En mars, la famille a de nouveau fui les gangs, cette fois à Boucan-Carré, où les traitements de Leineda ont été suspendus : « Parfois, nous souffrons de maladies silencieuses qui nous détruisent de l’intérieur », a déclaré Christiana.
L’influence des gangs s’étend
Ces derniers mois, les gangs armés en Haïti ont étendu leur influence au-delà de Port-au-Prince, vers les départements du Centre et de l’Artibonite, déplaçant des dizaines de milliers de personnes de ces régions, selon les estimations de l’ONU.
Les efforts humanitaires pour atteindre les communautés déplacées ont été perturbés par l’insécurité et le manque de financement.
« Ce que nous constatons sur le terrain est inimaginable. Des communautés sont déplacées quotidiennement, et les images de femmes et d’enfants fuyant pour sauver leur vie, sans rien, sont déchirantes », a déclaré Wanja Kaaria, directrice du Programme alimentaire mondial (PAM) en Haïti.
Attaques au-delà de la capitale
L’assassinat du Président haïtien Jovenel Moïse en 2021 a déclenché une violence généralisée liée aux gangs dans la capitale Port-au-Prince. Environ 85 % de la ville est désormais contrôlée par des gangs. Plus d’un million d’Haïtiens ont été déplacés en raison de ces violences.
Ces derniers mois, les groupes criminels organisés ont étendu leurs attaques au département du Centre, au nord-est de la capitale, et à la région de l’Artibonite, au nord-ouest de Port-au-Prince.
Fin mars, l’un des gangs a attaqué Mirebalais, tuant au moins 15 civils et provoquant l’évasion de 515 détenus. Fin avril, des membres de gangs ont attaqué la commune de Petite-Rivière, dans l’Artibonite, tuant des dizaines de personnes et endommageant de nombreuses habitations.
D’autres attaques de gangs ont eu lieu dans les banlieues de Port-au-Prince et dans tout le Centre, notamment à Hinche, Boucan-Carré et Saut d’Eau.
Gérer les blocages de l’aide humanitaire
Suite à ces attaques dans les départements du Centre et de l’Artibonite, plus de 64.000 personnes ont été déplacées, selon les estimations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
« Partout en Haïti, et comme nous l’avons constaté cette semaine dans la région du Centre en particulier, les enfants sont pris au piège d’un cycle de peur et de souffrance, revivant le même cauchemar jour après jour. Ce dont ils ont le plus besoin, c’est de mettre fin à la violence », a déclaré Geeta Narayan, représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Haïti.
En raison de la persistance des activités des gangs et des conditions de sécurité dans la région, les autorités locales ont dû réduire les livraisons d’aide humanitaire. L’UNICEF a annulé les missions sur le terrain prévues.
La situation est particulièrement difficile pour les familles déplacées qui dépendent entièrement de cette aide. Danise, mère de deux enfants, a été déplacée à de nombreuses reprises : elle a d’abord quitté son domicile à Jérémie, puis a été expulsée de République dominicaine, puis a fui les violences à Mirebalais avant de finalement s’installer à Boucan Carré.
« Je n’ai presque rien à donner à mes enfants », a déclaré Danise. « Je dois toujours attendre les distributions de nourriture pour les nourrir… Je veux juste rentrer chez moi ».
Des dizaines de personnes déplacées des communes haïtiennes de Mirebalais et de Saut-d’Eau participent à des séances de sensibilisation à l’hygiène à Boucan Carré.
Apporter une aide aux communautés déplacées
Malgré la détérioration de la sécurité, les équipes humanitaires des Nations Unies travaillent avec les partenaires locaux et les autorités départementales pour continuer à fournir des ressources aux civils déplacés.
« [La vie des personnes déplacées] a été bouleversée ; des familles entières peinent à accéder à l’eau, aux soins de santé ou à un abri adéquat ».
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) « reste engagé aux côtés des autorités locales et de ses partenaires pour renforcer l’action humanitaire, malgré des ressources limitées, et continue de plaider en faveur d’un soutien accru », a déclaré Modibo Traoré, chef du bureau d’OCHA en Haïti.
Dans le département du Centre, l’UNICEF a fourni des ressources à 8.500 personnes, notamment six cliniques mobiles.
« Nous intensifions notre intervention dans le département du Centre, en fournissant des soins de santé essentiels et en apportant à des milliers d’enfants un soutien psychosocial, de l’eau potable et un accès à l’éducation là où ils en ont le plus besoin », a expliqué Mme Narayan de l’UNICEF.
Le PAM travaille également dans le département du Centre pour fournir des repas chauds et des kits alimentaires aux communautés déplacées et a fourni une assistance à plus de 13.100 personnes déplacées dans cette région au début du mois de mai.
« L’aide alimentaire du PAM offre de la dignité aux familles qui vivent aujourd’hui avec peu d’espoir. Cependant, les contraintes financières nous empêchent d’intervenir à grande échelle », a souligné Mme Kaaria.
Le PAM estime avoir besoin de 72,4 millions de dollars au cours des 12 prochains mois et l’UNICEF de 1,2 million de dollars au cours des six prochains mois pour faire face aux déplacements en cours en Haïti.
« C’est le moment d’intensifier nos efforts. L’avenir d’Haïti dépend des actions que nous menons aujourd’hui », a dit Mme Kaaria.
Retrouver la dignité grâce aux soins
Ces derniers jours, la jeune Leineda a commencé à recevoir le traitement dont elle a besoin pour lutter contre la malnutrition sur le site de Boucan Carré.
« Je suis heureuse aujourd’hui, car avant, nous n’avions pas de médecins pour nous examiner ou comprendre notre douleur », a déclaré Christiana. « La présence des médecins nous redonne un sentiment de dignité. Cela nous aide ».
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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