António Guterres a lancé cet appel en soulignant que le développement durable, alimenté par la coopération internationale, est aujourd’hui confronté à des « vents contraires massifs ».
S’adressant à la session d’ouverture de la quatrième Conférence sur le financement du développement (FFD4) à Séville, en Espagne, où les températures ont atteint un niveau record en juin, le Secrétaire général des Nations Unies a noté que le multilatéralisme lui-même ressentait la chaleur, tandis que la confiance entre les nations et les institutions s’effritait.
Le monde est en feu, secoué par les inégalités, le chaos climatique et les conflits qui font rage : « Le financement est le moteur du développement et, à l’heure actuelle, ce moteur s’essouffle », a-t-il déclaré lors de la conférence, à laquelle ont participé plus de 50 dirigeants mondiaux, plus de 150 nations et quelque 15.000 délégués.
« Au moment où nous nous réunissons, l’Agenda 2030 pour le développement durable – notre promesse mondiale de transformer notre monde pour un avenir meilleur et plus juste – est en danger. »
Environ deux tiers des cibles ambitieuses des Objectifs de développement durable (ODD) convenues en 2015 sont nettement en retard, d’où l’investissement colossal de 4.000 milliards de dollars nécessaire pour les redresser.
« Nous sommes ici à Séville pour changer de cap. Pour réparer et relancer le moteur du développement afin d’accélérer les investissements à l’échelle et à la vitesse requises », a insisté M. Guterres.
Il a décrit le résultat connu sous le nom d’Engagement de Séville adopté lundi – sans les États-Unis qui se sont retirés du processus au début du mois – comme une « promesse mondiale » aux nations à faible revenu de les élever sur l’échelle du développement.
FFD4 – Photo de famille
Le Chef de l’ONU a ainsi défini trois domaines d’action clés :
Premièrement, faire en sorte que les ressources circulent rapidement au niveau national pour stimuler la croissance durable, et que les pays riches honorent leur engagement, dans le cadre de l’accord, de doubler l’aide aux pays pauvres afin de stimuler le développement. Il s’agit notamment de tripler la capacité de prêt des banques multilatérales de développement et de trouver des solutions innovantes pour débloquer des fonds privés.
Deuxièmement, remédier au système de la dette mondiale « insoutenable, injuste et inabordable ». À l’heure actuelle, les pays les plus pauvres dépensent environ 1.400 milliards de dollars pour le seul service de leurs énormes dettes sous la forme de paiements d’intérêts. Parmi les innovations, un nouveau forum des emprunteurs garantira une résolution de la dette et une action plus équitables.
Troisièmement, réformer l’architecture financière mondiale, avec les principaux actionnaires jouant leur rôle, afin qu’elle permette à tous les pays de se prendre en charge. « Nous avons besoin d’un système fiscal mondial plus équitable, conçu par tous et non par quelques-uns.
La crise actuelle de l’accessibilité financière et du blocage du développement est « une crise des personnes », a-t-il poursuivi, qui laisse des familles affamées, des enfants non vaccinés et des filles exclues de l’éducation.
« Cette conférence n’est pas une question de charité. Il s’agit de rétablir la justice et de faciliter la capacité de tous à vivre dans la dignité », a affirmé M. Guterres. « Cette conférence n’est pas une question d’argent, mais d’investissement dans l’avenir que nous souhaitons construire ensemble ».
Une feuille de route « concrète et réalisable »
Le roi Felipe d’Espagne s’est exprimé juste avant l’ouverture officielle, déclarant aux délégués que la ville multiculturelle de Séville accueillait le monde « à bras ouverts ».
Selon le souverain espagnol, une nouvelle feuille de route basée sur des éléments « concrets, tangibles et réalisables » verrait le jour.
La conférence doit être un succès, car la coopération est l’un des piliers fondamentaux du monde multilatéral et « l’incarnation ultime des valeurs qui le soutiennent, en particulier à ce moment précis de l’histoire où de nombreuses certitudes se dissipent et où de nombreuses craintes et incertitudes prennent forme ».
« Notre temps est venu »
Pour sa part, le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez a rappelé aux délégués que « notre temps est venu et notre place est ici ». Des millions de vies dépendront des choix faits à Séville et à l’avenir.
« Nous devons choisir « l’ambition plutôt que la paralysie, la solidarité plutôt que l’indifférence et le courage plutôt que la facilité », a-t-il dit, ajoutant que « le monde a les yeux rivés sur cette salle, pour voir ce que nous sommes prêts à faire ensemble et, face à ce défi historique, nous devons prouver notre valeur ».
