L’heure n’est plus à la rhétorique. Alors que la confrontation prend une tournure alarmante, le Conseil de sécurité s’est réuni en urgence ce jeudi matin à New York, en présence du Secrétaire général des Nations Unies, dans une atmosphère lourde de tensions et d’inquiétudes.
« Donnez une chance à la paix », a lancé solennellement António Guterres en ouverture de la séance, redoutant les conséquences potentiellement dévastatrices de l’escalade actuelle. « Le monde observe cette escalade avec une inquiétude croissante. Nous ne dérivons pas vers une crise – nous y fonçons tout droit ».
Frappes sur les sites nucléaires iraniens
La campagne militaire s’est intensifiée depuis les premières frappes israéliennes du 13 juin. Plus d’une centaine de sites militaires et d’installations nucléaires auraient été ciblés, selon Israël, parmi lesquels les complexes de Natanz, d’Ispahan et de Khondab, ainsi que la base de missiles de Kermanshah. Plusieurs grandes villes iraniennes, dont la capitale Téhéran, ont aussi été lourdement touchées. Les images de la chaîne de télévision d’État iranienne, bombardée en direct le 17 juin, ont notamment suscité une vive émotion.
En riposte, l’Iran a frappé à son tour des infrastructures civiles en Israël. Le centre médical Soroka à Beersheba, l’institut de recherche Weizmann et le complexe pétrochimique de Haïfa comptent parmi les cibles atteintes par les missiles iraniens.
Le bilan humain est tragique. En Iran, les autorités font état de 224 morts et plus de 2.500 blessés, dont 90 % de civils. Des ONG évoquent un nombre de victimes bien supérieur. En Israël, les frappes iraniennes auraient fait 24 morts et près d’un millier de blessés.
Avertissement de l’agence atomique
Mais c’est la prise pour cible d’installations nucléaires qui alarme le plus les Nations Unies. Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a fait part d’une « forte dégradation » de la sûreté et de la sécurité nucléaires en Iran.
« Bien qu’elles n’aient pas encore entraîné de rejet radiologique affectant le public, il existe un risque que cela se produise », a-t-il déclaré. Il a mis en garde contre une éventuelle frappe sur la centrale nucléaire de Bouchehr, qui pourrait provoquer un rejet majeur de radioactivité. « Les installations et matières nucléaires ne doivent pas être enveloppées du brouillard de la guerre », a-t-il insisté.
Des civils pris au piège
Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe de l’ONU aux affaires politiques.
Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe de l’ONU aux affaires politiques, a dressé un tableau humanitaire alarmant. Elle a dénoncé les souffrances croissantes des populations civiles des deux côtés, la paralysie du trafic aérien régional, les pénuries de carburant à Téhéran, ainsi que l’absence d’abris anti-bombes dans cette ville de plus de 12 millions d’habitants.
« De nombreuses personnes restent piégées dans leur domicile, sans possibilité de fuir. En l’absence d’abris anti-bombes ou de sirènes d’alerte, de nouvelles frappes risquent de causer encore plus de pertes humaines », a-t-elle prévenu. Elle a également mis en garde contre une crise économique en germe liée à la baisse du trafic commercial dans le détroit d’Ormuz.
Tensions au Conseil : accusations croisées
Le représentant iranien, Mohammad Saeed Iravani, a qualifié les frappes israéliennes sur ses installations nucléaires d’« atteinte grave » au régime de non-prolifération. « Il ne s’agissait pas d’un accident (…), mais de crimes de guerre délibérés », a-t-il dénoncé. Il a exigé une condamnation ferme de la « force illégale » israélienne, rappelant que les sites visés étaient placés sous contrôle de l’AIEA.
L’ambassadeur israélien Danny Danon a répliqué en qualifiant ces frappes de « dernier recours » face à la menace iranienne. « Il n’y a pas de plus grande menace pour la paix que l’Iran nucléaire », a-t-il lancé, tout en rejetant les accusations de frappes sur des hôpitaux. Selon lui, l’Iran aurait au contraire ciblé l’hôpital Soroka de Beersheba.
