Les routes de l’Artibonite, au nord de la capitale, Port-au-Prince, sont encombrées de familles fuyant à moto ou à pied, avec pour tout bagage des bassines regorgeant de linge en équilibre sur la tête. Partout en Haïti, la carte du déplacement se tâche de points rouges. Dans les écoles transformées en abris de fortune, les voix qui résonnent ne sont plus celles des écoliers. Ce sont les déplacés de la guerre des gangs, devenue la trame quotidienne du pays.

Depuis Genève, où elle est basée, et son antenne à Port-au-Prince, l’OIM a tiré jeudi la sonnette d’alarme. Plus de 1,4 million d’Haïtiens ont dû fuir leur foyer en 2025, dont près de la moitié sont des enfants, selon les dernières données issues de la matrice de suivi des déplacements de cette agence onusienne. Un chiffre sans précédent pour le pays, en hausse de plus d’un tiers depuis la fin de l’an dernier.

« La gravité de cette crise exige une réponse accrue et durable », a prévenu Grégoire Goodstein, chef de mission de l’OIM en Haïti. « La générosité des communautés haïtiennes qui accueillent les déplacés doit être soutenue par un engagement international renouvelé ».

Une crise qui dépasse la capitale

Longtemps confinée à Port-au-Prince, dont les gangs contrôlent désormais 80 % du territoire, l’insécurité s’étend désormais bien au-delà. Près des deux tiers des nouveaux déplacements ont eu lieu hors de la capitale, notamment dans les départements du Centre et de l’Artibonite. Dans ces zones rurales, où la misère rivalise avec l’isolement, les villages voient affluer des milliers de réfugiés internes. Les écoles, les églises, les bâtiments publics se transforment en abris de fortune.

Les sites de déplacement officiels sont saturés. Ceux qui se créent de manière spontanée sont passés de 142 à 238 depuis décembre, selon l’OIM. Et ce sont les habitants eux-mêmes, souvent parmi les plus pauvres, qui hébergent 85 % des déplacés, épuisant leurs maigres réserves d’eau, de nourriture, d’électricité.

Les familles disloquées

Dans cette crise tentaculaire, les femmes et les enfants paient le prix le plus lourd. Plus de la moitié des déplacés sont des mineurs. Beaucoup ont été séparés de leurs parents, envoyés vivre chez des proches dans des régions plus sûres. « Les familles se morcellent sous la pression de la peur », confie un travailleur humanitaire à Port-au-Prince.

À la frontière Est avec la République dominicaine, avec qui Haïti se partage l’île d’hispaniola, dans les Caraïbes, le flot de rapatriés ne se tarit pas : plus de 207 000 Haïtiens expulsés ont été renvoyés depuis janvier, dans un pays où les gangs contrôlent désormais des routes entières, où chaque trajet devient une roulette russe.

Des migrants haïtiens expulsés passent la frontière entre la République dominicaine et leur pays d’origine, dans la commune de Ouanaminthe.

Une aide en sursis

Face à l’ampleur du désastre, l’OIM a étendu ses opérations au-delà de Port-au-Prince, déployant des équipes dans les provinces pour fournir abris d’urgence, eau potable, soins, soutien psychosocial et protection. Mais les besoins croissent plus vite que les moyens.

L’organisation mise sur une approche plus large, fondée sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration, en investissant dans l’éducation, l’emploi et les programmes communautaires pour la jeunesse. Une tentative de rompre le cercle vicieux de la violence et de la misère.

Le feu vert donné, le 2 octobre, par le Conseil de sécurité de l’ONU au déploiement d’une mission internationale non onusienne, la Force de répression des gangs (FRG), qui comptera 5.500 soldats et policiers, devrait permettre une diminution des violences. Mais l’aspect sécuritaire ne pourra pas, à lui tout seul, répondre aux attentes des 11 millions d’habitants du pays, dont un sur deux souffre désormais d’insécurité alimentaire aiguë.

« Nous avons besoin de solutions durables qui restaurent la dignité, renforcent la résilience et offrent des perspectives durables », plaide Grégoire Goodstein.

Mais sans un sursaut international, prévient l’OIM, la souffrance des centaines de milliers d’Haïtiens déplacés ou expulsés continuera de s’aggraver. Dans les camps improvisés de Delmas, de Mirebalais ou des Gonaïves, l’attente du retour se prolonge. Et le pays entier semble vivre sur le fil du rasoir – entre survie et abandon.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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