À Port-au-Prince, les viols collectifs orchestrés par les gangs se multiplient, exacerbés par les conditions précaires dans les camps de fortune. Les centres de santé sexuelle et reproductive, eux, ferment les uns après les autres, faute de financements. L’accès aux rares services encore disponibles relève du parcours d’obstacles.
« La sécurité est un obstacle permanent »
Christian Vovi, coordonnateur humanitaire du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) en Haïti.
Installé en Haïti depuis 2022, Christian Vovi, coordinateur humanitaire de l’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA), décrit un quotidien entravé par la menace.
À l’approche de la Journée mondiale de l’aide humanitaire, célébrée le 18 août, il confie à ONU Info : « Parfois, la possibilité d’une attaque nous oblige à travailler depuis chez nous. Cette situation limite notre capacité à aller sur le terrain pour rencontrer les populations touchées, dialoguer avec les femmes, constater la réalité dans les camps et les communautés. La sécurité constitue donc pour nous un obstacle permanent ».
Lorsque les déplacements sont impossibles, l’équipe a recours à des réunions virtuelles, avec les femmes et les partenaires, pour maintenir un suivi minimal.
Violences de genre en hausse
Les besoins explosent, mais les moyens manquent. Les cas rapportés de violences sexuelles et sexistes ne cessent d’augmenter. « Dans certains dossiers que nous suivons, on apprend comment des membres de gangs pénètrent dans une communauté, brûlent des maisons puis violent une mère ou un père devant leur famille », confie Christian Vovi.
La pauvreté pousse de nombreuses femmes à des extrémités. Faute de ressources, certaines se tournent vers la prostitution. Le désespoir s’installe, alimenté par l’absence de perspectives.
Un site pour personnes déplacées à Port-au-Prince, en Haïti.
Camps saturés, services raréfiés
Sur plus de cent sites accueillant des déplacés, à peine une douzaine bénéficient d’une couverture contre les violences sexistes. Dans des abris où s’entassent plusieurs familles par pièce, les risques explosent.
L’UNFPA distribue des kits de dignité – serviettes hygiéniques, savon, lampes de poche – et d’autres biens essentiels. Mais la demande dépasse de loin l’offre. Environ 26 % des déplacés sont des femmes en âge de procréer : des millions de dollars sont nécessaires pour répondre à leurs besoins urgents.
Les États-Unis se retirent, les stocks s’épuisent
En 2020, Washington finançait près des deux tiers du plan de réponse humanitaire en Haïti. Aujourd’hui, les coupes budgétaires forcent les agences onusiennes à suspendre des services destinés à 25.000 femmes et filles. Les kits post-viol, eux, étaient intégralement financés par les États-Unis depuis 2023 : les stocks sont désormais au plus bas.
Malgré l’insécurité et le manque de ressources, l’UNFPA et ses partenaires maintiennent une présence. L’agence coordonne la lutte contre les violences sexistes et a mis en place une ligne téléphonique d’urgence permettant d’orienter les victimes vers un appui psychosocial ou médical, même à distance.
Une femme décrit avoir été violée alors qu’elle fuyait la violence des gangs avec ses six enfants et qu’elle était enceinte de quatre mois.
« Il faut agir maintenant »
Pour Christian Vovi, l’abandon n’est pas une option. « Les Haïtiens estiment que leur situation est négligée, car ils pensent que la communauté internationale humanitaire dispose des moyens d’arrêter la violence et d’aider les victimes. Il est essentiel que le gouvernement, les diplomates et la communauté internationale plaident pour mettre fin aux violences actuelles et à la répression qui vise les femmes et les filles en Haïti ».
Son avertissement résonne comme une ultime alerte : « Il faut agir maintenant, car demain, il sera trop tard face aux besoins humanitaires et aux conditions de vie des femmes dans les sites de déplacés ».
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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