À mesure que la guerre ravage l’Ukraine, elle transforme en profondeur son paysage criminel. C’est le constat sans appel dressé par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans un rapport publié vendredi, qui dépeint un pays où la criminalité s’adapte à la guerre comme un virus à son hôte.

Des mafias bien structurées troquent les vieilles routes de l’héroïne contre des laboratoires de méthadone. Des escrocs profitent du chaos pour installer des dizaines de centres d’appel frauduleux. Le conflit, qui entre dans sa quatrième année, redessine les contours d’un monde souterrain plus sophistiqué, plus rentable – et plus difficile à éradiquer.

« La guerre n’a pas seulement infligé d’indicibles souffrances au peuple ukrainien, elle a aussi déclenché une évolution marquée de la criminalité organisée, ce qui peut avoir de profondes répercussions sur la marche du pays vers le redressement et la reconstruction », a déclaré Angela Me, cheffe de la recherche et de l’analyse à l’ONUDC.

Des drogues de synthèse à la place de la cocaïne

Avec la fermeture des ports et aéroports, et un prix de l’héroïne multiplié par quatre dès 2022, les anciens circuits du trafic de drogues se sont brutalement taris. Mais l’économie criminelle, elle, n’a pas cessé de tourner. Elle s’est adaptée.

Désormais, ce sont les drogues de synthèse – cathinones, méthadone – qui inondent le marché intérieur. Leur production est locale, leur distribution contrôlée par de puissants groupes criminels tels que Khimprom, qui a aussi investi le domaine de la fraude en ligne. Faute de débouchés à l’étranger, la méthadone reste majoritairement consommée en Ukraine, portée par une demande en hausse et des frontières largement fermées.

Une cybercriminalité florissante

Le crime le plus lucratif, aujourd’hui, est ailleurs. En 2023, les fraudes en ligne ont littéralement explosé : plus de 53.000 délits enregistrés, contre environ 16.500 l’année précédente. Les cas ont triplé en à peine un an, orchestrés 1.500 centres d’appel répartis sur le territoire ukrainien.

Le chiffre d’affaires de ce secteur parallèle se compte en milliards. En novembre 2023, un seul centre d’appel, démantelé par les autorités, rapportait jusqu’à 200.000 dollars par mois à ses quinze membres. En décembre, le bureau du procureur général a mis la main sur un réseau implanté dans 16 régions du pays, employant 2.500 opérateurs pour un chiffre d’affaires annuel estimé à 74 millions de dollars.

Cinq groupes se partagent ce marché de l’arnaque à grande échelle, dont Khimprom et Dniprovski, chacun à la tête d’une dizaine de centres d’appel. Si la majorité des victimes sont ukrainiennes – y compris des personnes déplacées – des ressortissants européens, russes ou d’autres pays figurent aussi parmi les cibles.

Armes, tabac, corruption : un écosystème en expansion

Autre conséquence du conflit : la circulation accrue des armes à feu, qui alimente une violence diffuse, des rues aux foyers. L’ONUDC note une hausse de la violence domestique et des conflits interpersonnels impliquant des civils armés. Le tabac, quant à lui, fait l’objet d’une contrebande massive, les trafiquants évitant les déclarations douanières ou les falsifiant, au détriment des finances publiques.

Le rapport recommande une série de mesures urgentes, allant du renforcement du contrôle aux frontières à la création de capacités d’analyse centralisées pour mieux traquer les réseaux criminels. L’ONUDC appelle notamment à « mettre en place des partenariats public-privé avec les secteurs des télécommunications et de la banque pour prévenir la cyberfraude ».

Dans une Ukraine déchirée par la guerre, la lutte contre la criminalité organisée devient une autre ligne de front – plus discrète, mais tout aussi décisive pour l’avenir du pays.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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