Réunis, jeudi 17 juillet, au siège des Nations Unies, à New York, les représentants des États membres ont examiné l’état d’avancement de l’objectif de développement durable (ODD) numéro 14, consacré à la préservation des océans, des mers et des ressources marines. 

Ces délibérations s’inscrivent dans le cadre d’un forum politique annuel de haut niveau sur le développement durable, qui se réunit actuellement, du 14 au 23 juillet. L’occasion de faire le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 adopté en 2015 par les gouvernements du monde entier, sous l’égide de l’ONU, pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous.

Or, une décennie plus tard, les chiffres sont implacables : seules 30 % des cibles fixées pour l’ODD 14 sont en bonne voie ou progressent modérément, selon un nouveau rapport publié lundi, tandis que 30 % accusent une progression marginale et 40 % régressent. Un constat sévère qui contraste avec les espoirs suscités par la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan, organisée le mois dernier dans le sud de la France, où plus de 800 engagements volontaires ont été actés.

Des océans cruciaux, mais en péril

Les océans couvrent plus de 70 % de la surface de la planète. Ils régulent le climat, abritent une biodiversité exceptionnelle, fournissent des moyens de subsistance à des millions de personnes et facilitent le commerce mondial. 

Mais les pressions s’intensifient : surpêche, pollution, destruction des habitats marins et changement climatique menacent leur équilibre. 

À ce jour, seulement 8,4 % de la surface marine est protégée, loin de l’objectif de 30 % fixé pour 2030. Et moins de la moitié des zones identifiées comme essentielles à la biodiversité marine bénéficient d’un statut de protection.

Malgré tout, des solutions existent. Le rapport souligne que le redressement des écosystèmes marins est possible, à condition d’associer gestion rigoureuse des pêches, approche fondée sur les écosystèmes, financement adapté et coopération internationale renforcée.

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres (premier rang, 2e en partant de la gauche), lors d’une photo de famille avec des dirigeants mondiaux pour accélérer la ratification du traité sur la haute mer, à Nice.

Nice 2025 : une impulsion politique à confirmer

La Conférence de Nice, largement saluée pour sa mobilisation politique, a permis l’adoption d’une déclaration ambitieuse portant sur la protection des milieux marins, la lutte contre la pollution plastique, la gouvernance de la haute mer et le soutien aux pays vulnérables. 

Ce rendez-vous a aussi marqué un tournant dans le processus de ratification du traité sur la haute mer, dit BBNJ, adopté en 2023 pour préserver la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales : 19 nouveaux pays signataires, portant le total à 50. Il en faut donc 10 de plus pour que cet accord entre enfin en vigueur.

La gestion des pêches porte ses fruits, mais…

En 2021, un peu moins des deux tiers (64 %) des stocks de poissons marins étaient exploités à un niveau biologiquement durable. 

Mais plus d’un tiers reste surexploité, et cette part augmente d’environ 1 % par an. Les régions les plus vertueuses, comme le nord-est et le sud-ouest du Pacifique affichent des taux de durabilité dépassant les 85 %, tandis que la Méditerranée et le sud-est du Pacifique restent en difficulté. Le cas du thon montre néanmoins que des efforts de gestion cohérents et une coopération régionale peuvent inverser la tendance.

© The Ocean Story/Vincent Kneefel

Un peu moins des deux tiers (64 %) des stocks de poissons marins sont exploités à un niveau biologiquement durable. Mais plus d’un tiers reste surexploité.

Les coraux, sentinelles d’un océan en surchauffe

Les océans absorbent environ 90 % de l’excès de chaleur dû aux gaz à effet de serre. En 2024, leur température a atteint un niveau jamais enregistré depuis 65 ans. Ce réchauffement met en péril les récifs coralliens, abris d’un quart de la vie marine et sources de subsistance pour près d’un milliard de personnes. 

L’ONU alerte sur un quatrième épisode mondial de blanchissement des coraux, le plus grave jamais observé : entre janvier 2023 et mai 2025, 84 % des récifs ont subi un stress thermique

Même si le monde parvenait à limiter le réchauffement climatique à 1,5, jusqu’à 90 % des récifs tropicaux pourraient disparaître d’ici 2050. À 2 °C de réchauffement, ils seraient presque tous anéantis.

Une acidification invisible, mais dévastatrice

En plus de la chaleur, les océans absorbent environ un quart du dioxyde de carbone émis par les activités humaines, ce qui modifie leur chimie. Le pH des eaux marines baisse lentement mais sûrement : il est passé de 8,1 en 1985 à 8,04 en 2023

Cette acidification fragilise les coquillages, les coraux, et réduit la capacité des océans à absorber le carbone, compromettant la lutte contre le dérèglement climatique. Les efforts de surveillance s’intensifient, mais les données manquent encore dans de nombreuses régions, notamment en Asie, en Afrique et en haute mer.

FAO/Cristiano Minichiello

La pêche illicite représenterait jusqu’à 26 millions de tonnes de poissons par an, soit 15 % des captures mondiales.

Des progrès contre la pêche illégale

La pêche illicite, non déclarée et non réglementée continue de menacer les ressources halieutiques mondiales. Elle représenterait jusqu’à 26 millions de tonnes de poissons par an, soit 15 % des captures mondiales. Elle touche particulièrement les communautés côtières vulnérables. Des instruments comme l’accord sur les mesures du ressort de l’État du port (AMREP), ratifié par 83 parties, et de nouvelles lignes directrices internationales ont permis des avancées notables. 

L’accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) visant à éliminer les subventions à la surpêche, ratifié par 102 membres en juin 2025, pourrait renforcer encore cette dynamique.

Des politiques à la mise en œuvre

La protection des océans ne peut se limiter aux déclarations. Partout dans le monde, des pays adoptent des approches de gestion intégrée, combinant politiques terrestres et maritimes, notamment à travers la planification spatiale marine et la gestion des zones côtières. 

Ces outils visent à réduire les conflits d’usage, protéger les écosystèmes et développer une économie bleue durable. 

En 2023, 126 pays étaient engagés dans de telles démarches, mais seuls 45 avaient formellement adopté un plan. L’Afrique subsaharienne et l’Amérique latine restent en phase de préparation, freinées par un manque de données, de moyens et de coordination.

Un avertissement à cinq ans de l’échéance

Ce bilan intervient à un moment critique. L’Agenda 2030, adopté il y a dix ans, arrive aux trois quarts de sa trajectoire. Face à la dégradation rapide des écosystèmes marins, les gouvernements doivent transformer leurs engagements en actions concrètes, soutenues par des financements, des données fiables et une volonté politique. 

Le temps presse : la santé des océans, et celle des générations futures, en dépendent.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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