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Ouestafnews – La Guinée veut faire de l’accès équitable aux services de santé une priorité nationale. Elle a ainsi lancé une politique nationale de santé communautaire pour satisfaire toutes les couches de la population. Mais sur le terrain, une bonne frange de la population attend toujours de voir les effets de cette politique.

L’accès aux soins de santé se pose avec acuité à l’intérieur du pays comme le témoigne Mamadou Djouma Bah. Rencontré au centre-ville de Pita (au centre de la Guinée, dans le Fouta Djalon), il s’indigne : « un jour, je suis parti au centre de santé le matin, il n’y avait personne. Notre centre de santé n’existe que de nom ».

Hassatou Bah, ménagère à Conakry, fustige le traitement dont sont victimes les patients. « On va à l’hôpital parce qu’on a un problème de santé et qu’on a besoin d’aide. Malheureusement, un jour à l’hôpital national Donka, le médecin m’a grondée au lieu de me réconforter ».

Autre souci dans les hôpitaux guinéens, c’est la salubrité : des salles de soins sombres, crasseuses, moisies, humides ; des toits qui suintent et des toilettes impraticables… C’est le décor à l’hôpital national Ignace Deen de Conakry.

A ce tableau sombre, s’ajoute la cupidité des médecins, des infirmiers ou techniciens. Pas d’argent, pas de soins. Même aux urgences.

Le journaliste Abdallah Chérif a eu un accident de moto fin 2020. Arrivé à l’hôpital Jean Paul II de Conakry, il a eu une altercation avec le patron de la radiologie qui lui demandait de payer avant même d’avoir été consulté. Le fait de « demander de l’argent avant le service m’a beaucoup choqué ».  

Pourtant, l’État guinéen a fait des efforts en construisant des infrastructures sanitaires à tous les niveaux : hôpitaux nationaux, régionaux, préfectoraux, centres et postes de santé. Selon le Plan national de développement sanitaire PNDS 2015-2024, il existe plus de 1.350 structures publiques de santé, toutes catégories confondues.

Toutefois, les dépenses en santé par habitant restent toujours très faibles selon l’OMS. Elles sont passées de 46,2 $ (23.210 FCFA) en 2016 à 53$ (29.150 FCFA) en 2021.

Dans le cadre de l’amélioration de la santé communautaire, le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique a élaboré en 2018, un plan qui prévoyait le recrutement et la formation de 19.800 agents de santé.

L’exécution de cet engagement n’a été que partielle avant de s’arrêter car l’agence onusienne qui appuie le projet s’est retirée au bout d’un an. « L’Etat n’a pu prendre la relève », déplore Julien Kamano, chargé de partenariat et de développement à la Direction nationale de la santé communautaire et de la médecine traditionnelle.

La déclaration d’Abuja de 2011 engage tous les Etats de la Cedeao à octroyer au moins 15% de son budget annuel global à la santé. En 2020, le budget de la santé de la Guinée représentait 10 % du budget global de l’Etat contre 3,8% en 2016. « La moitié de ce budget va au fonctionnement du département alors que les communautés à la base ont des besoins », déplore Julien Kamano.

Même dans les structures de santé où le minimum est disponible, les coûts des services sont prohibitifs pour nombre de Guinéens, qui peinent à débourser 150.000 GNF, environ 12.000 FCFA pour une consultation dans un centre de santé.

« La pauvreté contraint les populations à faire de l’automédication », alors que, selon Dr Kéita, l’idéal voudrait que dès les premiers symptômes, le malade consulte un médecin.

En termes de disponibilité de lits, le ratio national est d’un lit pour plus de 3.333 habitants en 2021 soit plus de trois fois la norme de l’OMS qui est d’un lit pour 1.000 habitants. Un déficit logique dans la mesure où les 43 hôpitaux du pays ne disposent que d’un total de 2.984 lits. 

L’évaluation de la qualité du système de santé d’un pays, se fait essentiellement à partir des taux de mortalité, de morbidité, d’accouchement, de longévité, etc. L’Onu classe les pays selon ces indicateurs. « Le taux de mortalité maternelle est de 570 morts pour 1.000 naissances en Guinée », selon Dr Alpha Mahmoud Barry, spécialiste en santé publique, universitaire et consultant. Sans plus de précision, il ajoute que « les taux de mortalité des enfants, des jeunes et la mortalité néonatale sont aussi élevés ».

Selon toujours Dr Barry, en Guinée, « 70 % des demandes de services de santé se font au niveau des centres de santé, qui sont malheureusement au stade primaire, donc pas capables de faire des opérations chirurgicales, par exemple ». Le spécialiste en santé publique relève un paradoxe : « les investissements de l’Etat sont plus importants au niveau des hôpitaux qu’au niveau des centres de santé alors que seuls 30 % des cas de demandes de services de santé arrivent au niveau des hôpitaux ».

Le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique n’a pas donné suite à nos demandes d’interview sur sa stratégie de santé communautaire.

Selon le spécialiste en santé publique Dr Mahmoud Barry, la solution est d’investir dans les centres de santé, faire d’eux des centres de santé améliorés en renforçant leur plateau technique. Ils pourront y faire des césariennes, des ponctions lombaires et d’autres chirurgies ». Facile à dire. Plus difficile à réaliser dans un pays où tout est à reconstruire.

OTD/fd/ts

Source of original article: Archives des Santé – Une information fiable et indépendante sur… (www.ouestaf.com).
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