Il y a un peu plus d’un an, l’UNICEF avait réussi à évacuer Jana vers le sud de l’enclave palestinienne pour la sauver de la faim. Le traitement avait bien fonctionné. Au fil des mois, elle avait retrouvé ses forces, et la famille avait pu rentrer dans le nord de Gaza en début d’année, à la faveur d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
Mais avec la reprise des hostilités, au printemps, et le blocus humanitaire israélien, la faim est revenue. Le mois dernier, la sœur cadette de Jana, âgée de deux ans à peine, est morte de malnutrition. Jana, elle, s’est affaiblie de jour en jour, au point de devoir à nouveau être hospitalisée.
C’est là, entre la vie et la mort, que l’a trouvé la semaine dernière Tess Ingram, la porte-parole de l’UNICEF dans la région. Dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, Mme Ingram laisse éclater sa colère : « Comment se fait-il qu’une enfant comme Jana doive souffrir deux fois ? Qu’elle doive survivre deux fois à ces horreurs. C’est inacceptable. C’est une honte pour le monde entier ».
Invitée jeudi du point de presse de l’ONU à New York, la porte-parole est revenue sur le choc de sa rencontre avec Jana, livrant au passage un tableau glaçant de la situation dans la ville de Gaza, sous le coup d’une intensification de l’offensive militaire israélienne.
La famine au cœur de la guerre
À en croire Mme Ingram, la métropole palestinienne, où l’état de famine a été déclaré le 22 août, n’est plus que l’ombre d’elle-même. « Dernier refuge pour les familles du nord de la bande de Gaza, elle devient rapidement un lieu où l’enfance ne peut pas survivre », a-t-elle affirmé par visioconférence. « C’est une ville de peur, d’exode et de funérailles ».
Elle décrit un quotidien où l’impensable ne se profile pas à l’horizon : « il est déjà là ».
Plus de la moitié des centres de nutrition locaux soutenus par l’UNICEF ont cessé de fonctionner. La malnutrition ronge les plus jeunes résidents. Dans les hôpitaux qu’elle visite, des enfants squelettiques meurent de faim, d’autres gisent sur des lits, « leurs petits corps déchiquetés » par des éclats d’obus. Des bébés perdent la vue, leurs cheveux et la force de marcher. « Une heure dans une clinique de nutrition suffit à effacer toute question quant à l’existence d’une famine », a-t-elle insisté, en réponse à certains hauts responsables israéliens, qui nient l’existence de la famine dans l’enclave.
Hôpitaux saturés et vies suspendues
Parallèlement, les infrastructures de santé dans la ville s’effondrent. Cinq hôpitaux sur 11 au total bénéficient encore d’unités de soins intensifs néonataux. Selon la porte-parole, la quarantaine d’incubateurs dont ils disposent fonctionne « à 200 % de leur capacité », contraints d’accueillir deux nouveau-nés par appareil. « Pas moins de 80 bébés luttent pour leur vie dans des machines surpeuplées », indique-t-elle, dépendant d’un carburant qui menace de s’épuiser.
Dans ce chaos sanitaire, les drames individuels se succèdent. Tess Ingram raconte avoir rencontré Muna, 13 ans, amputée après une frappe qui a tué sa mère et ses deux jeunes frères et sœurs : « J’ai très mal, mais je ne suis pas triste pour ma jambe. Je suis triste d’avoir perdu ma mère », lui a-t-elle confié lundi.
« Dernier refuge pour les familles du nord de l’enclave, la ville de Gaza devient rapidement un lieu où l’enfance ne peut pas survivre », a déclaré Tess Ingram, porte-parole de l’UNICEF à Gaza.
Une aide insuffisante
L’UNICEF continue d’acheminer de la nourriture, de l’eau potable, des biscuits énergétiques ou encore un soutien psychologique. Mais l’ampleur des besoins dépasse largement les capacités. Depuis février, le nombre d’enfants admis pour malnutrition sur l’ensemble du territoire gazaoui a explosé, passant de 2.000 par mois à 13.000 au mois de juillet.
Selon l’agence, 500 à 600 camions d’aide seraient nécessaires chaque jour pour répondre aux besoins élémentaires. Or, « l’ONU et ses ONG partenaires doivent s’accommoder en moyenne de 41 camions par jour », a rappelé Tess Ingram.
Les blocages de l’armée israélienne sont multiples, aussi bien au point de passage vers Gaza qu’au niveau de la circulation et de la distribution à l’intérieur de l’enclave.
Pénurie de financements
La porte-parole a exhorté la communauté internationale à agir. L’UNICEF réclame 716 millions de dollars pour sa réponse à Gaza en 2025. Pour l’heure, l’agence a reçu moins de 40 % des financements nécessaires. La nutrition, secteur vital, n’est couverte qu’à 17 %.
Au-delà des chiffres, Tess Ingram martèle l’urgence morale : « La vie des Palestiniens est en train d’être démantelée, régulièrement mais sûrement. (…) Le coût de l’inaction se mesurera à l’aune de la vie des enfants enterrés dans les décombres – épuisés par la faim et réduits au silence avant même d’avoir eu l’occasion de parler ».
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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