« Le conflit non résolu au Yémen agit comme une faille sismique », a averti lundi Hans Grundberg, l’envoyé spécial de l’ONU dans le pays, lors d’une réunion du Conseil de sécurité. « Il propage des secousses au-delà de ses frontières et exacerbe les rivalités régionales ».
Pour lui, le Yémen ne se contente pas de refléter les tensions au Moyen-Orient, il les amplifie. Durant l’été, l’intensification de la campagne militaire israélienne contre le Hamas à Gaza et les échanges de missiles entre Tel Aviv et Téhéran se sont traduits par une escalade des hostilités entre Israël et les rebelles houthistes, un groupe yéménite de confession chiite au nom officiel d’Ansar Allah. Entre les drones lancés par ces derniers en direction d’Israël et les représailles du pays sous forme de frappes meurtrières sur Sanaa, la capitale yéménite, et d’autres villes occupées par les rebelles, cette flambée de violence fait s’éloigner davantage les perspectives de paix au Yémen.
Depuis 2014, le pays est le cadre d’une guerre entre les houthistes, soutenus par l’Iran et le Hezbollah libanais, et le gouvernement légitime, reconnu par la communauté internationale et appuyé par une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite. Outre Sanaa, les rebelles ont pris possession du nord et de l’ouest du pays, dont le port d’Hodeïda, sur la mer Rouge. Le gouvernement, replié à Aden, sur la rive méridionale, conserve le contrôle des territoires du sud et de l’est.
Malgré des trêves ponctuelles, les combats n’ont jamais vraiment cessé, et les négociations menées sous l’égide de l’ONU piétinent.
Une population affamée et assiégée
À ce théâtre militaire s’ajoute une tragédie humanitaire. « Avant février prochain, un million de personnes supplémentaires devraient sombrer dans la faim extrême, s’ajoutant aux 17 millions de Yéménites qui n’ont déjà pas assez à manger », a alerté Tom Fletcher, chef humanitaire des Nations Unies. Dans un pays où 70 % des ménages n’ont pas assez de nourriture pour subvenir à leurs besoins quotidiens, le constat est implacable : un foyer sur cinq vit des journées entières sans nourriture.
Dans les camps de déplacés de Hajjah, au nord-ouest de Sanaa, des enfants sont morts de faim ces dernières semaines. Les ONG ont distribué des vivres et rétabli l’eau potable, mais les moyens manquent. « Les coupes budgétaires coûtent des vies », a martelé M. Fletcher, rappelant que deux millions de femmes et de filles ont perdu l’accès aux soins de santé reproductive, dans un pays où une femme meurt toutes les deux heures de complications liées à la grossesse.
Les humanitaires à leur tour visés
Comme si la faim et les bombes ne suffisaient pas, les humanitaires eux-mêmes deviennent des otages d’un conflit qui se radicalise. Depuis fin août, 22 employés de l’ONU ont été arrêtés par Ansar Allah, auxquels s’ajoutent une vingtaine d’autres déjà détenus par le groupe, dont un est mort en détention. « Leurs arrestations inacceptables », a fustigé Hans Grundberg, pointant aussi l’intrusion des miliciens houthistes dans les locaux de l’ONU et la saisie des biens de l’organisation.
« Détenir du personnel onusien ne nourrit pas les affamés, ne soigne pas les malades et ne protège pas les déplacés », a renchéri Tom Fletcher, accusant les autorités de facto houthistes de « mettre en péril, inutilement, la capacité d’action » de l’ONU.
Une paix en sursis
Malgré l’effort fragile de stabilisation économique engagé par le gouvernement et la réouverture de routes entre certaines villes du pays, le Yémen reste au bord du gouffre. Les lignes de front à Marib, Taëz ou Al-Dhale, dans l’ouest du pays, menacent de s’embraser de nouveau. « Toute erreur de calcul pourrait rallumer une guerre à grande échelle », a mis en garde M. Grundberg.
Son message aux responsables yéménites se veut sans détour : « Le dialogue, aussi difficile soit-il, est la seule voie réaliste pour dépasser les divisions et avancer ».
En filigrane, l’avertissement vaut aussi pour la communauté internationale : tant que le Yémen sera instrumentalisé comme champ de bataille par procuration, sa population continuera de payer le prix d’une guerre qu’elle n’a pas choisie. Une paix en sursis, suspendue aux calculs d’acteurs qui, pour l’instant, n’ont pas choisi d’épargner les Yéménites.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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