« Malheureusement, l’évolution de la situation sécuritaire sur le terrain ne reflète pas les avancées enregistrées sur le plan diplomatique », a constaté, vendredi, Martha Pobee, Sous-secrétaire générale de l’ONU pour l’Afrique, devant le Conseil de sécurité. « Le nombre de victimes civiles a augmenté de manière dramatique. Les travailleurs humanitaires risquent leur vie pour fournir une assistance limitée à une population dont les besoins ne cessent de croître ».
Martha Pobee, la Sous-secrétaire générale de l’ONU pour l’Afrique, au devant le Conseil de sécurité (photo d’archive).
Des massacres à répétition
Au Nord-Kivu, le Mouvement du 23 Mars, une faction rebelle soutenue par des éléments de l’armée rwandaise et composée en majorité d’éléments de la minorité congolaise tutsi, a poursuivi ses gains territoriaux. Depuis la prise par de Goma, le chef-lieu de la province, arraché à l’armée régulière, fin janvier, le M23 a continué d’étendre son territoire, plus récemment en prenant le contrôle de zones tenues par des milices affiliées aux Wazalendo, un groupe armé allié au gouvernement de Kinshasa.
Entre le 9 et le 21 juillet, au moins 319 civils – dont 48 femmes et 19 enfants – ont été tués par le M23 au Nord-Kivu. Des villages ont été incendiés, des centres de santé détruits et des récoltes confisquées. « De nombreux civils ont été contraints de fuir ou de travailler de force », a déploré Mme Pobee lors de la réunion du Conseil, convoquée en urgence par les États-Unis, soulignant la peur et la méfiance qui s’installent dans des zones où les combattants se fondent dans la population.
La province voisine de l’Ituri n’est pas épargnée. Après le massacre de la localité Komanda, le 27 juillet, dans lequel 43 personnes ont péri aux mains des Forces démocratiques alliées (ADF), le groupe armé ougandais a multiplié les attaques. Ces violence ont débordé dans le Nord-Kivu, où les ADF ont tué une cinquantaine de civils entre le 11 et le 18 août, incendiant des habitations et enlevant des dizaines de personnes.
Les factions rivales du Front populaire d’autodéfense en Ituri (FPAC), autrement appelé « Zaïre », qui dit défend la communauté Héma, et de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), partisane des Lendus, ont, elles aussi, repris les armes, ciblant parfois directement des civils. Historiquement, l’antagonisme entre Hémas et Lendus s’est traduit par des flambées de violences entre les deux communautés par milices interposées.
Une crise humanitaire monumentale
L’ONU dresse un tableau alarmant : près de six millions de Congolais sont déplacés à l’intérieur du pays, dont 2,5 millions pour les seules provinces du Nord et du Sud-Kivu. Les familles, chassées à répétition de leurs villages, sont piégées dans « un cycle de peur et de déplacements constants ». L’insécurité alimentaire s’aggrave, les champs sont abandonnés ou pillés, et des milliers d’enfants voient leur scolarité sacrifiée à la guerre.
« Nous ne pouvons ni ne devons accepter les souffrances extrêmes et les atrocités récurrentes devenues monnaie courante dans l’est de la RDC », a insisté Martha Pobee. « Pour protéger les civils, rétablir un minimum d’ordre et répondre aux besoins humanitaires criants de la population, les parties doivent cesser les hostilités ».
La diplomatie en quête de cohérence
Les efforts diplomatiques ne manquent pourtant pas. Le 27 juin, à Washington, un accord de paix a été signé entre la RDC et le Rwanda, sous l’égide des États-Unis. Le 19 juillet, à Doha, au Qatar, une Déclaration de principes a été conclue entre Kinshasa et le M23. Un sommet conjoint de la Communauté d’Afrique de l’Est et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a fusionné ses médiations, avec l’appui de l’Union africaine (UA), sous la direction du président togolais Faure Gnassingbé. Une feuille de route proposée par les principales confessions religieuses congolaises tente d’ancrer le dialogue au niveau national.
Mais, comme l’a rappelé Mme Pobee, « si l’engagement dans le processus est bienvenu, il ne saurait se substituer à un cessez-le-feu effectif sur le terrain ». La MONUSCO, la mission de maintien de la paix de l’ONU déployée au Nord-Kivu et en Ituri, ainsi que l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, Huang Xia, poursuivent leurs efforts. Parallèlement, le Conseil de sécurité est exhorté à « placer au centre de ses préoccupations le bien-être des millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui continuent de porter le fardeau de la crise ».
Malgré la litanie de massacres et l’instabilité chronique, l’ONU veut croire qu’avec « un engagement sincère des parties et un soutien concerté de la communauté internationale », la paix demeure possible dans l’est congolais.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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