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Qu’en est-il du programme gouvernemental ambitionnant l’amélioration de la situation socioéconomique des ouvriers, à travers, notamment, le développement de l’arsenal juridique et son adaptation aux chartes et aux normes internationales, la poursuite de l’institutionnalisation du dialogue social et l’amélioration des conditions de travail, de santé et de sécurité dans les lieux de travail ? Qu’en est-il également des déclarations du 1er Mai 2021  du ministre du Travail et de l’Insertion professionnelle, Mohamed Amekraz, indiquant que la classe ouvrière est au premier rang des priorités du gouvernement ?

Pour plusieurs observateurs, le bilan reste mitigé et les ratages sont nombreux et variés (chômage, grèves, faillite d’entreprises,…). Selon eux, la montée de la tension sociale en dit long sur l’action du gouvernement et résume, quelque part,  son incapacité à améliorer les conditions de vie et de travail des salariés.
 
Grèves

D’après plusieurs experts, 2023 a été une année chaude au niveau social avec une hausse importante du nombre des débrayages au sein de plusieurs secteurs. Le domaine de l’éducation se trouve en première ligne dans son opposition au gouvernement.

A partir du 5 octobre 2023, les enseignants du primaire ont entamé une grève illimitée pour exprimer leur désaccord envers la mise en œuvre d’un nouveau système éducatif. Selon eux, ce système aggrave les disparités entre les écoles, compromet la sécurité des élèves et des enseignants et remet en question leur statut professionnel. Bien qu’un accord ait été signé le 10 décembre entre le gouvernement et quatre syndicats majeurs, prévoyant une augmentation de salaire de 1.500 dirhams par mois, certains grévistes ont refusé de reprendre le travail, maintenant ainsi la pression. En réponse, le gouvernement a menacé de prendre des sanctions disciplinaires allant de la suspension à la révocation, et a procédé à des retenues sur salaire.

Le secteur de la santé s’est joint au mouvement de contestation le 7 décembre en organisant une grève nationale, initiée par les étudiants en médecine et les infirmiers. Ils ont manifesté leur mécontentement face à la décision du ministère de la Santé de réduire la durée des études de sept à six ans, sans clarifier les implications juridiques, la rémunération et les responsabilités pendant la période de formation à l’hôpital. Ils ont également  exprimé leurs préoccupations concernant les répercussions de cette réforme sur la qualité et l’efficacité de la formation médicale. En outre, les infirmiers ont critiqué la politique contractuelle du ministère qui ne leur garantit pas de salaire pour leur travail dans les hôpitaux publics.

De son côté, le secteur de l’eau et de l’électricité s’est soulevé en janvier dernier suite à l’adoption d’un projet de loi visant à établir des entreprises régionales multiservices responsables de la distribution de l’eau et de l’électricité. Les employés de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) rejettent ce projet de loi, le considérant comme une forme de privatisation déguisée qui va à l’encontre des intérêts des citoyens et des travailleurs. Ils demandent le retrait ou la révision de ce projet de loi et, à ce propos, ils ont annoncé des grèves nationales en janvier, accompagnées de manifestations régionales et d’une marche nationale à Rabat. Ils craignent que cette réforme entraîne une augmentation des tarifs de l’eau, ce qui pourrait limiter l’accès à cette ressource vitale pour de nombreux Marocains.

Pour leur part, les fonctionnaires des administrations locales se sont mobilisés activement en vue d’améliorer leurs conditions de travail et de réclamer des augmentations de salaire. Leur action s’est intensifiée suite à la décision des gouverneurs de réduire les salaires des grévistes. A travers des grèves et des sit-in à l’échelle nationale, ainsi qu’une marche à Rabat, ils ont exprimé leur désaccord avec le manque de considération du ministère de l’Intérieur envers leurs légitimes revendications et son incapacité à régler la situation des employés sous-classés.

Chômage

Mais, il n’y a pas que les grèves et sit-in qui ont marqué ces dernières années, la question du chômage a également été d’actualité. En effet, le chômage a atteint un niveau record en frôlant les 14% au troisième trimestre de 2023, dépassant 1,6 million de personnes, ce qui impacte durement un pouvoir d’achat déjà affecté par l’inflation. Les prix des produits alimentaires ont eux aussi augmenté de 11% en 2022 et ont connu une hausse de près de 9% au cours des douze derniers mois jusqu’en octobre, selon le HCP, comme c’est le cas pour le prix d’un kilo de pommes de terre qui a doublé depuis 2021 et celui des tomates qui a triplé. A noter qu’un tiers du revenu mensuel médian par ménage est dépensé pour l’alimentation.

A ce tableau noir, il faut ajouter la perte de près de 300.000 emplois en un an, principalement en milieu rural, tandis que 3,2 millions de personnes ont basculé en 2022 dans la pauvreté ou la vulnérabilité, selon le HCP, ramenant le Maroc au niveau de pauvreté de 2014 malgré sept années de progrès. Plus de la moitié de cette augmentation est attribuée à la hausse des prix à la consommation.

Bref,  le chantier « Etat social », érigé par le gouvernement et basé sur une dizaine d’« engagements », dont la création d’au moins un million de postes nets, l’émergence d’une classe moyenne agricole et la sortie d’un million de familles de la précarité, reste, pour l’instant, une chimère.

Hassan Bentaleb

Source of original article: Libération (www.libe.ma).
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