Les grandes puissances s’opposent
Dans l’hémicycle, les fractures géopolitiques se sont immédiatement manifestées. Les États-Unis, par la voix de Dorothy Shea, ont renouvelé leur soutien à Israël, tout en niant toute implication directe. La Russie a quant à elle dénoncé un « scénario apocalyptique », accusant les puissances occidentales d’alimenter les tensions, cependant que la Chine a réclamé une désescalade immédiate et une issue exclusivement politique.
L’Union européenne et le Royaume-Uni ont insisté sur l’impasse de la voie militaire. « Une action militaire ne peut mettre fin aux capacités nucléaires de l’Iran », a affirmé Londres, appelant à un retour urgent à la table des négociations.
La France, quant à elle, a haussé le ton. « L’Iran ne peut et ne doit pas développer l’arme nucléaire », a averti l’ambassadeur Nicolas de Rivière, soulignant qu’un tel développement constituerait une « violation flagrante » du traité de non-prolifération et risquerait de déclencher une dangereuse course aux armements. Paris a appelé Téhéran à reprendre sa coopération avec l’AIEA et à fournir des engagements « clairs, concrets et tangibles » pour relancer une solution diplomatique.
Genève, autre théâtre de la crise
Alors que New York concentrait les regards diplomatiques, Genève devenait, elle aussi, le théâtre d’un intense face-à-face. Devant le Conseil des droits de l’homme, le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araghchi, a dénoncé « une trahison » du processus diplomatique. « Nous avons été attaqués au milieu d’un processus diplomatique. Nous étions censés rencontrer les Américains le 15 juin pour élaborer un accord très prometteur », a-t-il affirmé.
Décrivant une « guerre injuste imposée à son peuple », M. Araghchi a accusé Israël d’avoir frappé des hôpitaux, des centres de santé, des infrastructures publiques et même son propre ministère. Il a également confirmé que des installations nucléaires avaient été ciblées par les frappes israéliennes, qualifiées par l’armée israélienne de « centres de développement d’armes ».
En représailles, des missiles iraniens ont visé Tel-Aviv, Haïfa et le Néguev dans la nuit, déclenchant des sirènes dans plusieurs régions d’Israël.
En marge de cette réunion, l’ambassadeur israélien à Genève, Daniel Meron, a accusé l’Iran de crimes de guerre. « L’hôpital Soroka faisait partie des cibles. Imaginez ce qu’il ferait avec une arme nucléaire », a-t-il déclaré. Selon lui, l’Iran cherche à « déstabiliser toute la région pour étendre son idéologie extrémiste ».
Rencontre entre diplomates européens et Téhéran
Le même jour, une réunion exceptionnelle s’est tenue entre Abbas Araghchi et ses homologues français (Jean-Noël Barrot), britannique (David Lammy) et allemand (Johan Wadephul), en présence de la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. C’est la première rencontre officielle entre Téhéran et les Européens depuis le début du conflit.
Les Européens espèrent rouvrir la voie des négociations sur le nucléaire. Mais, interrogé en amont de la réunion, le ministre iranien a prévenu qu’il n’y aurait « rien à discuter avec les États-Unis tant que les frappes israéliennes se poursuivent », se disant cependant « ouvert au dialogue avec d’autres pays ».
De son côté, Israël attend des Européens une « position de fermeté ». « Ils doivent exiger un démantèlement complet du programme nucléaire, ainsi que de l’arsenal balistique, et la fin des activités terroristes régionales de l’Iran », a déclaré l’ambassadeur Meron.
Une course contre la montre
Malgré les fractures diplomatiques, tous s’accordent sur un point : la fenêtre d’une solution pacifique n’est pas encore refermée.
Rafael Grossi a lancé un dernier appel : « Une solution diplomatique est à portée de main… l’alternative est un conflit prolongé et une menace imminente de prolifération nucléaire ».
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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