De N’Djamena à Kinshasa, en passant par Dakar et Moroni, le bloc africain a interpellé l’organisation sur ses manquements. Le président tchadien Mahamat Déby a fustigé une structure « figée, héritée de l’après-guerre, où l’Afrique, berceau d’un cinquième de l’humanité, demeure exclue de toute représentation permanente ».
Pour Azali Assoumani, président des Comores et ancien président de l’Union africaine, il est temps que « la voix du continent » pèse davantage dans les instances internationales. Cela permettrait, selon le dirigeant sénégalais Bassirou Diomaye Faye, de mettre fin à la logique de « deux poids, deux mesures, la loi du plus fort et l’esprit partisan » qui sapent aujourd’hui la légitimité de l’ONU aux yeux du continent africain.
Réformer le Conseil de sécurité
Au banc des accusés, le Conseil de sécurité, cet organe chargé du maintien de la paix composé de cinq membres permanents – dont aucun n’est un pays africain.
Alors que la plupart des conflits actuels se concentrent sur le continent, le président de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso, a constaté que la composition actuelle du Conseil « ne reflète plus les équilibres géopolitiques ». Il a donc jugé urgent de le rendre « plus représentatif, plus transparent et plus proche des réalités de notre monde ».
Le président tchadien a appelé à la création de deux sièges permanents pour l’Afrique, assortis du droit de veto. Une proposition également défendue par le chef d’État de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, qui souhaitent y ajouter deux membres africains non-permanents.
À ses yeux, il convient avant tout de mettre un terme à l’inaction du Conseil face aux dossiers inscrits à son ordre du jour. Selon M. Tshisekedi, l’organe, miné par ses divisions, est désormais incapable de « protéger ceux qui souffrent le plus », à commencer par les victimes du « génocide silencieux » en cours dans l’est de la RDC.
Réformer le maintien de la paix
Mais au-delà des institutions, c’est l’action sur le terrain qui est mise en cause. Si les casques bleus continuent d’incarner l’idéal de l’ONU, leur bilan est sévèrement jugé par les leaders francophones. Le Tchad va même jusqu’à dénoncer des opérations « parfois complices de violations », exigeant une réforme « en profondeur » recentrée sur la protection des civils.
Face au manque de moyens des missions onusiennes, dont la majorité sont déployées en Afrique, le ministre des affaires étrangères du Rwanda, Olivier Nduhungirehe, a plaidé pour un financement durable du Fonds pour la paix de l’Union africaine. Fort des déploiements de soldats de la paix rwandais en République centrafricaine (RCA) et au Mozambique, il a rappelé que, pour la première fois, le Conseil avait accepté de couvrir les trois quarts du coût des opérations de l’UA.
Faustin-Archange Touadéra, le président de la RCA, qui accueille depuis 2014 la MINUSCA, propose d’aller plus loin : la création d’un Fonds mondial de prévention des conflits, pour intervenir avant l’éclatement des conflits.
L’Afrique comme laboratoire de solidarité
La question du financement a traversé tous les discours. Sans argent, pas de développement, pas de stabilité, pas de paix. Le président de Madagascar, Andry Rajoelina, s’est ainsi inquiété du sort de l’African Growth and Opportunity Act, ce programme d’accès préférentiel au marché américain qui arrive à expiration à la fin du mois et dont dépendent, selon lui, des centaines de milliers de travailleurs africains. « Derrière chaque emploi, il y a une mère qui nourrit ses enfants », a-t-il plaidé, évoquant 358.000 postes menacés dans la région, en cas de non renouvellement du programme.
Le Maroc, par la voix de son premier ministre, Aziz Akhannouch, a appelé à réformer l’architecture financière internationale et à inventer des mécanismes nouveaux face à l’endettement qui étrangle les pays africains.
Quant au Tchad, il a rappelé le décalage entre les discours et les chiffres, à l;image du déficit vertigineux de 4.000 milliards de dollars annuels dans le financement des objectifs de développement durable, supposés arriver à échéance dans cinq ans.
Des crises régionales omniprésentes
La menace terroriste au Sahel illustre la fragilité des équilibres régionaux. D’autres pays cherchent à restaurer leur stabilité par les urnes. « Le Gabon, mon pays, a changé ! », a ainsi clamé son président, Brice Oligui Nguema, listant les échéances électorales qui doivent ramener le pays à l’ordre constitutionnel d’ici janvier 2026.
Le Tchad, quant à lui, accueille près de deux millions de réfugiés et retournés en provenance du Soudan depuis 2023 et demande un soutien accru face à une crise humanitaire qui dépasse ses capacités.
En filigrane, les capitales africaines n’ont pas seulement exprimé leurs frustrations. Elles ont esquissé un agenda : réforme institutionnelle, financement pérenne, prévention des conflits, justice climatique, ouverture économique.
À l’heure où les fractures Nord-Sud se creusent, les dirigeants africains rappellent que sans leur continent, l’ONU risque de perdre non seulement sa légitimité, mais aussi son âme.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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