de l’Afrique de l’est, de l’Amérique latine et de la région des Caraïbes.

En Afrique de l’ouest et au Sahel, des conflits persistants associés à des chocs économiques devraient maintenir des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. Les nouvelles données de mars 2024 montrent une détérioration de la situation dans un certain nombre de pays, notamment au Mali où 2.500 personnes devraient être confrontées à une catastrophe (phase 5 de l’IPC).

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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