Depuis son siège de Kingston, en Jamaïque, l’organisation onusienne veille à ce que les ressources minérales de ces zones, riches en métaux rares, soient exploitées de manière équitable et durable – ou ne le soient pas du tout.

Alors qu’États et entreprises privées se lancent dans une course effrénée à l’extraction des trésors sous-marins, l’AIFM entend faire barrage au chaos. « Il s’agit de notre patrimoine commun », explique sa secrétaire générale, Leticia Carvalho. Un rappel nécessaire à l’heure où les batteries de voitures électriques et les téléphones portables attisent une nouvelle ruée vers l’or des profondeurs – version cobalt, néodyme ou lanthane.

À quoi sert l’AIFM ?

Créée par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, l’AIFM est chargée de gérer les ressources minérales présentes dans 54 % des océans, c’est-à-dire au-delà de toute souveraineté étatique. Elle a pour mandat d’encadrer les activités économiques dans les grands fonds, de garantir la protection de l’environnement marin, et de faire en sorte que les bénéfices tirés de ces ressources profitent à l’ensemble de l’humanité.

Jusqu’ici, les États sont libres d’exploiter leurs zones économiques exclusives. Mais au-delà, aucune nation ni aucune multinationale ne peut prétendre à une appropriation unilatérale. D’où l’importance de l’AIFM, seule entité internationale habilitée à réguler ce patrimoine commun, devenu théâtre d’âpres batailles diplomatiques.

Les fonds marins contiennent une faune riche et une variété de minéraux rares.

Vers un code minier des abysses

Face à l’accélération des pressions extractives, l’AIFM planche sur un code minier censé poser les bases d’une exploitation responsable. L’objectif : concilier préservation des écosystèmes marins, principes de durabilité environnementale et partage équitable des retombées. Le projet de texte, au cœur de la 30ᵉ session de l’organisation qui s’achève le 25 juillet à Kingston, suscite un vif intérêt.

Car les enjeux sont colossaux. Le sous-sol marin regorge de métaux stratégiques : cuivre, cobalt, or, nickel, zinc, argent… autant de matériaux indispensables à la transition énergétique, aux technologies numériques, et aux ambitions géopolitiques des puissances maritimes.

Un volcan actif au fond de l’océan.

Les abysses, nouvelles décharges invisibles ?

Mais au-delà des métaux, les abysses sont aussi devenus le réceptacle silencieux d’une autre menace : le plastique. En 2020, l’AIFM a adopté un programme de recherche scientifique mondiale pour mieux comprendre les écosystèmes profonds, favoriser le partage de données, et élucider le mystère du « paradoxe des plastiques manquants ». 

Chaque année, des millions de tonnes de déchets plastiques pénètrent dans les océans – mais une partie considérable reste introuvable. Où finit-elle ? Peut-être dans ces zones abyssales, où leur lente décomposition pourrait empoisonner la faune et la flore pendant des siècles.

Une boîte de conserve à 4.947 m de profondeur, sur les pentes d’un canyon sous-marin, près des îles Mariannes du Nord dans l’océan Pacifique.

Une biobanque mondiale pour les grands fonds

Pour renforcer les capacités de recherche et d’analyse, l’AIFM a lancé en juin la Biobanque des grands fonds (DBI), en marge de la Conférence des Nations Unies sur l’océan à Nice. Cette plateforme entend centraliser les échantillons biologiques et les données génétiques collectés dans les zones internationales. Elle vise à démocratiser l’accès à ces connaissances, notamment pour les pays en développement, tout en posant des standards scientifiques communs.

« La DBI est la réponse de l’AIFM à une nécessité croissante de renforcer la recherche, de partager les données, de développer les compétences et de démocratiser l’accès aux connaissances sur les grands fonds », explique Leticia Carvalho. L’ambition ? Offrir à chaque pays les moyens de mieux comprendre, et donc mieux protéger, les écosystèmes les plus reculés de la planète.

Un ver à glands, l’une des nombreuses espèces observées dans les profondeurs marines, autour des îles Mariannes du Nord, dans l’océan Pacifique.

“DeepData”, mémoire vive des profondeurs

Depuis 2019, l’AIFM alimente également une base de données colossale, baptisée DeepData. Avec plus de 10 téraoctets d’informations collectées – soit l’équivalent de près de 7 millions de photos – elle constitue le plus vaste répertoire environnemental consacré aux grands fonds. Consultée par des chercheurs du monde entier, elle a été citée dans plus de 160 publications scientifiques et enregistrait 2,4 millions de consultations en 2022.

Une gouvernance océanique sous pression

Avec ses 170 membres, l’AIFM incarne une tentative rare de gouvernance planétaire dans un espace sans frontières. Mais son rôle, encore largement méconnu, s’annonce décisif. Entre appétits miniers, pollution invisible et biodiversité fragile, les abysses sont à la croisée des chemins.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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