Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, Huang Xia, l’envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a dressé un tableau préoccupant du conflit, tout en saluant les récentes avancées diplomatiques.
« Malgré les injonctions du Conseil de sécurité, des organisations régionales et sous-régionales africaines, de l’Union européenne, malgré les mesures restrictives et les sanctions prises, les combats se poursuivent », a-t-il déploré.
Sur le terrain, en effet, les rebelles du M23 et de l’Alliance fleuve Congo, une coalition politique affiliée au groupe armé, continuent leur expansion dans les provinces du Nord- et du Sud-Kivu, avec le soutien des forces rwandaises. Une situation qui s’accompagne d’un afflux croissant de réfugiés vers les États voisins du Burundi, de l’Ouganda et du Rwanda.
« Cette sombre réalité nous oblige et devrait nous inviter à redoubler d’efforts », a insisté M. Xia, appelant à capitaliser sur les diverses initiatives diplomatiques en cours.
Une effervescence diplomatique
Parmi celles-ci, il a salué les dynamiques récentes autour des processus dits de Nairobi et de Luanda, soutenus par l’Union africaine (UA), la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). L’adoption, en mars, d’une feuille de route conjointe par les chefs d’États de la CAE et de la SADC et la désignation par les deux groupes régionaux d’un collège de facilitateurs, dont deux femmes africaines, sont autant de signaux positifs.
L’envoyé spécial a également rendu hommage au président angolais, João Lourenço, qui est également à la tête de l’Union africaine, pour ses efforts visant à lever les mesures défensives prises par le Rwanda à l”encontre de Kinshasa et à neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé défendant les intérêts des Hutus rwandais réfugiés en RDC.
Autre avancée remarquée : la rencontre organisée à Doha, le 18 mars, par l’émir du Qatar entre le président congolais, Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais, Paul Kagame. « Ces démarches marquent une étape cruciale dans les efforts visant à un cessez-le-feu sur le terrain et à la désescalade des tensions entre la RDC et le Rwanda », a souligné M. Xia.
Dans la même veine, l’émissaire onusien s’est félicité de la volonté affichée par Kinshasa de dialoguer directement avec le M23. « Obtenir un cessez-le-feu immédiat et sans conditions, et s’accorder sur la réouverture des couloirs humanitaires devraient, à mon sens, constituer la question primordiale à l’ordre du jour », a-t-il plaidé.
Besoin de coordination renforcée
M. Xia a toutefois insisté sur la nécessité de renforcer la coordination entre ces initiatives internationales et régionales. « Une telle approche permettrait de s’appuyer sur les avantages comparatifs de chacun et les acquis déjà engrangés », a-t-il expliqué, soulignant que cela favoriserait une « dynamique de complémentarité et d’unité de vision ».
Mais ces efforts ne suffiront pas, selon lui, sans une véritable volonté politique. « Ce que nous avons observé à ce jour, c’est une compétition d’ambitions politiques et de sécurité […] entretenues par l’existence de multiples groupes armés, l’exploitation illégale des ressources naturelles, mais aussi l’absence de l’autorité de l’État », a-t-il dénoncé.
L’envoyé spécial a exhorté le Conseil à « user de toute son influence et des leviers à sa disposition » pour soutenir les processus en cours. Il a souligné que son bureau continuerait d’accompagner les initiatives de coopération économique, sécuritaire et judiciaire entre dans les Grands Lacs.
« La vie des populations civiles en dépend plus que jamais », a-t-il dit.
Un « cauchemar de violences »
Catherine Russell, la directrice exécutive de l’UNICEF, a en effet souligné la situation de détresse dans laquelle sont plongées les populations de l’est de la RDC, qualifiant la zone de « cauchemar de violences horribles et de besoins humanitaires galopants ».
Mme Russel a déploré une flambée sans précédent des violations graves contre les femmes et les enfants depuis le début de l’année, citant une augmentation de 100 % des cas vérifiés par rapport à la même période en 2024. Parmi ces exactions : des attaques aveugles, l’enrôlement massif d’enfants, des enlèvements collectifs, ainsi que l’utilisation des violences sexuelles « comme arme de guerre pour détruire des vies, des familles et des communautés ».
Selon les données partagées par l’UNICEF, plus de 400.000 enfants ont été nouvellement déplacés depuis janvier dans les provinces de l’est du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, rejoignant des millions d’autres déjà entassés dans des camps de fortune.
Dans ces lieux où l’eau potable fait cruellement défaut, les risques de propagation de maladies comme le choléra, la rougeole ou le mpox sont particulièrement élevés.
Flambée des viols d’enfants
Mme Russell a souligné que le taux de violence sexuelle contre les enfants en RDC a atteint « un niveau choquant » : plus de 40 % des près de 10.000 cas de viols et violences sexuelles signalés en janvier et février concernaient des enfants. L’UNICEF estime ainsi qu’« un enfant a été violé toutes les trente minutes » lors du pic des violences.
La situation sanitaire est tout aussi préoccupante. Le système de santé, déjà affaibli, est submergé. De nombreuses structures médicales manquent de fournitures essentielles, y compris les kits destinés aux survivantes de viols exposées au VIH. Le conflit a également mis à l’arrêt la prise en charge de 143 patients atteints d’un nouveau variant du mpox à Goma, contraints de fuir les centres d’isolement pour échapper aux combats dans cette métropole du Nord-Kivu, tombée fin janvier sous le contrôle du M23.
Face à cette urgence humanitaire, Mme Russell a rappelé que l’UNICEF continue de fournir de l’eau potable à près de 700.000 personnes par jour dans la région de Goma, tout en assurant la distribution de kits médicaux, le soutien psychosocial aux enfants traumatisés et la prise en charge des mineurs non accompagnés. Mais les besoins surpassent largement les capacités : seuls 20 % des fonds requis l’an dernier ont été reçus par l’UNICEF, qui a lancé un appel urgent de près de 57 millions de dollars pour les trois prochains mois.
« Si nous échouons à intervenir, nous condamnons une génération d’enfants à la peur, au traumatisme, à un avenir défini par la violence », a déclaré la directrice de l’UNICEF. « Mais si nous nous mobilisons pour la paix, la responsabilité et la protection, alors nous leur offrons autre chose : l’espoir ».
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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