Séville a été « la New York du XVIe siècle » en termes diplomatiques, a-t-il déclaré aux délégués, et « un berceau du mondialisme ; nous devons tous rendre justice à cet héritage aujourd’hui ».
La quatrième conférence internationale sur le financement du développement se tient à Séville, en Espagne.
« Séville n’est pas une fin en soi »
Le Secrétaire général de la conférence, Li Junhua, responsable de l’ONU du département des affaires économiques et sociales (DAES), a déclaré que la semaine de Séville était un moment clé pour mobiliser les ressources nécessaires à la construction d’un avenir juste, inclusif et durable.
L’effort des Nations Unies pour financer le développement a été ancré dans le multilatéralisme et la solidarité, mais aujourd’hui, l’ensemble du cadre est soumis à de « profondes pressions ». Selon ce haut responsable onusien, le développement durable n’avait jamais été autant mis à l’épreuve, mais que le pacte conclu à Séville remettait les gens au centre.
« Séville n’est pas un point final, c’est une rampe de lancement pour une nouvelle ère de mise en œuvre, de responsabilité et de solidarité. Le département est prêt à soutenir toutes les nations pour traduire l’engagement en action internationale, a-t-il souligné.
De son côté, le président de l’Assemblée générale des Nations Unies, a déclaré aux délégués qu’avant tout, « nous avons besoin de leadership pour guider le monde vers un avenir plus brillant et plus prospère pour tous et partout ».
Le cadre de Séville renouvellerait le partenariat mondial pour la décennie à venir et mettrait l’accent sur le fardeau de la dette qui paralyse les pays en développement, a fait observer Philémon Yang.
Pour le Président du Conseil économique et social de l’ONU, la confiance entre les pays devait être renforcée, car son absence « crée le chaos ».
« Je tiens avant tout à féliciter les États pour avoir fait progresser l’ambition, en approfondissant l’engagement entre les institutions financières. La semaine représente un véritable engagement à agir », a déclaré Bob Rae.
Même son de cloche du côté du Président du groupe de la Banque mondiale, pour qui, l’éradication de la pauvreté restait sa mission principale et que la croissance démographique en cours dans les pays en développement nécessitait des ressources « à une échelle et à un rythme sans précédent ».
« Tout le monde savait que les gouvernements, les organisations philanthropiques et les institutions n’étaient pas en mesure d’honorer toutes les projections ou promesses, raison pour laquelle le secteur privé est essentiel à l’accord de Séville, afin que les capitaux puissent circuler », a affirmé Ajay Banga.
Il a ajouté que les réformes entreprises par la banque ces dernières années visaient à faire d’elle un meilleur partenaire pour le secteur privé et les clients gouvernementaux. L’amélioration du temps de réponse, la stimulation du capital et les systèmes de croissance sont essentiels, mais il faut aller beaucoup plus loin pour répondre aux besoins de la prochaine génération.
Exempter les pays les moins avancés des tarifs douaniers punitifs : OMC
Pour la Directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le rendez-vous de Séville se tenait à un moment de difficulté sans précédent.
Après des décennies de contributions positives, le système commercial mondial est désormais « gravement perturbé », les exportations étant tellement entravées par les mesures tarifaires unilatérales et l’incertitude politique que l’OMC a fortement revu à la baisse ses prévisions de croissance.
« La mise en place de nouvelles barrières tarifaires le 9 juillet – date limite fixée par l’administration américaine – ne fera qu’aggraver la contraction du commerce mondial », a mis en garde Ngozi Okonjo-Iweala.
Elle a rappelé que l’OMC a plaidé pour que les pays les moins avancés et l’Afrique en général soient exemptés des droits de douane, « afin que nous puissions mieux les intégrer dans le système commercial mondial, et non les exclure davantage ».
Selon elle, l’accord de Séville reconnaît à juste titre que le commerce international est un moteur de développement. « Nous devons donc renforcer la stabilité et la prévisibilité du commerce mondial », en agissant à de nombreux niveaux pour accroître les ressources nationales grâce aux exportations, a-t-elle déclaré aux délégués.
C’est à Séville, dans le sud de l’Espagne, que se déroule la FFD4.
Le FMI appelle à un élargissement de l’assiette fiscale
Le Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI) a appelé à un élargissement de l’assiette fiscale, à la mise en place de systèmes de gestion financière solides, à la coordination de l’aide et à un traitement plus durable de la dette.
« De nombreux pays restent confrontés à des coûts d’intérêts élevés », a déclaré Nigel Clarke, appelant la communauté internationale à améliorer les processus de restructuration de la dette.
Grâce au développement des capacités, le Fonds donne aux membres les moyens de tracer leur propre voie et leur apporte également un soutien financier lorsqu’ils en ont le plus besoin, a-t-il conclu.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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