De nouvelles données publiées cette semaine révèlent que les avancées pour réduire la fracture mondiale entre les sexes demeurent timides. Si les écarts se resserrent par endroits, l’égalité – loin d’être acquise – progresse à petits pas, quand elle n’est pas carrément freinée par des lois discriminatoires ou des pratiques néfastes.

Ces constats décevants sont tirés d’une étude rendue publique lundi par l’ONU, à l’ouverture d’un forum politique sur le développement durable, au siège de l’organisation à New York. Cet événement, d’une durée de deux semaines, sert de point d’étape pour suivre la mise en œuvre de l’Agenda 2030 – un plan mondial adopté par les pays du monde entier en 2015 pour éradiquer la pauvreté, réduire les inégalités et protéger la planète. Une décennie après son lancement, et à cinq ans de l’échéance, le bilan est inquiétant.

« Soyons clairs », a confié lundi le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, à l’occasion de la publication du rapport. « Nous ne sommes pas là où nous devrions être ». 

L’égalité, en queue de peloton

Sur les 17 objectifs de développement durable fixés en 2015, à peine plus d’un tiers sont sur la bonne voie. 

L’objectif numéro 5, consacré à l’égalité entre les sexes, figure parmi ceux qui progressent le plus lentement. Selon les données de l’étude, 40 % des cibles établies affichent des avancées modérées, et les 60 % restantes n’enregistrent que des progrès insuffisants. Si aucune cible n’a régressé ou stagné – contrairement à la plupart des autres objectifs –, les résultats restent bien en deçà de ce qui serait nécessaire pour respecter les délais.

Dans 61 États, certaines professions restent interdites aux femmes.

Des lois inégalitaires

Depuis 2019, près d’une centaine de réformes juridiques ont été adoptées à travers le monde pour faire avancer les droits des femmes. Mais sur les 131 pays analysés cette année, plus de la moitié présentent encore des lacunes dans tous les domaines évalués : égalité devant la loi, lutte contre les violences, accès à l’emploi et autonomie familiale.

Dans plus de 60 pays, des lois restreignent toujours l’accès de certaines professions aux femmes. Seule une nation sur trois fixe l’âge minimum du mariage à 18 ans sans exception. Et plus de la moitié des législations nationales ne criminalisent pas le viol en se fondant sur l’absence de consentement – une norme pourtant centrale dans les traités internationaux relatifs aux droits humains.

© Neuvième-UNFPA Djibouti

Zeinaba Mahr Aouad, 24 ans, de Djibouti, a survécu à une mutilation génitale féminine à l’âge de 10 ans.

Mutilations, mariages précoces

Aujourd’hui, une jeune femme sur cinq dans le monde a été mariée avant ses 18 ans. En Afrique subsaharienne, près d’un tiers d’entre elles sont concernées, et les projections indiquent que le nombre de mariages précoces continuera d’augmenter dans la région d’ici à 2030.

Du côté des mutilations génitales féminines, 230 millions de filles et femmes dans le monde en subissent les conséquences dévastatrices, aussi bien sur le plan médical que psychologique. Chaque année, 4 millions de nouvelles excisions sont recensées, souvent avant l’âge de cinq ans. Pour espérer éliminer cette pratique à l’échelle mondiale d’ici cinq ans, il faudrait que les progrès s’accélèrent… à un rythme 27 fois supérieur à celui de la décennie écoulée.

Soins non rémunérés, absence de pouvoir

Les obstacles ne sont pas tous inscrits dans la loi. Partout, les femmes assument l’essentiel des soins non rémunérés, une tâche à la fois indispensable et invisible. En moyenne, elles y consacrent deux fois et demie plus de temps que les hommes – un écart qui grimpe à un facteur quatre en Afrique du Nord ou en Asie de l’Ouest. Ce déséquilibre limite leur accès à l’emploi, à la formation et à la vie politique.

Et si la représentation parlementaire des femmes progresse – elles occupent plus de 27 % des sièges au niveau mondial –, la vague électorale de 2024, qui a vu un renouvellement des parlements dans environ 60 pays, n’a pas produit de réel basculement.

Dans les conseils locaux comme dans les entreprises, moins d’un tiers des postes de direction sont occupés par des femmes. À ce rythme, la parité ne serait pas atteinte… avant le siècle prochain.

800 millions de femmes n’ont toujours pas de téléphone mobile.

Autonomie et accès au numérique

À l’échelle mondiale, seules 56 % des femmes mariées ou en couple déclarent pouvoir prendre librement leurs décisions en matière de santé sexuelle et reproductive. Dans certaines régions d’Afrique subsaharienne, ce taux tombe à 36 %.

Par ailleurs, 800 millions de femmes n’ont toujours pas de téléphone mobile – un outil devenu central pour accéder à l’information, à l’éducation, à l’emploi, aux services financiers ou à la protection.

L’urgence d’agir

Ce que ces données révèlent, ce n’est pas l’absence de progrès, mais la lenteur – et l’insuffisance – des efforts déployés. À cinq ans de l’échéance, les marges de manœuvre se réduisent. L’égalité ne sera pas atteinte par inertie. Elle exige des réformes, des investissements et une volonté politique capable d’affronter les normes sociales profondément enracinées.

« Nous sommes face à une urgence mondiale du développement », a martelé António Guterres lors de la présentation du rapport, avant de formuler cette injonction : « Cela signifie… investir dans les femmes et les filles comme moteur central du développement ».

Trente ans après la Conférence de Pékin, qui avait vu 189 États s’engager à promouvoir l’égalité hommes-femmes dans tous les domaines – santé, éducation, emploi, politique –, le constat reste celui d’un engagement partiel. Le programme d’action adopté à l’époque, considéré comme une avancée historique du féminisme institutionnel, peine toujours à se traduire dans les faits.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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