Dans les hangars du PAM, les sacs de blé s’empilent encore, mais pour combien de temps ? À Rome, l’agence onusienne a tiré mercredi la sonnette d’alarme : « Le monde fait face à une marée montante de faim aiguë qui menace des millions des plus vulnérables et les fonds nécessaires pour y répondre s’assèchent », prévient sa directrice exécutive, Cindy McCain, dans un communiqué de presse.
Selon un nouveau rapport publié le même jour par l’agence onusienne, six pays sont au bord d’une rupture de la chaîne d’approvisionnement humanitaire : la République démocratique du Congo (RDC), Haïti, l’Afghanistan, la Somalie, le Soudan du Sud et le Soudan. Sans ressources supplémentaires, des millions de familles risquent de se retrouver sans la moindre aide alimentaire à l’approche de l’hiver.
Des rations réduites, des vies suspendues
En Afghanistan, moins d’un foyer sur dix reçoit encore une assistance, alors que la malnutrition atteint des sommets. En RDC, le PAM a dû réduire les bénéficiaires de son aide de 2,3 millions à 600 000 personnes, faute de moyens. En Haïti, les programmes de repas chauds ont cessé, et les familles ne reçoivent plus qu’une moitié de la ration mensuelle. En Somalie, le nombre de bénéficiaires est tombé de 2,2 millions à 350 000 en un an. Au Soudan du Sud, les rations ne couvrent plus que 50 % à 70 % des besoins, et certaines denrées essentielles – céréales, légumineuses, huiles, produits nutritionnels – manqueront dès ce mois d’octobre.
Lors d’une conférence de presse, Ross Smith, directeur de la préparation et de la réponse aux situations d’urgence du PAM, a décrit mercredi l’ampleur de ces coupes : « Concrètement, cela va de la suppression totale de l’aide à la réduction des rations, en passant par la réduction de la durée de l’assistance. Nombre de personnes se retrouvent actuellement sans filet de sécurité ni aire d’atterrissage. »
Partout, la même réalité : les entrepôts se vident, les camions ralentissent, les enfants maigrissent. « Chaque ration supprimée signifie un enfant qui se couche le ventre vide, une mère qui saute un repas ou une famille privée du soutien nécessaire pour survivre. La bouée de sauvetage qui maintient des millions de personnes en vie est en train d’être coupée sous nos yeux », insiste Cindy McCain.
Le retour de la faim de masse
Le constat du PAM est glaçant : 319 millions de personnes dans le monde souffrent aujourd’hui d’insécurité alimentaire aiguë, dont 44 millions à un niveau jugé urgent. Deux famines sont déjà en cours – au Soudan et à Gaza –, et le nombre de personnes frappées par la famine ou en passe de l’être a doublé en deux ans. A titre de comparaison, seules cinq famines ont été officiellement déclarés au cours des deux dernières décennies.
Lors de la conférence de presse, Jean-Martin Bauer, directeur de l’analyse de la sécurité alimentaire et de la nutrition au PAM, a rappelé la gravité de la situation : « Nous devrions vraiment nous concentrer sur la prévention des famines à l’avenir. C’est probablement un objectif réaliste pour la communauté humanitaire ». Il a également souligné « le lien très clair » entre la dégradation de la sécurité alimentaire induite par les coupes du PAM et « des phénomènes tels que les migrations ».
Dans un monde saturé de crises, les financements se raréfient : le budget du PAM devrait chuter de 10 milliards de dollars en 2024 à 6,4 milliards en 2025, soit une baisse de 40 %.
« L’écart entre ce que le PAM doit faire et ce qu’il peut se permettre de faire n’a jamais été aussi grand », regrette Cindy McCain. « Nous risquons de perdre des décennies de progrès dans la lutte contre la faim ».
L’aide alimentaire du Programme alimentaire mondial (PAM) est chargée sur une barge sur le Nil, pour être livrée aux communautés dans le besoin.
Une solidarité à bout de souffle
Les coupes frappent aussi la capacité de préparation : pour la première fois depuis 2016, Haïti ne dispose d’aucun stock d’urgence pour la saison des ouragans, et l’Afghanistan ne peut plus prépositionner de vivres alors que la neige s’installe dans les montagnes.
Au-delà des chiffres, le PAM redoute un effet domino : la faim nourrit les crises dont elle est issue. « Les coupes dans l’aide alimentaire ne menacent pas seulement des vies ; elles compromettent aussi la stabilité, alimentent les déplacements et aggravent les crises économiques et sociales », avertit Mme McCain.
Face à ce qu’elle décrit comme un « effondrement silencieux de la solidarité mondiale », l’agence appelle les gouvernements, les donateurs privés et la société civile à agir. « Une aide alimentaire rapide et efficace est un rempart essentiel contre le chaos dans des pays déjà fragilisés », rappelle-t-elle.
Une bouée qui prend l’eau
L’avertissement du PAM sonne comme un signal d’alarme mondial : si rien n’est fait, 13,7 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la faim urgente d’ici quelques mois.
Dans le langage onusien, cela s’appelle une « crise humanitaire ». Dans la vie réelle, cela signifie des assiettes vides, des enfants amaigris, des mères qui se privent pour nourrir les leurs. La bouée de sauvetage est encore là – mais elle prend l’eau.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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