Photo credit: DiasporaEngager (www.DiasporaEngager.com).

Les Marocains se sentent soulagés. Les dernières précipitations ont, en effet, fait revivre l’espoir chez eux après de longues périodes de sécheresse. Selon un bulletin du ministère de l’Equipement et de l’Eau sur la situation journalière des barrages du Maroc, six barrages affichent un taux de remplissage de 100%, tandis que 17 autres ont dépassé les 50%. Ces pluies sont-elles si importantes ? Décryptage. 
 
Le permanent
 
Pour Abdelmalek Saloui, enseignant- chercheur à l’Université Hassan II de Casablanca et président de l’Association marocaine de climatologie (AMC), les pluies sont toujours les bienvenues même pendant la période estivale, même si l’idéal reste, selon lui, que le ciel pleut en hiver. Mais, il précise que nous sommes toujours dans une zone rouge marquée par une consommation d’eau estimée à 1.000 m3 par h/an alors que la disponibilité en eau n’exède pas les 700 à 800 m3.  « Ce qui veut dire que nous sommes en permanence dans une situation de stress hydrique, affirme-t-il.  Une situation qui est appelée à s’aggraver davantage avec la croissance démographique ainsi qu’avec l’amélioration des conditions de vie des Marocains et l’émergence de nouvelles variétés agricoles sans oublier l’industrie et l’agriculture ».

Cependant, notre interlocuteur estime que, scientifiquement, il n’est pas établi que l’eau manque au Maroc ni les pluies, mais c’est la répartition de ces précipitations qui a changé. « En effet, le volume des pluies n’a pas changé, mais ce qui a changé le plus, ce sont les besoins des citoyens et les politiques de l’eau qui se succèdent et disparaissent sans évaluation ou reddition des comptes », observe-t-il.

A ce propos, il nous a expliqué que les décideurs politiques sont souvent dans « le réactif » et non dans « le proactif ». « Pour eux, il faut toujours attendre pour réagir. Or, le changement climatique a toujours été là et nous devons être prêts. Et ce ne sont pas une semaine ou deux de pluies qui vont changer grand-chose, nous sommes dans le permanent et non dans le conjoncturel», a-t-il précisé. Et d’ajouter : «Les dernières mesures prises par certains gouverneurs concernant l’économie de l’eau ne sont que provisoires». 

Que propose donc le président de l’AMC ? « Il faut du permanent. En effet, la question de l’eau mérite un traitement structurel et transversal», note Abdelmalek Saloui. Et de poursuivre : « Ce sujet nécessite la bonne gouvernance, la sérénité, la sagesse et la recherche scientifique. Ce dossier ne date pas d’aujourd’hui. Il faut rester vigilant afin de garantir notre sécurité hydrique. A ce propos, il faut développer une recherche scientifique encourageant l’économie de l’eau d’irrigation, le choix des meilleures variétés agricoles non consommatrices d’eau et la valorisation des produits agricoles sans oublier un débat public franc et transparent sur le sujet».
 
Rescousse
 
De son côté, Issam Bouaich, docteur chercheur en climatologie, estime que les précipitations du week-end dernier, et malgré le fait qu’elles soient arrivées en retard, restent bénéfiques au niveau des ressources hydriques d’autant qu’elles ont permis le remplissage à 100% des barrages du Nord. « Même ceux du centre du pays ont bénéficié de ces pluies, dépassant ainsi les seuils critiques des mois de décembre, janvier et février derniers », nous a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Ces pluies peuvent aussi être bénéfiques pour les cultures printanières sachant qu’elles ont concerné l’ensemble du territoire national, notamment la zone nord-ouest  du pays ».

Pour notre interlocuteur, les dernières pluies ont sauvé la saison même d’une façon tardive. « Nous pouvons  dire que l’année 2024 a été sauvée évitant ainsi de faire partie des années récurrentes de sécheresse. En effet, et malgré le fait que les précipitations sont arrivées en retard, elles ont permis de bénéficier d’une quantité raisonnable de ressources destinées à l’eau potable et à l’agriculture pour les saisons prochaines. Mais cela concerne uniquement les zones humides. Puisque dans les zones semi-humides, il peut y avoir une hausse de la température pouvant provoquer une évaporation qui impactera sûrement ces ressources et c’est pourquoi il faut des barrages partout ».

Hassan Bentaleb

Source of original article: Libération (www.libe.ma).
The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.GlobalDiasporaNews.com).

To submit your press release: (https://www.GlobalDiasporaNews.com/pr).

To advertise on Global Diaspora News: (www.GlobalDiasporaNews.com/ads).

Sign up to Global Diaspora News newsletter (https://www.GlobalDiasporaNews.com/newsletter/) to start receiving updates and opportunities directly in your email inbox for free.