À mesure que le commerce mondial s’accélère, les navires commerciaux génèrent de plus en plus de bruit sous l’eau. De l’Arctique à la Grande Barrière de corail, les scientifiques documentent les effets délétères de ce grondement mécanique : baleines désorientées, migrations animales perturbées, et interférence avec l’univers sonore dont de nombreuses espèces marines dépendent pour survivre.

Face à cette menace invisible, l’Organisation maritime internationale (OMI), l’agence des Nations Unies chargée de réguler le transport maritime, tente de faire baisser le volume.

Arsenio Dominguez, le Secrétaire général de l’agence, ne minimise pas l’importance de ce phénomène relativement récent. « Nous reconnaissons l’impact négatif de la navigation sur les fonds marins, sachant que nous sommes les principaux utilisateurs de l’océan », déclare-t-il, dans un entretien accordé à ONU Info à l’occasion de la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC3), à Nice.

Nouvelles directives

Arsenio Dominguez, Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI).

Plus de 80 % des marchandises mondiales transitent par voie maritime. Hélices, vibrations des coques et moteurs de navires produisent des sons à basse fréquence capables de parcourir des milliers de kilomètres sous l’eau. Contrairement aux marées noires ou aux déchets plastiques, la pollution sonore ne laisse aucune trace visible — mais son impact est tout aussi réel.

Pour y remédier, l’OMI a actualisé ses lignes directrices sur la réduction du bruit sous-marin et lancé un plan d’action global, baptisé URN (Underwater Radiated Noise). Une phase expérimentale de trois ans est en cours : les États sont invités à partager leurs expériences et à contribuer à l’élaboration de bonnes pratiques à partir des nouvelles recommandations.

« Nous avons désormais un plan d’action, qui nous permettra de développer des mécanismes obligatoires sur la base de ces apprentissages », expliqué M. Dominguez.

Ces recommandations, adoptées à l’origine en 2014, puis renforcées en 2023, proposent des mesures techniques à l’intention des constructeurs et des opérateurs : optimisation des hélices, nouvelle conception des coques, réduction de la vitesse. Selon l’OMI, ces ajustements permettent de réduire significativement le bruit, notamment dans les zones maritimes particulièrement vulnérables (PSSA) comme les îles Galápagos ou les récifs de Tubbataha, aux Philippines, où les écosystèmes marins et les communautés autochtones sont particulièrement exposés.

Nouvelles technologies et initiatives pilotes

Les effets délétères des grondements mécaniques sous-marins vont de la désorientation des baleines à la perturbation des migrations animales.

La question du bruit sous-marin s’impose aussi dans les débats à l’UNOC3, au croisement des enjeux de biodiversité, de santé des océans et de régulation des activités industrielles en mer. L’OMI entend profiter de ce sommet pour sensibiliser aux dernières avancées de son dispositif.

« Grâce à de nouvelles technologies, notamment le nettoyage biologique des coques et l’amélioration des hélices, nous pouvons commencer à réduire l’impact négatif du bruit sous-marin généré par les navires », précise Arsenio Dominguez.

Autre levier identifié : l’optimisation de la vitesse. « En ralentissant les navires, on réduit également leur bruit sous-marin », souligne-t-il.

Aux côtés du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), l’OMI a lancé l’initiative GloNoise Partnership, qui vise à réduire l’empreinte acoustique du transport maritime dans six pays pilotes : l’Argentine, le Chili, le Costa Rica, l’Inde, l’Afrique du Sud et Trinité-et-Tobago.

L’IMO « à bord »

« Nous devons tout faire pour protéger [l’océan] », plaide le haut responsable. « Ce n’est pas seulement le poisson dans notre assiette, c’est aussi l’ensemble des marchandises qui transitent par mer. Sans ce transport, nos sociétés ne pourraient pas fonctionner ».

Et les enjeux dépassent la seule biodiversité. « Ce que nous faisons aura un impact positif sur la préservation des écosystèmes marins. Une fois toutes ces données recueillies, nous pourrons améliorer l’efficacité du transport maritime, tout en réduisant le bruit sous-marin qu’il génère ».

Alors que les scientifiques continuent de tirer la sonnette d’alarme, le chef de l’OMI appelle à accélérer : « Le grand message que je retiens de cette conférence, c’est la nécessité de résultats concrets. Nous avons déjà fait des déclarations, nous avons pris des engagements. Il est temps d’agir, de faire le bilan et de voir ce qu’il reste à faire ».

Et de conclure avec un jeu de mots parlant : « Nous ne sommes pas contre. Nous sommes à bord ».

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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