Lors d’un exposé devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Nicholas Haysom, le représentant spécial du Secrétaire général au Soudan du Sud, a dénoncé « une nette détérioration de la situation politique et sécuritaire » dans le pays, qui menace selon lui de compromettre les avancées obtenues depuis la fin de la guerre civile, en 2018.
Nicholas Haysom, le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Soudan du Sud, au Conseil de sécurité.
Depuis le début du mois de mars, l’État du Haut-Nil, dans le nord-est du pays, est en effet le théâtre d’affrontements d’une intensité croissante. Selon M. Haysom, cet enchaînement de violences a commencé dans la ville de Nasir, avec la prise d’une garnison des forces gouvernementales par l’Armée blanche, un groupe de miliciens de la communauté Nuer.
Combats intenses dans le nord
S’en sont suivies des représailles de l’armée nationale, essentiellement constituée d’éléments issus de la communauté Dinka, sous forme de raids aériens, durant lesquels des dispositifs incendiaires chargés de combustibles auraient été utilisés. De nombreuses victimes civiles ont été tuées lors de ces frappes, dont des femmes et des enfants.
Le 7 mars, une attaque contre un hélicoptère onusien à Nasir a coûté la vie à un membre d’équipage de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS), dont M. Haysom est le chef, et à plusieurs militaires sud-soudanais. L’appareil pris pour cible participait pourtant à une mission d’évacuation approuvée « par l’ensemble des parties, avec garanties de passage sécurisé », a précisé le représentant spécial.
Instabilité dans la capitale
La crise dans le nord du pays s’est encore intensifiée avec l’arrestation, le mois dernier, du premier vice-président sud-soudanais, Riek Machar, à son domicile dans la capitale Juba, par les forces armées du président Salva Kiir.
La lutte de pouvoir entre les deux hommes est au cœur de l’histoire de la plus jeune nation au monde, qui a sombré dans une guerre civile à dimension ethnique en 2013, deux ans à peine après son indépendance. Un accord de paix fragile de partage du pouvoir entre M. Kiir, de la communauté Dinka, et M. Machar, de la communauté Nuer, avait été conclu en 2018. Mais cet accord semble désormais caduc.
« L’arrestation du premier vice-président marque un nouveau point de rupture dans la confiance entre les principales parties », a reconnu M. Haysom. Cet incident est venu couronner plusieurs semaines de tensions dans la capitale, où des responsables politiques affiliés au Mouvement populaire de libération du Soudan dans l’opposition de M. Machar avaient été arrêtés ou portés disparus, courant février.
Le spectre de la guerre civile
Le représentant spécial a également mis en garde contre la montée en flèche de la désinformation et des discours de haine sur les réseaux sociaux, qui ravivent selon lui les tensions ethniques et politiques ayant conduit à la guerre civile en 2013, puis à nouveau en 2016. Au total, 400.000 personnes ont trouvé la mort dans les violences.
« Il est essentiel que les acteurs nationaux et internationaux se mobilisent pour obtenir un cessez-le-feu, préserver l’accord et éviter de nouveaux cycles de transition inachevée », a martelé le chef de la MINUSS, en poste dans le pays depuis 2021.
M. Haysom a aussi évoqué la guerre qui fait rage au Soudan comme un signal d’alarme : « Il suffit de regarder au nord, chez notre voisin soudanais, pour mesurer à quelle vitesse un pays peut sombrer dans un conflit catastrophique ».
Des filles se lavent à un point d’eau, dans un camp pour personnes déplacées à Bentiu, au Soudan du Sud.
Crise humanitaire
Les répercussions humanitaires de l’escalade des combats au Soudan du Sud ont été immédiates. Selon Edem Wosornu, du bureau onusien des affaires humanitaires (OCHA), les violences dans le Haut-Nil ont déplacé environ 130.000 personnes et mis hors service de nombreux établissements de santé, dont l’hôpital d’Ulang, qui desservait pas moins de 174.000 personnes. « Quatre travailleurs humanitaires ont été tués dans ces attaques », a-t-elle signalé aux membres du Conseil.
Au total, plus de 9 millions de Sud-Soudanais, soit les trois quarts de la population, auront besoin d’aide humanitaire cette année. « Et la moitié sont des enfants », a précisé Mme Wosornu.
Malnutrition et choléra
La faim et la malnutrition atteignent notamment des niveaux critiques, alors que 7,7 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, soit une hausse de plus d’un demi-million par rapport à 2024. Mme Wosornu souligne que 650.000 enfants de moins de cinq ans risquent d’être confrontés à une malnutrition aiguë sévère cette année.
Un foyer de choléra, selon elle « le plus grave dans l’histoire du pays », a déjà contaminé près de 50.000 personnes et causé plus de 900 décès. La saison des pluies qui s’annonce pourrait aggraver la situation : « Elle inonde les terres agricoles, déplace les familles et intensifie les conflits autour des ressources ».
Appels à une action urgente
Malgré les efforts internationaux pour soutenir la transition démocratique du pays, y compris l’organisation de ses premières élections nationales, Nicholas Haysom a tenu à rappeler les limites du dispositif international déployé sur place : « La MINUSS est une mission de maintien de la paix, pas une armée, et elle ne peut pas être présente partout à la fois ».
Les deux responsables onusiens ont appelé à une action urgente, coordonnée, pour éviter un effondrement total.
« Une nouvelle guerre est un risque que le Soudan du Sud ne peut pas se permettre », a conclu M. Haysom. Pas plus que ne le peut, du reste, la région, aux vues de la catastrophe en cours au Soudan et de l’afflux de réfugiés dans les pays voisins.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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