À Hinche, dans le centre du pays, l’école Anténor Firmin n’abrite plus le silence studieux d’élèves, mais les pleurs des bébés, le cliquetis des bidons et les chuchotements nocturnes.

Plus de 700 personnes déplacées par la violence s’entassent dans ce complexe délabré, dormant à même le sol, où les enfants s’appliquaient jadis à résoudre des équations.

Parmi elles, Edens Désir, un ancien enseignant qui continue de croire que l’éducation est la clé d’un avenir plus prospère et plus pacifique pour cette nation insulaire des Caraïbes en proie à une violence extrême.

Edens Désir enseigne à l’école Anténor Firmin.

Parti sans rien

Comptable de formation, la vie de l’ancien enseignant dans le secondaire a été bouleversée par les violents affrontements qui ont éclaté en mars 2025 à Saut-d’Eau et Mirebalais, deux petites villes au sud de Hinche.

Comme 6.000 autres personnes, il a fui les massacres, les viols, les incendies criminels et les pillages.

« Tout ce que j’avais construit petit à petit a été détruit », a-t-il déclaré. « Je suis parti sans rien ».

Les gangs en guerre contrôlent depuis longtemps la grande majorité de la capitale haïtienne, Port-au-Prince, à environ 48 km.

Ce n’est que récemment que leur sphère d’influence s’est étendue aux zones plus rurales du département du Centre, où se trouvent Hinche et Saut-d’Eau.

Edens Désir a trouvé refuge dans l’école où il a autrefois étudié, un lieu désormais dénué de sa fonction initiale. Les pupitres sont devenus des lits. Les salles de classe se sont transformées en abris. Les familles s’entassent dans des pièces qui n’ont jamais été conçues pour les accueillir.

Une salle de classe de l’école Anténor Firmin à Hinche sert à la fois d’abri et d’espace d’apprentissage informel pour les enfants déplacés.

Même dans ces pièces surpeuplées, il a trouvé le moyen de recommencer. Pas pour lui, mais pour les enfants qui l’entourent. Avec un tableau blanc, un marqueur et une détermination tranquille, il a redonné un sens à des vies qui avaient déraillé.

« Depuis que je suis enfant, j’aime enseigner », explique-t-il. « C’est ce qui compte le plus pour moi. Je préfère être devant une classe plutôt que de rester assis à ne rien faire. Pour ces enfants, l’école est la seule chance réelle qu’ils ont ».

Vivre dans l’incertitude

Alors qu’il était sur le point de développer une petite entreprise, M. Désir vit désormais dans l’incertitude.

« Ce projet est tombé à l’eau. La violence en a décidé ainsi. Ma seule option maintenant est de partir et d’essayer de recommencer ailleurs. Mais tant que je suis ici, je continuerai à partager mes connaissances ».

Il vit désormais au jour le jour. « Je ne peux plus faire de projets », dit-il. « Chaque jour, je fais face aux choses au fur et à mesure qu’elles se présentent. Chaque soir, je me demande s’il y aura de quoi manger le lendemain ».

L’eau potable est rare. De longues files d’attente s’étendent aux points de distribution, où les femmes et les enfants attendent patiemment, en équilibrant de lourds récipients.

Les conditions d’hygiène sont désastreuses. Avec si peu de latrines et de douches disponibles, des centaines de personnes se retrouvent sans intimité ni installations sanitaires. Les risques sanitaires augmentent, en particulier pour les plus vulnérables.

S’alimenter est aussi plein d’incertitude. « Il y a des nuits où je me couche sans avoir mangé », dit-il. « Mais je continue à enseigner parce que les enfants sont là ».

Le personnel de l’OIM et un agent de la protection civile évaluent les besoins des personnes déplacées.

Le défi de l’acheminement de l’aide

L’acheminement de l’aide aux personnes déplacées est un véritable défi. La route principale reliant Port-au-Prince à Hinche demeure bloquée par l’insécurité, interrompant les chaînes d’approvisionnement et isolant des communautés entières.

Malgré ces obstacles, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations Unies a atteint plus de 800 familles dans 17 sites de déplacement, leur fournissant des articles de première nécessité tels que des kits d’hébergement, des couvertures, des ustensiles de cuisine et des jerrycans.

Les équipes de l’OIM continuent de travailler directement avec les familles déplacées, les communautés d’accueil et les autorités locales pour évaluer les besoins et fournir des secours.

Les comités de site et les équipes de protection civile sont formés pour mieux gérer les abris. Les sites les plus fragiles sont transférés vers des zones plus sûres et un soutien psychologique est proposé aux personnes touchées par les violences.

Ces efforts visent à protéger les plus vulnérables, en particulier les enfants, d’une crise qu’ils n’ont pas choisie mais qu’ils sont désormais contraints de traverser.

Edens Désir estime que le savoir est la meilleure défense contre la déshumanisation. Lorsque la violence détruit tout, obligeant les enfants à se déplacer, séparant les familles et coupant l’accès à l’éducation, l’enseignement devient un acte de résistance.

Même lorsque les jours sont lourds, il répond présent pour les enfants qui croient encore en lui.

« Si nous voulons que les choses changent, nous avons besoin de personnes qui deviennent de meilleurs citoyens », déclare-t-il. « Je ne sais pas si ce que je fais est suffisant pour y parvenir, mais cela me donne un but. Cela me fend le cœur de savoir qu’un jour, je devrai les laisser derrière moi et chercher un avenir meilleur ».

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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