Né d’une mutinerie d’anciens rebelles intégrés dans l’armée congolaise, le Mouvement du 23 mars s’est imposé comme le cœur battant du conflit. Plus connu sous le nom de M23, ce groupe de défense des intérêts de la minorité tutsie congolaise a lancé début 2025 une offensive éclair qui lui a permis de conquérir de vastes territoires du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, deux des trois provinces de l’est du pays.
Soutenu par le Rwanda, le M23 contrôle aujourd’hui une portion stratégique du territoire congolais, à l’image de sa prise de contrôle des deux principales villes de la région : Goma, fin janvier, puis Bukavu, quelques semaines plus tard.
Depuis, les combats se déplacent plus au sud, tandis que la province voisine de l’Ituri est livrée à une constellation d’autres groupes armés.
Diplomatie à deux vitesses : Washington et Doha
Pour tenter d’enrayer la spirale, deux initiatives parallèles ont vu le jour. La première, l’accord de Washington, signé le 27 juin sous médiation américaine, engage la RDC et le Rwanda à un cessez-le-feu bilatéral, au retrait progressif des troupes étrangères et à une coopération économique régionale. Mais sa faiblesse majeure est structurelle : le M23 n’en est pas partie prenante. Kigali, qui nie tout lien avec la rébellion, n’est pas tenue de désarmer les rebelles.
Le second cadre, le processus de Doha, vise précisément à combler cette faille. Sous médiation qatarie, il associe le gouvernement de Kinshasa et le M23. Une déclaration de principes a été signée le 19 juillet, suivie d’un accord d’échange de prisonniers en septembre. Mais les discussions se sont vite enlisées : le M23 accuse Kinshasa de traîner des pieds, tandis que le gouvernement dénonce de nouvelles offensives rebelles.
Ces deux mécanismes, censés se compléter, peinent à produire des effets concrets. Comme l’a rappelé lundi Xia Huang, l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs, lors d’une réunion du Conseil de sécurité, « le cessez-le-feu convenu n’est pas respecté » et le conflit « risque un embrasement régional ».
RDC : les équipes du Programme alimentaire mondial (PAM) fournissent une aide aux personnes déplacées dans un camp près de Goma (photo d’archive).
Le gouffre entre les mots et le terrain
Malgré les sommets successifs et les accords en cascade, sur le terrain, les combats continuent d’effacer les promesses. Les populations fuient, les camps débordent, les routes sont coupées. Et comme le rappelle M. Xia, « la situation humanitaire demeure catastrophique ». Parallèlement, les violations des droits de l’homme de part et d’autre se poursuivent.
Mais le cœur du problème est ailleurs : l’exploitation illégale des ressources naturelles (or, coltan, cobalt) dont regorge l’est de la RDC par les milices, trafiquants et acteurs transfrontaliers, qui utilisent ensuite ces revenus pour alimenter l’économie de guerre. « Il ne peut y avoir de paix durable sans un traitement sérieux des causes profondes et structurelles du conflit », a souligné le responsable, appelant à renforcer la traçabilité et la transparence des chaînes d’approvisionnement régionales.
Une architecture de paix bancale
En août, l’Union africaine (UA) a tenté de rationaliser les efforts régionaux en fusionnant deux cadres jusque-là parallèles : le processus de Nairobi, conduit par la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) pour favoriser un dialogue entre Kinshasa et les groupes armés opérant dans l’est du pays, et le processus de Luanda, mené par l’Angola pour désamorcer la crise entre la RDC et le Rwanda.
Placée désormais sous la médiation du président togolais Faure Gnassingbé, cette nouvelle architecture commune doit permettre d’éviter les chevauchements. Car la multiplication des acteurs risque de diluer la cohérence et brouiller les priorités.
Xia Huang plaide pour « une médiation africaine unifiée et efficace » et pour un appui technique accru à la mise en œuvre des accords existants. Sa feuille de route tient en trois points : un cessez-le-feu immédiat, effectif et inconditionnel ; un soutien politique et logistique aux accords de Washington et de Doha ; et un traitement en profondeur des causes structurelles du conflit.
La paix, une question de volonté
« Toutes nos actions, toutes nos résolutions ne pourront pas avoir d’effet sur le terrain si les parties elles-mêmes ne sont pas prêtes à faire la paix », a prévenu l’envoyé de l’ONU à l’attention des membres du Conseil. Mais son appel vise d’abord les États voisins – Rwanda, Ouganda, RDC – qu’il exhorte à « reprendre un dialogue direct et franc ».
Car au-delà des protocoles, c’est la volonté politique qui manque. Tant que le M23 consolidera ses positions, tant que Kigali et Kinshasa s’accuseront mutuellement, et tant que les minerais du Kivu nourriront le trafic transfrontalier, les accords resteront du papier sur des cendres.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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