L’agriculture mondiale est frappée année après année par une avalanche de sécheresses, d’inondations, de ravageurs ou de tempêtes marines qui rongent les récoltes et brisent les moyens de subsistance. Selon une étude de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), publié vendredi, les catastrophes ont infligé 99 milliards par an en moyenne de pertes au secteur sur les trois dernières décennies, soit l’équivalent de 4 % du PIB agricole mondial.

Jamais l’ampleur de ces dommages – longtemps sous-estimés – n’avait été documentée avec autant de précision. Le rapport reconstitue pour la première fois une fresque globale des effets des sécheresses, inondations, cyclones, vagues de chaleur marines, pestes végétales ou maladies animales sur les cultures, l’élevage, les pêches et l’aquaculture. À l’arrivée, des chiffres qui disent tout : 4,6 milliards de tonnes de céréales, 2,8 milliards de tonnes de fruits et légumes et 900 millions de tonnes de viande et produits laitiers ont disparu.

Une facture énergétique invisible pour les ménages

Ces pertes colossales se traduisent, au quotidien, par un effondrement de la disponibilité alimentaire. La FAO calcule que cela représente 320 kilocalories en moins par personne et par jour, soit près de 15 % des besoins énergétiques moyens. Dans certaines régions, le choc est dévastateur.

L’Asie concentre 47 % des pertes mondiales, soit 1 530 milliards de dollars, reflet de son poids agricole et de son exposition extrême aux aléas. Les Amériques suivent avec 22 % des pertes (713 milliards), victimes d’une succession de sécheresses, d’ouragans et de vagues de chaleur. En Afrique, les pertes absolues sont moindres (611 milliards), mais leur poids économique est écrasant : 7,4 % du PIB agricole englouti – la part la plus élevée au monde – avec des impacts majeurs sur la sécurité alimentaire et la stabilité rurale.

Les petits États insulaires en développement (PEID), eux, restent pris dans la tenaille des cyclones et de la montée des eaux : malgré leur faible production agricole, leurs pertes pèsent une part disproportionnée de leur économie. Enfin, le rapport met en lumière un angle mort persistant : les vagues de chaleur océaniques, responsables de 6,6 milliards de dollars de pertes dans les pêches entre 1985 et 2022, alors que ce secteur fait vivre 500 millions de personnes.

Une « révolution numérique » à l’œuvre dans les campagnes

Au cœur du rapport, un autre mouvement se dessine : une rupture technologique qui transforme la façon dont agriculteurs, gouvernements et organisations anticipent les risques. « Les technologies numériques révolutionnent déjà la manière dont nous surveillons les risques, délivrons des alertes précoces et soutenons la prise de décision des agriculteurs », écrit le directeur général de la FAO, QU Dongyu, dans la préface du rapport. « Nous assistons à un passage fondamental d’une réponse réactive à une réduction proactive des risques ».

Derrière ces formules, une batterie d’outils désormais déployés dans des dizaines de pays :

l’outil CRTB (Climate Risk Toolbox), qui compile des données mondiales pour guider la planification agricole ;
le RVF-DST, système d’alerte sur la fièvre de la Vallée du Rift, utilisé en Tanzanie, au Kenya et en Ouganda pour vacciner à temps et enrayer les épizooties ;
SoilFER, la plateforme de cartographie des sols pour des pratiques de fertilisation optimisées ;
FAMEWS, l’application mobile qui suit la progression de la chenille légionnaire dans plus de 60 pays ;
– ou encore les assurances paramétriques, qui couvrent déjà 9,1 millions de fermiers grâce à l’analyse numérique des risques.

Ces dispositifs ne relèvent plus de l’expérimentation : ils changent déjà la donne. Dans certains pays, les systèmes d’alerte précoce ont permis d’évacuer jusqu’à 90 % des populations exposées avant qu’une catastrophe ne frappe. Et selon la FAO, l’anticipation pourrait générer jusqu’à sept dollars de bénéfices pour chaque dollar investi.

L’enjeu central : l’accès et l’équité

Mais cette révolution technologique se heurte à un obstacle majeur : 2,6 milliards de personnes restent hors ligne, souvent dans les zones les plus vulnérables. Sans connectivité, sans formation, sans accompagnement institutionnel, la promesse du numérique risque de creuser les inégalités plutôt que de les réduire.

La FAO met donc en garde : la technologie n’est pas une fin en soi. Elle n’aura d’impact que si elle s’accompagne d’investissements dans les infrastructures numériques, la formation, l’inclusion des petits producteurs, des femmes, des jeunes et des peuples autochtones, et de politiques publiques cohérentes.

Un message de fond : prévenir plutôt que réparer

Derrière les chiffres astronomiques, le constat est limpide : l’agriculture mondiale paye un prix devenu insoutenable à la multiplication des catastrophes climatiques et biologiques. Le basculement vers des systèmes capables d’anticiper plutôt que subir est désormais une question de survie économique autant que de sécurité alimentaire.

La FAO en appelle au sursaut : investissements, coopération internationale, intégration du numérique dans les politiques agricoles, et surtout reconnaissance urgente de la réalité des pertes non comptabilisées – humaines, sociales, nutritionnelles – que les bilans nationaux ignorent encore largement.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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